Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 8 janvier 2024
Politique de la ville

Nouvelle carte de la politique de la ville : toujours plus de quartiers prioritaires

De Millau à Lille, en passant par la Corse, la Côte d'Or ou les Côtes d'Armor, 1 362 quartiers forment la nouvelle génération de quartiers dits prioritaires de la politique de la ville. Tous appelés à être couverts, d'ici à mars 2024, par un contrat de ville. Un peu plus de 5 millions d'habitants (un chiffre qui reste à consolider) sont concernés. La précédente carte datait de 10 ans.

Par Emmanuelle Stroesser

La nouvelle carte, dévoilée par un décret juste avant la fin de l'année, compte 66 quartiers de plus que la précédente qui en comptait 1296 . C'est en réalité plus d'une centaine, 111 exactement, qui entrent dans le dispositif car une quarantaine d'autres en sortent également (1). Autre fait marquant : tous les départements figurent désormais dans la géographie des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) (2), avec l'entrée de la ville de Mende, en Lozère. 

Cette carte reste néanmoins incomplète car seuls ont été délimités les QPV métropolitains. La géographie des territoires ultramarins ne sera terminée que d'ici à la fin de cette année, ce qui ajoutera près de 200 quartiers supplémentaires si l'on se réfère à la cartographie 2015 qui comptait au total 1514 QPV.

111 nouveaux quartiers et des dizaines de communes

Près de trois quarts des quartiers de la nouvelle géographie (916), déjà en politique de la ville, voient leur « contour modifié »  précise le secrétariat d'État à la Ville. C'est le fruit des échanges entre préfets et élus pour adapter au mieux le périmètre aux réalités sociales et aux évolutions démographiques. En profitant des dérogations accordées par le décret de fin d'année pour éviter les sorties brusques de certains quartiers notamment. Pour un petit quart (291), le périmètre reste identique au précédent. 

Les 111 nouveaux quartiers se répartissent, eux, aussi bien dans des villes qui étaient déjà en politique de la ville que d'autres qui n'en faisaient pas encore partie, comme Millau (en Aveyron), ou Mende (en Lozère). La carte rappelle que ces quartiers ne se limitent pas aux seules grandes agglomérations d'Ile de France, du Nord ou du Rhône, mais se développent notamment dans les Côtes d'Armor, en Seine-Maritime, Eure, en Côte d'Or, dans l'Ain, etc. 

Le gouvernement n'a pas encore donné la liste des quartiers et communes qui sortent de la politique de la ville. Cependant, ces sorties témoignent d’une amélioration socio-économique de ces quartiers (mesurée par le revenu médian comparé à celui de 2014), ou d’une diminution de la population. C'est a priori un bon signe pour ces quartiers même si cette lecture globale dissimule forcément des cas plus complexes. Il faut aller voir cas par cas si par exemple la baisse de population résulte des actions menées ou de la seule décroissance démographique de ces territoires… Idem sur l'écart de revenus entre le quartier et l'agglomération, qui peut révéler une hausse réelle des revenus, ou une baisse à l'échelle de l'agglomération…

Des « poches de pauvreté »  à prévoir

Le gouvernement ne précise pas non plus les territoires qui avaient été mis en « veille active »  en 2014, vont revenir en politique de la ville, comme pour Guingamp (Côtes d'Armor), dont les trois quartiers mis en « veille active »  en 2014 redeviennent prioritaires en 2024. Idem pour Firminy dans la Loire, rayée de la carte en 2014, mais dont le maire a insisté pour qu'elle revienne en politique de la ville. 

Ces quartiers de veille n'existent de toute façon plus dans le nouveau paysage. Le gouvernement avait prévenu qu'il ne voulait pas en maintenir le principe, le résultat n'ayant pas été concluant. À la place, il choisit d'identifier des « poches de pauvreté »  qui pourront bénéficier de crédits de la politique de la ville, ce qui n'était pas le cas des territoires de veille. Ce « mécanisme »  doit permettre de corriger certains effets de seuil expliquait Sabrina Agresti-Roubache lors du congrès de l'AMF, en novembre dernier. « Tracer la politique de la ville c’est toujours un crève cœur, je le mesure. Il faut pouvoir tenir compte des réalités sociales », défendait-elle face à des élus convaincus, mais également inquiets car des crédits à hauteur de 2,5 % de l'enveloppe départementale dédiée aux QPV seront réservés à ces « poches de pauvreté » . Cela va réduire d'autant, mathématiquement, les crédits destinés aux 1362 quartiers et leurs habitants. Or l'enveloppe globale dédiée aux QPV n'a pas été augmentée pour tenir compte ni de l'inflation ni d'un plus grand nombre de quartiers – ce que l'AMF a dénoncé à plusieurs reprises. 

C'est maintenant que les communes vont plus précisément connaître le montant des crédits spécifiques sur lesquels elles pourront compter. La publication de la liste des QPV étant maintenant publiée, la prochaine étape pour les territoires va être de boucler les contrats de ville « Engagements Quartiers 2030 »  avec les services de l’État pour leur signature, d'ici le 31 mars 2024.


(1) 40 QPV sortent du dispositif selon le secrétariat d'État. Quand l'estimation était de 42 en décembre. Ce nombre reste à confirmer, dans l'attente de réponses du secrétariat d’État à nos questions car selon notre comptage le nombre de quartiers sortant serait de 45. Mais certains quartiers ont été regroupés, ce qui pourrait expliquer ces écarts. 
(2) critères de définition des QPV : dans une unité urbaine de plus de 10 000 habitants, un quartier de plus de 1 000 habitants, un revenu des ménages en décrochage par rapport à l'unité urbaine et à la moyenne nationale. 
 

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