Mayotte : avec l'arrivée de la saison des pluies, les coupures d'eau vont être réduites à un jour sur deux
Par A.W.
L'eau distribuée un jour sur trois à la population mahoraise, c’est désormais bientôt terminé. Si les pluies qui se déversent depuis cet automne dans le nord de la France virent au cauchemar pour les habitants (le Pas-de-Calais était toujours en vigilance orange « crues » ce matin), à Mayotte, elles sont salvatrices tant les Mahorais les attendaient désespérément depuis des mois.
Avec l’arrivée de l’été austral (depuis décembre), la saison chaude et pluvieuse a débuté, et devrait se poursuivre jusqu’en mars, coïncidant avec la mousson. Actuellement en vigilance jaune, l’archipel de l'océan Indien est même passé en vigilance orange « Fortes pluies/orages » la semaine dernière.
Stabilisation des ressources en eau
Conséquence immédiate, la situation sur le front de l’eau s’améliore et les coupures dans le département vont commencer à être allégées. « L’amélioration météorologique » et « la préservation de la ressource » auraient ainsi permis de « stabiliser les ressources » en eau du département qui avaient atteint « un niveau critique », selon la préfecture.
Le 18 décembre dernier, la retenue collinaire de Combani n’était, en effet, remplie qu’« à 9,94 % », et celle de Dzoumogné qu’à « 22 % » de leur capacité alors que ces lacs artificiels assurent, avec les rivières, 80 % de l’approvisionnement en eau de Mayotte.
« L’eau sera désormais distribuée au robinet un jour sur deux, dans l’ensemble du département. L’ouverture s’effectuera entre 16 heures et 18 heures et la fermeture interviendra le lendemain entre 14 heures et 16 heures par secteur », a annoncé hier la préfecture de Mayotte qui précise que les tours d'eau seront allégés à partir de lundi prochain.
Une décision prise en lien avec le comité de suivi de la ressource en eau, composé notamment de la Mahoraise des Eaux (SMAE), la société de gestion de l'eau potable (Lema), Météo France, l’ARS et la préfecture, cette dernière appelant, toutefois, la population à « poursuivre ses efforts et veiller à ses consommations ».
Depuis le 22 décembre dernier, la période de distribution d’eau avait déjà été étendue au regard de l'amélioration de la situation, l’eau étant distribuée un jour sur trois « pendant 24 heures (au lieu de 18 heures) », selon un précédent communiqué de la préfecture, dans lequel elle rappelait également qu’une « non-conformité de l’eau » avait été constatée dans plusieurs villages, celle-ci n’y étant « provisoirement pas potable à cause d’une pollution au plomb et ne peut donc pas être utilisée pour un usage alimentaire ou pour se brosser les dents ».
Hasard du calendrier, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, y est en visite depuis hier et pour « deux jours et demi » avec les députés de l’archipel, Estelle Youssouffa (Liot) et Mansour Kamardine (LR), dans le cadre de la 35e étape de son « Tour de France des territoires ». Elle doit notamment se pencher sur la crise de l'eau et le projet de loi Mayotte. Ce jeudi, « l'élue assistera à une présentation des risques naturels et des problématiques d'inondations à Acoua, mais aussi à une distribution de bouteilles d'eau au centre à M'roalé », explique ainsi Mayotte La 1ère.
Dessalement : la future nouvelle usine critiquée
Face à cette crise, le gouvernement a pris plusieurs mesures, en prenant notamment en charge les factures d'eau des Mahorais et en distribuant gratuitement des bouteilles d'eau à la population.
À noter que, fin décembre, quinze habitants et une entreprise de l'archipel ont déposé plainte au parquet de Mamoudzou contre le Syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement de Mayotte (SIEAM) et son délégataire, une filiale de Vinci, a appris lundi l'AFP de source proche du dossier.
Alors que le gouvernement a promis en septembre « un véritable plan Marshall pour Mayotte » (distribution des bouteilles d'eau, prise en charge de factures…), ces mesures se sont révélées « insuffisantes » face à une « eau boueuse, parfois contaminée par de la matière fécale », dénoncent ces plaignants.
« On a l'impression que Mayotte est un confetti » aux yeux des pouvoirs publics, « comme si ses habitants étaient de seconde zone », a fustigé leur avocat. Selon lui, « si le cinquième de ce qui est dénoncé dans cette plainte se passait dans un département hexagonal, le scandale serait majeur. »
Afin de lutter contre la pénurie d’eau sur l’île, l’ancienne Première ministre, Élisabeth Borne, a confirmé le mois dernier que l’État prévoit de construire, dès cette année, une usine de dessalement dans le lagon d’Ironi Bé, la deuxième de l'île. Un projet, cependant, très critiqué, à la fois par certains élus et les biologistes, puisqu’il serait approvisionné en diesel (acheminé par tankers) et ne permettrait pas d’évacuer la saumure qui s’accumulerait dangereusement dans ce qui est considéré comme « un sanctuaire écologique ».
« Nous pouvons produire de l'eau potable pour Mayotte avec le dessalement de manière écologique », a ainsi tweeté hier la députée Estelle Youssouffa, qui « demande à l’Etat de choisir un autre site non protégé, de rejeter la saumure hors du lagon et d'utiliser l’énergie renouvelable (solaire/géothermie) ».
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