Le trafic internet décélère en France en 2023, selon l'Arcep
Par Lucile Bonnin
9 personnes sur 10 utilisent internet en France en 2023, et plus de 8 sur 10 l’utilisent quotidiennement. « Il est donc essentiel de s’assurer que ce « réseau de réseaux » demeure un espace désirable pour ses utilisateurs, vecteur d’opportunités, respectueux de leurs droits et catalyseur de libertés ».
Pour ce faire, l’Arcep – en plus des travaux qu’elle conduit – publie chaque année un rapport sur l’état de l’internet en France, qui constitue le tome 3 du rapport d’activité de l’Arcep (lire Maire info du 12 juin). Plusieurs sujets y sont abordés comme l’interconnexion des données, la neutralité du net, écoconception, ou encore la qualité de service et régulation des données ainsi que des plateformes numériques.
L’occasion surtout de porter un regard plus global et technique sur les usages d’internet et de suivre de plus près les actions menées par l’Arcep dont les missions se sont justement élargies cette année.
Le trafic entrant progresse beaucoup moins rapidement
A rebours des idées véhiculées en ce moment sur l’hyperconnexion des citoyens, l’Arcep enregistre cette année une évolution beaucoup plus lente du trafic entrant au point d’interconnexion en France en 2023.
Pour rappel, « quand l’utilisateur final regarde une vidéo, celle-ci transite du réseau du fournisseur de contenu ou d’applications (FCA) jusqu’au réseau de son fournisseur d’accès à Internet (FAI) » . C’est ce qu’on appelle l’interconnexion « qui s’établit entre différents acteurs pour se connecter et échanger mutuellement du trafic » de données.
Si depuis plusieurs années le trafic de données entrant en France ne cesse d'augmenter sensiblement, l’année 2023 marque un tournant. Selon l’Arcep, le trafic entrant au point d’interconnexion en France en 2023, « enregistre une augmentation annuelle de 7,6 % par rapport à la fin de l’année 2022 (contre 21 % entre fin 2021 et fin 2022). » Durant l’année du confinement, en 2020, le trafic augmentait de 50 %.
Cette baisse significative s’explique notamment par l’évolution de la demande qui enregistre une croissance faible de la proportion d’abonnés à au moins un service de vidéo à la demande (56 %, +1 point en un an), après plusieurs années de forte hausse. D’autre part, l’Arcep observe que des efforts ont été « entrepris par certains acteurs du contenu en termes de compression et d’optimisation du trafic ».
Du côté de l’origine du trafic, le régulateur précise que 53 % du trafic « provient de Netflix, Akamai, Facebook, Google et Amazon » avec en tête Netflix qui « demeure l’acteur avec la part de trafic la plus élevée, estimée à 15,3 %. Cette part est en baisse notable puisqu'elle s'élevait à 19,7 % fin 2022 ».
Nouvelles missions de l’Arcep
L’année 2023 a été notamment marquée par la promulgation de la loi visant à « sécuriser et réguler l'espace numérique » en mai 2024. Certaines dispositions de la loi visent à garantir la capacité des utilisateurs de choisir librement les fournisseurs de service cloud répondant au mieux à leurs besoins. Encadrement des frais de transfert de données et de migration, plafonnement à un an des crédits cloud, obligation pour les services d'informatique en nuage d'être interopérables pour faciliter le changement de prestataire : plusieurs mesures du texte visent à réduire la dépendance aux géants américains. Cette règlementation est à la main de l’Arcep.
Dans son rapport, l’Arcep précise le champ d’action qui va être le sien : « L’Arcep est notamment chargée de préciser les exigences essentielles que les fournisseurs de services de cloud doivent respecter en matière d’interopérabilité et de portabilité des données et des applications. Par ailleurs, l’Arcep contribuera à préciser la mise en œuvre de l’obligation, pour ces mêmes fournisseurs, de pratiquer des frais de transfert de données et des frais de changement de fournisseur qui n’excèdent pas leurs coûts. »
Au-delà du sujet de la souveraineté des données et de la protection de nos données sensibles, Laure de la Raudière, présidente de l’Arcep, rappelle son attachement à la neutralité du net, sur laquelle l’Arcep continue de veiller. « En 2023, l’application de détection de priorisation Wehe (1), mise à disposition par l’Arcep dans le cadre de ses outils de régulation par la donnée, a permis de réaliser plus de 13 000 tests en France, portant le total à plus de 680 000 depuis son lancement. Des signalements reçus sur la plateforme J’alerte l’Arcep ont également permis de détecter un dysfonctionnement entre un fournisseur d’accès à internet et un fournisseur de contenu concernant l’accès d’utilisateurs aux e-mails. »
(1) Wehe, un outil mis à disposition des utilisateurs depuis 2018 pour vérifier le respect de la neutralité d’internet
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