Emmanuel Macron dévoile les premiers contours de la « planification écologique »
Par Franck Lemarc
Le plan présenté hier par le chef de l’État, lors d'un discours d’une vingtaine de minutes en clôture du Conseil de planification écologique, fait partie d’un « triptyque », puisqu’il sera complété par « une stratégie biodiversité » en octobre, et « un plan d’adaptation » en décembre.
Se félicitant du « bilan » de l’action de son gouvernement ces dernières années (« nous avons durant les cinq dernières années réduit nos émissions de CO2 deux fois plus vite qu’auparavant » ), le chef de l’État a estimé que « la moitié du chemin a été faite ». Il faut maintenant accélérer, pour réaliser d’ici 2030, dont en sept ans, plus que ce qui a été fait durant les trente dernières années.
700 millions d’euros de l’État pour les RER métropolitains
Cela passera par « la sobriété partagée, l’innovation et la transformation de tous les comportements », a expliqué Emmanuel Macron.
Premier objectif : « réduire la dépendance » aux énergies fossiles, avec une « priorité absolue » donnée à la sortie du charbon. « Sous ce mandat, nous serons totalement sortis du charbon ». Rappelons que cet objectif avait déjà été énoncé en 2018, avec un objectif de fermetures des centrales en 2022… Mais la crise énergétique de l’hiver dernier a obligé le gouvernement à rouvrir deux centrales à charbon.
Une nouvelle loi sur la production d’énergie sera présentée « au mois de décembre », pendant que se déroulera, parallèlement, un débat public sur l’éolien en mer.
La dépendance énergétique aux énergies fossiles « nous coûte 120 milliards par an », a détaillé le président de la République. Sortir de cette dépendance va donc permettre de faire des économies et de créer « de la valeur économique ».
Deuxième annonce : la confirmation du lancement du chantier des « RER métropolitains », pour « faciliter le transfert de la voiture individuelle vers le transport collectif ». Ce chantier est estimé par Emmanuel Macron à « 10 milliards d’euros » et va « faire travailler massivement nos industriels français ». « 13 projets ont été retenus », et l’État va engager « 700 millions d’euros pour accompagner ces projets », qui seront déployés « dès octobre ». Cette somme n’apparaît pas si importante qu’elle en a l’air : elle représenterait une cinquantaine de millions d’euros par projet, quand chacun d’entre eux représenterait un budget de près de 800 millions d’euros.
Sur la voiture électrique, autre grand axe de la décarbonation de la société, le président de la République assure « qu’au moins un million de voitures électriques seront produites sur le sol de France » d’ici 2027.
Le chef de l’État a également confirmé que les chaudières à gaz ne seraient finalement pas interdites, mais que les Français seraient « incités, sans interdiction », à se tourner vers les pompes à chaleur. La production de celles-ci sera « triplée » d’ici 2027 et « 30 000 installateurs seront formés ».
40 milliards d’euros d’investissement de l’État en 2024
Emmanuel Macron souhaite également que l’écologie soit « compétitive ». Pour cela, il a insisté sur la nécessité de « reprendre le contrôle du prix de notre électricité ». « Nous pourrons en octobre annoncer des prix de l’électricité compatibles avec cette compétitivité, qui vont donner de la visibilité à nos entreprises et aux ménages ». Il n’a en revanche absolument pas dit comment.
L’État, a poursuivi le chef de l’État, va investir « 40 milliards d’euros » dans la transition écologique dès l’an prochain. Dans le domaine financier, le gouvernement va « développer une méthodologie commune avec les collectivités territoriales pour qu’elles se dotent de budgets verts ».
Enfin, il a expliqué que la transition écologique doit être « accessible et juste », c’est-à-dire qu’elle « ne laisse personne sans solution ». Mesure phare en la matière : « dès le mois de novembre, nous serons en situation de (mettre en place) le leasing à 100 euros pour les premiers modèles de véhicules électriques. » Il s’agit d’une promesse de longue date : permettre aux ménages les plus modestes d’acquérir une voiture électrique en location-vente (leasing) pour un prix ne dépassant pas 100 euros par mois. Le dispositif ne concernera « que quelques milliers de véhicules en 2024 », a cependant reconnu le chef de l’État.
De même, la rénovation thermique des bâtiments devra devenir plus « accessible ». Au-delà MaPrimeRénov, d’autres dispositifs seront dévoilés « dès novembre » à destination des ménages modestes et des bailleurs sociaux.
Territorialisation
Emmanuel Macron a conclu son intervention en soulignant que le gouvernement plaide pour une écologie « territorialisée ». La stratégie de planification écologique fera l’objet d’un débat « territorialisé dans chaque région » qui débutera « en octobre ». « Ces objectifs nationaux doivent être partagés dans les territoires, puis déclinés avec des objectifs qui sont intangibles et une liberté donnée sur les moyens et le chemin à atteindre ». Il y aura, a averti le président de la République « des indicateurs » qui permettront de « distinguer ceux qui décident de ne pas jouer le jeu ». « La maille est régionale, mais c’est chaque bassin de vie qui sera responsabilisé, et donc nos communes auront un rôle très important à jouer, (ainsi que) nos intercommunalités. »
Quels seront ces indicateurs ? Comment leur respect sera-t-il contrôlé ? Que se passera-t-il si un « territoire » n’atteint pas les objectifs, ce qui ne signifiera pas forcément, quoi qu’en dise le président, que celui-ci « a décidé de ne pas jouer le jeu » ? Toutes ces questions sont pour l’instant sans réponse.
Il faudra donc attendre, pour en savoir plus, que paraisse au moins un document écrit détaillant toutes ces mesures. Celui-ci n’est probablement pas finalisé, puisqu’il n’est disponible nulle part à l’heure où nous écrivons. La communication gouvernementale est d’ailleurs, sur ce sujet, surprenante : ce matin encore, le site de l’Élysée ne fait pas la moindre mention de ce discours, qui n’est pour l’instant disponible que… sur Youtube ou Twitter. Pas plus que le ministère de la Transition écologique, qui n’a pas encore publié le moindre communiqué de presse sur le dévoilement d’une stratégie pourtant fondamentale.
Maire info reviendra sur le détail de ces annonces dès que le gouvernement aura publié le document écrit « de plusieurs dizaines de pages » qu’a évoqué, hier, le chef de l’État.
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