Maire-info
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Édition du jeudi 24 octobre 2024
Patrimoine

Patrimoine : 75 millions d'euros par an pour entretenir et rénover les églises

La ministre de la Culture, Rachida Dati, propose de faire payer l'entrée aux touristes qui visiteront Notre-Dame de Paris afin de financer la sauvegarde du patrimoine, notamment des églises.

Par Lucile Bonnin

L’idée a été dévoilée par Rachida Dati, ministre de la Culture, dans les pages du Figaro d’hier. « Partout en Europe, l’accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant, constate la ministre de la Culture. J’ai proposé à l’archevêque de Paris une idée simple : mettre en place un tarif symbolique pour toutes les visites touristiques de Notre-Dame et consacrer totalement cet argent à un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux. » 

Billet d’entrée et augmentation des tarifs 

Près de cinq ans après l'incendie du 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame-de-Paris rouvrira ses portes au public le 8 décembre prochain. Rachida Dati souhaite profiter de cette réouverture très attendue pour changer les règles du jeu. 

« Avec 5 euros seulement par visiteur, on récolterait 75 millions d’euros par an. Ainsi, Notre-Dame de Paris sauverait toutes les églises de Paris et de France. Ce serait un magnifique symbole », a-t-elle expliqué. Sur Twitter elle a précisé que « les messes, les offices doivent bien sûr demeurer libres d’accès et gratuites, mais chaque visiteur culturel devrait contribuer à préserver notre patrimoine, il s’agit d’aider, en particulier, tous nos clochers auxquels nous sommes profondément attachés. »  

Pour aller plus loin, la ministre évoque également la question de mettre en place, dès janvier 2026, une tarification spécifique des musées et édifices pour les touristes non européens. Elle indique que pour redynamiser le financement du patrimoine, « l’impôt a sa vertu, mais il a aussi ses limites. Est-il par exemple normal qu’un visiteur français paie son entrée au Louvre le même prix qu’un visiteur brésilien ou chinois ?, peut-on lire dans l’interview. Ma position sur ce sujet est très claire : je souhaite que les visiteurs hors UE paient davantage leur billet d’entrée et que ce supplément aille financer la rénovation du patrimoine national. Les Français n’ont pas vocation à payer tout, tout seuls. C’est une vraie rupture dans la politique tarifaire de nos établissements culturels. » 

Un patrimoine qui coûte cher aux communes 

L’enjeu est de taille et la question du financement de ce patrimoine est très importante pour les élus. Selon un rapport publié par le Sénat, dans le cadre d’une mission pilotée par Pierre Ouzoulias et Anne Ventalon, 40 000 édifices religieux sont la propriété des communes, dont seulement 15 000 sont protégés au titre des monuments historiques. 

La baisse de la fréquentation de ces sites, « les contraintes budgétaires accrues des communes », « le développement des intercommunalités » , sont autant de facteurs qui font craindre « une dégradation rapide »  de ce patrimoine. 2 500 à 5 000 de ces édifices seraient menacés d’être « vendus, abandonnés ou détruits », ce qui constitue « un défi sociétal pour les territoires ruraux ». 

Rappelons qu’après avoir confié à Stéphane Bern la mission « d’identification du patrimoine en péril et de recherche de nouvelles sources de financement pour le restaurer, avec notamment le Loto du Patrimoine », Emmanuel Macron expliquait en 2023 vouloir accompagner les communes de moins de 10 000 habitants dans la rénovation de leurs édifices. Une collecte avait été alors ouverte pour aider les communes de moins de 10 000 habitants (et celles de moins de 20 000 habitants en outre-mer) à rénover leurs édifices religieux. La collecte a « vocation à permettre, sur 4 ans, de mobiliser 200 millions d’euros » , avait expliqué Emmanuel Macron. 

On ne sait pas pour le moment si le projet de Rachida Dati aboutira, l'archevêque de Paris n’ayant pas encore apporté de réponse. Si cette dernière s’avère positive, il faudra voir comment ces 75 millions d’euros récoltés par an seront répartis et si, ces fonds récoltés à Paris, pourront bénéficier aussi aux petites communes dont les maires sont souvent démunis face à l’ampleur financière d’une rénovation d’église.

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