Maire-info
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Édition du lundi 6 juillet 2020
Petite enfance

Petite enfance : bilan d'un mandat combatif

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© Mairie de Nancy

Élisabeth Laithier a présidé, mardi 30 juin, le dernier groupe de travail Petite enfance à l’AMF pour la mandature 2014-2020. L’ancienne adjointe au maire de Nancy déléguée à la petite enfance, qui milite « pour que la petite enfance sorte de l’ombre », revient pour Maire info sur le bilan de ce mandat.

L’après confinement plutôt réussi dans les crèches

Les crèches, multi-accueil et haltes garderie ont-elles toutes repris leur activité ?

Globalement, toutes les structures ont repris leur activité, sauf certaines halte-garderies qui ont préféré reprendre en septembre, de même que des lieux d’accueil enfants-parents. Cela ne marque pas pour autant un retour à la normale. Et ce ne le sera pas, tant que nous devrons observer le cadre du protocole de phase 3. 

Pour quelles raisons ?

Nous avons du personnel en autorisation spéciale d’absence (santé fragile ou conjoint/enfant de santé fragile), qui peut ne pas reprendre son activité jusqu’en décembre. En moyenne, 10 % du personnel n’a pas repris. Cela a bien sûr une incidence sur nos capacités d’accueil. À cela s’ajoute le fait que le protocole nous empêche de mélanger les groupes d’enfants. Ils ne peuvent pas par exemple jouer ensemble dehors, ils doivent se succéder à la sieste, etc. Cela explique que le taux de retour des enfants oscille autour de 80 %. 
 
Les maires doivent-ils s’inquiéter d’une baisse de fréquentation à la rentrée et des impacts financiers que cela aurait ?

Les gestionnaires peuvent être inquiets car nous n’avons pas de visibilité quant à l’évolution – ou non – des mesures applicables. Or, si les mesures ASA se poursuivent, il est évident que nous ne pourrons pas accueillir tout le monde à la rentrée. La seconde crainte concerne donc les finances, car cela aura un impact sur les recettes.

Sauf prolongation des aides accordées par la Cnaf ? 

Les élus sont dans l’ensemble plutôt satisfaits des 27 euros par place fermée que la Cnaf a accordés pour faire face à la situation exceptionnelle. Cela a permis de compenser en partie les pertes, car s’y sont également ajoutés 10 euros par place rouverte pour compenser les surcoûts (masques, gel, etc.). Mais le prochain conseil d’administration de la Cnaf prévoit de réfléchir à la reconduction ou non de ces aides. Nous craignons qu’elles s’arrêtent, alors que nous ne sommes pas revenus à une situation normale. Par ailleurs, ces 27 euros ne compensent pas la participation familiale, qui reste une perte pour nos structures. 
 
Le vade-mecum, le « best-seller »  du mandat 

Vous avez porté pour l’AMF la rédaction d’un vade-mecum pour aider les maires à améliorer la procédure d’attribution des places en crèche. Qu’est-ce que cela a changé ? 

Les plus petites communes ont gagné des connaissances qu’elles n’avaient pas, et des pistes pour se rapprocher de leur Caf. Bon nombre de communes ont également profité de ce vade-mecum pour revisiter leur méthode d’attribution, voire en formaliser une comme à Palaiseau. Le vade-mecum se révèle enfin précieux quand il faut expliquer aux parents une décision. À défaut d’être contents, ils comprennent pourquoi ils n’ont pas de place. Cela enlève beaucoup de suspicion de clientélisme.  

Nous allons refaire la promotion de cet outil auprès des nouveaux élus, et je resterai disponible pour le promouvoir. 

Quels ont été les autres dossiers importants de ce mandat ? 

Le groupe de travail Petite enfance a été particulièrement actif, avec une forte participation des élus, beaucoup d’adjointes, et beaucoup de femmes. Nous avons récemment obtenu que la Cnaf revienne sur l’obligation de remplir la base Filoué. Nous avons pesé pour que les schémas de services aux familles soient départementaux et non régionaux. Il reste des chantiers ouverts comme celui sur les normes ou la réforme de la PMI – un autre chantier stoppé par la pandémie. Je dirais surtout que nous avons beaucoup avancé sur la connaissance et le partenariat avec tous les acteurs de la petite enfance.

S’il y a un interlocuteur que vous avez appris à connaître, c’est la Cnaf – qui s’impose comme le partenaire incontournable mais avec lequel les maires ne sont pas toujours d’accord ?

Cela reste une relation compliquée. Nous nous écoutons, nous nous respectons. Nous avons pu progresser sur certains dossiers comme la base Filoué. Mais j’ai l’impression qu’ils restent parfois déconnectés des problèmes des gestionnaires. Nous avons le même problème avec les PMI : bien que ce soit un réseau, chaque antenne tend à avoir son interprétation des directives nationales. Des Caf sont de vrais gendarmes quand d’autres sont de réels partenaires. Nous n’avons en revanche toujours pas réussi à être associés à l’élaboration de la convention d’objectifs et de gestion pluriannuelle négociée entre la Cnaf et l’État… ou en tout cas, nous n’avons pas la même définition du mot « associés ». 

Offre toujours insuffisante, et pénurie de personnel

Les communes – qui sont les plus importants gestionnaires de crèches – pourront-elles un jour satisfaire toutes les demandes ?

En l’état actuel des finances publiques, des cofinancements de l’État et de la Cnaf, ces objectifs sont inatteignables. Le manque de personnel est la seconde problématique. Nous manquons d’auxiliaires de puériculture, d’éducatrices jeune enfant, d’infirmières puéricultrices. Nous traînons cette question depuis le début du mandat dernier. Il faudrait se tourner vers les régions, pour créer enfin une filière des métiers de la petite enfance, avec des formations qui soient gratuites. 

Nous sommes au début d’un nouveau mandat. Selon vous, en matière de petite enfance, par où faut-il commencer ?

Il faut réaliser une cartographie de ce qui existe et des besoins des familles avant de se lancer – ou pas – dans quelque chose ! Il faut bien prendre en compte tous les modes de garde, y compris les assistantes maternelles. Ensuite, les décisions relèvent de choix politiques – je rappelle que la petite enfance n’est pas une compétence obligatoire. Je déplore cependant que l’on ait si peu entendu parler de petite enfance dans ces élections. Ce n’est pas pour m’étonner, mais je le regrette toujours.

Et votre dernier vœu ? 

Que la petite enfance sorte enfin de l’ombre ! Nous nous occupons de l’éveil des enfants. Nous rendons aussi un service économique, en favorisant l’emploi des parents. La petite enfance ce n’est donc pas que « couches-culottes, tétines et doudous »  !

Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser

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