Crèches, AESH : le gouvernement fait le point sur les mesures prises
Par Franck Lemarc
C’est Laurent Panifous, député Liot de l’Ariège, qui a interpellé le gouvernement sur les difficultés du secteur de la petite enfance, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Rappelant qu’il manque « 230 000 places de crèches » en France, le député s’est fait le porte-voix de « la colère des représentants professionnels et syndicaux de la petite enfance » face aux réponses que le gouvernement a choisi d’apporter à cette pénurie.
« Brader les qualifications »
Rappelons que par arrêté, en plein mois d’août, le gouvernement a apporté un certain nombre de dérogations aux conditions de diplôme ou d’expérience permettant de travailler dans un établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE). Dans certains cas, selon ce texte, ces établissements pourraient employer des personnes sans qualification, sans que leur nombre puisse dépasser 15 % de l’effectif de la structure. Cette mesure avait fait bondir les professionnels de la petite enfance et Clotilde Robin, première adjointe au maire de Roanne et co-présidente du groupe de travail Petite enfance à l’AMF, avait fait part à Maire info de sa « très grande inquiétude ».
« Vous prenez le risque de brader les qualifications des salariés déjà employés et de rendre permanentes des mesures exceptionnelles », a fustigé, hier, le député Panifous. Il a estimé que ces mesures ne sont que des « réponses immédiates », à court terme, qui « ne régleront pas la question structurelle de la pénurie ». Il a relayé la position des professionnels et des syndicats qui estiment que « les difficultés de recrutement sont la conséquence directe d’un manque de reconnaissance qui exige, qu’on le veuille ou non, l’amélioration des conditions de travail et la revalorisation des salaires ».
Le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Jean-Christophe Combes, a répondu qu’il était « pleinement conscient » de la pénurie de professionnels qui touche « non seulement ce secteur mais plus généralement tous les métiers de l’humain ». Il a listé les mesures prises par le gouvernement pour y faire face : création d’un « observatoire de la qualité de vie au travail » dans ce secteur, « campagne de valorisation et de promotion de ces métiers ». Le gouvernement est prêt, a déclaré le ministre, « à accompagner financièrement des revalorisations salariales en faveur des professionnels de crèche » qui seraient décidées à la suite de négociations dans ce secteur.
Concernant la possibilité d’employer des personnels non qualifiés dans les crèches, le ministre a défendu l’arrêté du mois d’août en expliquant qu’il permet « d’encadrer une dérogation en vigueur depuis 20 ans ».
AESH : augmentation des salaires… dans dix mois
Une question de la députée Renaissance des Yvelines Béatrice Piron a également permis au ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, de faire le point sur les mesures gouvernementales en faveur des AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap).
Le ministre a rappelé que le gouvernement avait soutenu trois amendements dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023 visant à « augmenter les salaires des AESH de 10 % à partir du 1er septembre 2023 », et fléchant 80 millions d’euros pour cela. « Cette revalorisation s’ajoute à l’extension du versement de la prime REP et REP+ aux AESH et aux assistants d’éducation (AED) exerçant dans l’éducation prioritaire, pour une somme, prévue au budget, de 74 millions. »
Le ministre a également indiqué travailler « en lien avec les collectivités » pour « favoriser l’accès des AESH au temps complet ». La problématique des AESH fait en effet partie des sujets qui seront traités très prochainement dans le cadre de la nouvelle instance de dialogue entre le ministère de l’Éducation nationale et les associations d’élus, installée le 22 septembre dernier. L’AMF, dans un courrier de Territoires Unis daté du 21 septembre 2022, avait demandé au ministre de l’Éducation nationale une véritable concertation au sujet des difficultés de recrutement et de financement des AESH rencontrées par les collectivités sur le temps périscolaire.
D’autres mesures seront annoncées, a conclu le ministre, à l’issue de la Conférence nationale du handicap qui se tiendra « au printemps prochain ».
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