Un mouvement de contestation des Atsem, dès la rentrée
Par Emmanuelle Stroesser
Le préavis de grève avait été déposé pour le jeudi 1er septembre par plusieurs syndicats (FO et UNSA). Un autre appel à la grève de la fédération CGT des services publics a été déposé pour le lundi 5 septembre. Les revendications portent sur de meilleures conditions de travail (une Atsem par classe a minima sur tout le temps scolaire), la reconnaissance du métier (création d'un cadre d'emploi de catégorie B), des revalorisations salariales (hausse du point d'indice, versement de la prime Ségur de 183 euros) ou encore la reconnaissance de la pénibilité.
Des situations contrastées
Il est impossible de mesurer l'ampleur du mouvement à l'échelle nationale. Certaines communes avaient anticipé le risque de « perturbations dans l'accompagnement des élèves, le nettoyage, et la cantine », comme la mairie de Saint-Paul-de-la-Réunion, informant dans un communiqué mercredi soir que « le service minimum d'accueil dans les écoles maternelles ne pourra pas être assuré » .
Dans beaucoup d'autres communes, les retours indiquent une faible mobilisation, voire pas de mobilisation du tout. C'est le cas à Arras (Pas-de-Calais) où les 46 Atsem étaient en classe ce jeudi. Le maire, Frédéric Leturque, ne goûte d'ailleurs que modérément le mode d'action choisi, « un jour de rentrée, la première rentrée normale depuis deux ans » , indique t-il. Sa collègue en tant que co-présidente de la commission Éducation de l'AMF, Delphine Labails, maire de Périgueux (Dordogne) livre un constat opposé : « Ici le mouvement a été très suivi, avec 67 % d'Atsem en grève. Il le sera plus encore lundi, à au moins 70 % » . La maire a rencontré les Atsem de sa commune. « Leur mouvement est un cri du cœur. Elles estiment manquer de reconnaissance, de la part de tout le monde, parents, enseignants, institutions ».
Les deux élus comprennent les revendications et les partagent. « Nous devons tous nous mobiliser pour reconnaître le rôle, le travail et le métier d'Atsem », déclare Frédérique Leturque. Le métier a largement été bousculé ces dernières années, par la réforme des rythmes scolaires, puis à nouveau par le covid-19. « Les Atsem ont le sentiment qu'on les recentre sur une prise en charge purement sanitaire depuis le covid alors qu'elles ont la volonté d'être considérées comme du personnel à part entière de la communauté éducative », relève Delphine Labails. « Il est vrai que l'on observe de grandes disparités entre les communes, en fonction de leur taille, de l'intérêt pour la question éducative, ou encore de la couleur politique », ajoute l'élue.
La Charte de 2019 toujours en attente de signature
À la suite d’un rapport du Conseil supérieur de la fonction publique publié en 2017, l’AMF a participé à des travaux engagés par les services de l’État sur le métier des Atsem. Dans ce contexte, outre la publication du décret du 1er mars 2018 modifiant le décret statutaire du 28 août 1992, une charte d’engagement pour une meilleure reconnaissance des compétences professionnelles des Atsem a été proposée par le ministère de l'Intérieur et discutée avec l’AMF. Cette charte devait être signée à l’automne 2019. « Cela fait trois ans que l'on attend que l'Éducation nationale la signe à son tour », interpelle Frédéric Leturque. Le document pose un certain nombre de préconisations propres justement à mieux reconnaître ce métier au quotidien et ses conditions d'exercice.
L'absence de signature par l'Éducation nationale n'a toutefois pas empêché que des Inspections d'académie et des collectivités s'en emparent pour signer localement des chartes ad hoc. D'autres communes ont déjà mis en place ce type de charte depuis parfois des dizaines d'années, comme à Arras ou Périgueux.
La commission Éducation de l'AMF compte relancer ces travaux en partant des remontées du terrain, pour actualiser ce document et lui redonner son importance.
Les élus pointent toutefois que « forcément toutes les collectivités ne peuvent pas mettre en place le même service en fonction de leurs moyens » , comme d'affecter une Atsem par classe. « L'État peut donc se poser la question des moyens qu'il peut mettre en place pour accompagner les enfants dans un principe d'égalité » , relance Frédéric Leturque.
Les employeurs interpellés, le CSFPT prend les devants
Reste que cette charte n'a aucune valeur contraignante. Elle n'aborde pas non plus toutes les questions salariales aujourd'hui reposées par les grévistes. Ces questions sont en revanche bien abordées – et plus largement celles sur la reconnaissance du métier et son évolution – dans un rapport du CSFPT de 2017 (à la suite de la réforme des rythmes scolaires). « Un rapport adopté à la majorité des syndicats et représentants d'employeurs » , insiste Philippe Laurent, son président. C'est ce qu'il ne s'est pas privé de rappeler au ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guérini, en lui adressant un courrier la semaine dernière (le 25 août). « Mon propos était de lui rappeler qu'un rapport existe, dont les 33 propositions ont été validées par l'ensemble des syndicats et employeurs. Les employeurs ont fait le boulot. Mais ce n'est pas nous qui pouvons ensuite faire les textes..., explique-t-il à Maire info. Le mouvement actuel des Atsem n'est donc pas compliqué à apaiser. Nous avons les bases pour cela. Entre le rapport du CSFPT et la charte signée par l'AMF, qui complète, mais que l'Éducation nationale n'a toujours pas signée » .
L'actualisation de ce rapport de 2017 pourrait d'ailleurs être mise à l'ordre du jour du CSFPT, pour relancer la machine et forcer le gouvernement à avancer. Le ministère de l'Éducation nationale aurait, lui, déjà été invité à ressortir la charte des Atsem de son placard.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Le décret clarifiant le statut des Atsem est publié (05/03/2018)
ZAN : Christophe Béchu appelle les préfets à respecter le processus prévu par la loi
Régulation des dark stores : à la recherche d'un équilibre pour les villes
Décharges littorales : les premiers pas du plan de résorption