Numérique : cinq territoires expérimentent une gouvernance locale de la lutte contre l'illectronisme
Quel est le point commun entre les communautés d’agglomération de La Rochelle (Charente-Maritime) et du Sicoval (Haute-Garonne) et les métropoles du Grand Lyon (Rhône), de Lille (Nord) et de Strasbourg (Bas-Rhin) ? Toutes les cinq forment, depuis le lancement de son expérimentation hier, une Coordination territoriale de l’inclusion numérique (CTIN). Son ambition : construire, aux côtés de l’État et de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), un modèle de « gouvernance locale efficace pour agir contre l’illectronisme » afin que d’autres territoires puissent s’en inspirer.
Selon le modèle, largement inspiré du Manifeste présenté par l'association Les Interconnectés, l'AdCF et France urbaine il y a un an, « la gouvernance souple et adaptée aux spécificités des territoires rassemble les différents échelons de collectivités concernés (communes, intercommunalités, départements), mais aussi les acteurs parapublics, privés, associatifs, représentants des citoyens/bénéficiaires, afin de porter la stratégie commune, coordonner l’action, faire émerger et accompagner des projets », explique la CTIN, composée d’un comité stratégique territorial chargé d’adopter la stratégie partagée et les priorités d’actions et de comités de projets qui financent les actions opérationnelles.
Des conseillers numériques « pré-réservés »
La stratégie de déploiement des 4 000 postes de conseillers numériques (financés par l’État à hauteur de 200 millions d’euros du plan de relance), promis en novembre 2020 par Cédric O, secrétaire d’État à la Transition numérique et aux Communications électroniques, pour former 6 millions de Français au numérique, est l’une de ces actions opérationnelles. Les cinq territoires d’expérimentation se sont engagés, hier, à « coordonner localement » le déploiement du dispositif « Conseillers numériques France Services ». Des « accords préalables de principe d’engagement réciproque avec l’État » ont été signés pour une durée de deux mois. « Il s'agit de réfléchir collectivement aux financements et aux partenariats possibles (La Poste, Pôle emploi, Caf…), d'expérimenter des montages susceptibles d'être reproduits ailleurs », précisait, hier, Céline Colucci, déléguée générale des Interconnectés.
Huit conseillers numériques sont ainsi « pré-réservés » à La Rochelle, 60 en Haute-Garonne, dont quatre pour l’agglomération du Sicoval, 90 dans le Nord, dont 32 pour la métropole européenne de Lille, 50 dans le Rhône et 20 pour l’eurométropole de Strasbourg. « Ces conseillers pourront, au choix des territoires, être embauchés en tant qu'agent, que contractuel ou salarié s'il s'agit d'une association. L'État prendra en charge la rémunération à hauteur d'un Smic pendant deux ans (ou 70% pendant 3 ans), les collectivités assurant l'éventuel complément de salaire », précise un article de Localtis.
Pass numériques, lieux d’accueil, Hubs Numérique inclusif…
Le déploiement des conseillers numériques est seulement l’une des composantes de la stratégie nationale pour un numérique inclusif lancée par le gouvernement en 2018. C’est pourquoi la Coordination territoriale de l’inclusion numérique, insiste-t-elle dans le communiqué, « appuie de manière transverse (outre le déploiement des postes de conseillers numériques) la mise en œuvre et la distribution des Pass numériques, ainsi que le développement, la complémentarité ou l’optimisation d’usage des lieux d’accueil à l’échelle du territoire, en étroite articulation avec les Hubs Numérique inclusif ».
Ces dispositifs doivent, eux aussi, contribuer à la résorption de l’illectronisme. Ce fléau, dont souffrirait 17 % de la population française selon une étude de l’Insee publiée fin 2019, est au cœur, à l’heure de la dématérialisation accélérée des services publics, de la question de l’accès aux droits.
Ludovic Galtier
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