Établissements thermaux, aides à domicile, pratique sportive... Peu de réponses du gouvernement aux questions des députés
La députée Jeanine Dubié (Hautes-Pyrénées, Parti radical de gauche) a dépeint, hier, la situation « catastrophique » des 113 établissements thermaux français, à l’heure de la crise économique. « Leur fermeture prolongée en 2020, où ils n’ont fonctionné que quatre mois, de juillet à octobre, a entraîné une baisse de leur activité de près de 70 %. Deux d’entre eux ont déposé le bilan ; une dizaine d’autres sont sur le point d’engager une procédure de sauvegarde (…) 100 000 emplois non délocalisables (…) se retrouvent en péril », déplore-t-elle, prédisant « des perspectives plus alarmantes pour les établissements gérés en régie qui ne peuvent bénéficier ni d’un prêt garanti par l’État ni d’un versement du fonds de solidarité ».
Celle qui, par ailleurs, occupe la fonction de présidente de l’Association nationale des élus de montagne (Anem) a donc demandé que le fonds de compensation des frais fixes, qui « n’apporte aux gestionnaires privés qu’un début de réponse et ne permettra pas de compenser les 110 millions de pertes financières accumulés en 2020 », soit ouvert à tous les établissements thermaux, « quel que soit leur mode de gestion ».
En guise de réponse, le secrétaire d’État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a simplement indiqué que, pour l’heure, 75 millions d’euros ont été débloqués par l’État pour soutenir le thermalisme. Sans faire de nouvelles annonces, il a précisé également que le dispositif d’activité partielle avait été « étendu dans un deuxième temps aux établissements en régie ». Le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, Jean-Yves Gouttebel, travaille actuellement avec la filière à l’avenir de celle-ci. Avec 600 000 curistes et 10 millions de nuitées par an, le thermalisme français est le troisième d’Europe.
« Cri d’alarme des professionnels des soins à domicile »
Marianne Dubois (Loiret, Les Républicains) a, quant à elle, choisi de relayer « le cri d’alarme des professionnels du secteur associatif de l’aide, de l’accompagnement et des soins à domicile ». Autre secteur en crise. La députée a fait le parallèle entre la « priorité » affichée du gouvernement sur le maintien à domicile des séniors et le salaire net moyen des métiers de l’aide à domicile, aujourd’hui de « 970 euros par mois ». « Ces métiers ne sont plus attractifs et nos associations doivent aujourd’hui réduire leurs prestations, quand elles ne sont pas contraintes de refuser de nouvelles demandes d’accompagnement », s’insurge-t-elle, réclamant une « impérative revalorisation » de ces « grands oubliés du Ségur de la santé ».
Le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a alors pris la parole d’abord pour défendre l’accord d’extension du Ségur à 18 000 nouveaux bénéficiaires, signé le 11 février : « 83 millions d’euros seront dédiés au secteur médico-social, à destination de tous les salariés exerçant dans un établissement ou un service social ou médico-social rattaché à un établissement public de santé ou à un Ehpad de la fonction publique hospitalière. Il y aura donc d’autres bonnes nouvelles au cours des mois à venir, mais, concrètement, à partir du 1er juin, tous ces salariés percevront 183 euros net de plus par mois, ce qui est un gain de salaire considérable », a-t-il affirmé.
Pour les aides à domicile, le ministre a rappelé à la députée qu’un amendement au projet de loi de finances de la Sécurité sociale 2021 a accru de 200 millions d’euros la contribution de la branche autonomie pour compléter la revalorisation. « Je rappelle que nous avions déjà augmenté le point d’indice pour les aides à domicile. Si les rémunérations relèvent de la responsabilité des départements, c’est l’assurance maladie qui financera les revalorisations au travers du point d’indice, de telle sorte que les familles n’ont à payer aucun reste à charge. »
La reprise « urgente et indispensable » des activités sportives en salle et en extérieure
Pierre Cordier (Ardennes, Les Républicains) s’est, enfin, exprimé sur les conséquences sur la santé de la limitation (voire de l’interdiction dans certains cas) de la pratique sportive depuis mars 2020. « Une véritable lassitude s’installe chez les jeunes et les clubs craignent des arrêts massifs de pratique à court et long terme, surtout si d’autres confinements devaient intervenir. Au-delà de la pratique sportive en elle-même, c’est aussi la santé de nos concitoyens de tous âges qui est en jeu, car le sport est indispensable au bien-être physique et moral », a-t-il argumenté, jugeant « indispensable et urgente » la reprise des activités en salle et en extérieur. « La démotivation des jeunes et des bénévoles et l’agacement des parents, qui ont le sentiment de payer une cotisation pour rien depuis un an, ne font qu’augmenter au fil des semaines », a-t-il encore déploré à l’attention de Jean-Michel Blanquer. « Qu’allez-vous faire concrètement pour que les Français de toutes les générations retrouvent le chemin de nos clubs sportifs ? »
Le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports a répété, dans sa réponse, que 3 milliards d’euros ont été débloqués en 2020 pour soutenir le monde sportif. Avant de reconnaître « une baisse des inscriptions dans les clubs de sport (à la rentrée 2020) ». « Nous avons agi en conséquence. Le président de la République lui-même a décidé d’une aide de 110 millions d’euros pour le Pass’Sport qui permet de financer l’inscription en club des jeunes chaque fois qu’ils le veulent, s'est contenté de répéter le ministre pour conclure. Cette mesure, qui entre progressivement en vigueur, encourage la pratique sportive en même temps qu’elle contribue au financement des clubs amateurs. »
Ludovic Galtier
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Gouvernance territoriale du sport : la mission parlementaire rend ses conclusions (23/12/2020)
L'AMF et la Fondation pour la mémoire de l'esclavage s'engagent ensemble