Nouvelle-Calédonie : l'état d'urgence sera levé ce soir mais le couvre-feu sera maintenu
Par Franck Lemarc
C’est un communiqué de l’Élysée qui l’a annoncé, à minuit dans la nuit de dimanche à lundi : « Pour permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d’appeler à leur levée, le président a décidé pour le moment de ne pas reconduire l’état d’urgence. Celui-ci ne sera pas prorogé et prendra fin lundi à 20 h » , soit mardi à 5 h du matin sur place. Il est également annoncé que sept unités de gendarmes mobiles (soit 480 hommes et femmes) seront dépêchés sur place « dans les prochaines heures ».
Le président de la République, dans ce communiqué, rappelle que « la levée des barrages est la condition nécessaire à l’ouverture de négociations concrètes et sérieuses ». Ce qui est encore loin d’être le cas : dans certaines communes comme Bourail, le Mont-Dore ou Rivière-Salée, des barrages sont encore en place. Et la situation sécuritaire dans certains quartiers est telle qu’une chaîne comme Outre-mer la Première indique ce matin que « la traversée de Saint-Louis se fait aux risques et périls des automobilistes ».
Vingt-cinq barrages ont toutefois été levés la nuit durant le week-end, et les alentours du principal hôpital de la grande île ont été « sécurisés ».
Couvre-feu maintenu
En conséquence, la levée de l’état d’urgence ne va pas changer grand-chose au quotidien des habitants de l’archipel, puisque le Haut-commissariat de la République a annoncé, ce matin, que le couvre-feu, lui, serait maintenu sur tout le territoire de 18 h à 6 h. L’interdiction de rassemblement reste en vigueur, tout comme celle de porter des armes et de vendre de l’alcool.
L’aéroport de Nouméa, qu’il était question de rouvrir demain, restera finalement fermé au moins jusqu’à dimanche prochain.
On est encore loin d’un retour à la vie quotidienne normale. La collecte des déchets ne peut toujours pas s’effectuer normalement dans le Grand Nouméa, les habitants étant appelés à apporter leurs déchets dans des points de collecte provisoires. Beaucoup de services d’état civil restent fermés – même si la mairie de Dumbéa, par exemple, a décidé d’ouvrir ce lundi de 8 h à 14 h « uniquement pour déclarer les naissances et les décès ». Le réseau de bus du Grand Nouméa, Tanéo, est toujours à l’arrêt, et les écoles restent fermées.
Référendum national
Sur le plan politique, Emmanuel Macron a créé la surprise en répétant dans Le Parisien, ce week-end, qu’il était ouvert à l’idée de soumettre à référendum le projet de loi constitutionnel sur le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, disant même qu’il pouvait « aller à tout moment au référendum ». Certes, cette possibilité lui est ouverte par la Constitution : une fois adopté par les deux chambres, un projet de loi de réforme constitutionnelle doit être – au choix du président de la République – ou bien voté à la majorité des trois cinquièmes par le Congrès réunir à Versailles, ou bien validé par un référendum. Mais on parle alors d’un référendum national et non d’une consultation qui aurait lieu sur le seul territoire de la Nouvelle-Calédonie. Il s’agirait donc de faire décider par les électeurs de métropole de qui a le droit de voter aux élections locales de Nouvelle-Calédonie – ce qui peut paraître assez provocateur et peu à même de restaurer la sérénité du côté des indépendantistes.
Plusieurs porte-parole des mouvements indépendantistes ont fait part de leur stupéfaction après ces déclarations. Un certain nombre de voix ont également rejeté cette idée chez les loyalistes, comme celle de l’ancien député Philippe Gomès, qui a parlé de « non-sens dangereux ».
Face à ces réactions, le chef de l’État a rapidement rétropédalé, hier, lors d’un point presse en marge de sa visite d’État en Allemagne, expliquant qu’il avait simplement voulu « rappeler ce qu’était la Constitution » et que sa déclaration de la veille n’était qu’une « lecture de la Constitution » et non une « intention ».
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