Municipales 2020 : seulement « un jeune de 18 Ã 25 ans sur quatre » irait voter
33 % des jeunes de 18-25 ans inscrits sur les listes électorales prévoient d’aller voter aux élections municipales des 15 et 22 mars, selon un sondage Ifop, réalisé pour l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes (Anacej) et le Forum français de la jeunesse (FFJ) et présenté hier à l’AMF, à Paris. À titre de comparaison, 55 % des jeunes inscrits avaient voté au premier tour des municipales en 2014.
Sachant que le taux d’inscription des jeunes sur les listes électorales est de 76 %, au plus bas depuis 2011, « seulement un jeune de 18 à 25 ans sur quatre » devrait dans les faits se rendre aux urnes, signale à Maire info, « pas surpris du tout », Simon Berger, chargé d’accompagnement des collectivités et de la communication à l’Anacej (400 collectivités, parmi lesquelles 85 % sont des communes). Depuis 2011, année du lancement par le réseau national d’acteurs et d’élus enfance-jeunesse de l’observatoire du comportement électoral des jeunes, les 18-25 ans ont toujours été « ceux qui votent le moins ».
Si ce taux de participation prévisionnel des jeunes, plus de vingt points inférieur à celui de l’ensemble des Français (56 %), confirme une nouvelle fois cette tendance, le taux réel de participation, qui sera révélé aux lendemains du premier tour, pourrait être légèrement plus important, l’intérêt pour les élections s’amplifiant traditionnellement au fur et à mesure que leur date approche. « Quand l’enquête a été réalisée (du 11 au 18 février), la séquence des municipales n’avait pas commencé », indique en outre, pour Maire info, Anthony Ikni, délégué général du FFJ.
Les raisons de l’abstention
Outre « la défiance » et le désintérêt (26 % des 18-25 ans pourraient s’abstenir parce qu’ils seront en week-end, en congé ou en déplacement) qu’ils expriment ainsi vis-à-vis des institutions et des partis politiques, « ils n’ont pas l’impression que ces municipales vont changer quelque chose pour eux (22 %), pour la société (15 %) », analyse encore Simon Berger. Les effets de la loi Notre, notamment « le basculement du pouvoir décisionnaire des communes vers les intercommunalités », pourraient, selon Anthony Ikni, être un facteur d'explication de la faible prévision de la participation des jeunes pour ces municipales. « Les citoyens peuvent se sentir dépossédés de la chose publique ».
Autre enseignement notoire : le sentiment de révolte, que les jeunes exprimaient massivement en avril 2016 (48 %), a laissé place à l’indifférence et la résignation. Ils sont aujourd’hui 30 % à se déclarer « indifférents » à la société française actuelle (contre 12 % en avril 2016). 29 % se disent, quant à eux, « résignés » (contre 27 % en avril 2016). Les mouvements sociaux presque incessants ces dernières années (manifestations contre la loi Travail de 2016, contre la réforme des retraites, Parcoursup, la réforme du baccalauréat, Gilets jaunes…) n’ont pas toujours porté leurs fruits et « la convention citoyenne sur le climat n’a pas encore rendu ses conclusions », regrette Anthony Ikni.
Éducation, démocratie, citoyenneté : quelles réponses des pouvoirs publics ?
« La protection de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique » (gratuité des transports publics, limitation de l'utilisation des pesticides) est pourtant le thème, avec l’emploi et la santé et l'alimentation, qui risque de peser dans la décision des jeunes au moment de glisser leur bulletin dans l’urne (pour 62 % des jeunes contre 54 % en avril 2019). Europe Écologie Les Verts était le premier parti des jeunes aux élections européennes en 2019 - derrière l'abstention - et il se pourrait bien qu’il confirme son titre aux municipales. « Si les pouvoirs publics n’y répondent pas, que va-t-il se passer derrière ? », s’interroge Anthony Ikni.
Pour encourager la participation des jeunes aux scrutins électoraux, des réponses sont aussi attendues sur le volet démocratie et citoyenneté. L’Anacej, comme le FFJ, pointe les carences de l’éducation à la politique dans les écoles françaises. « L’enseignement moral et civique est souvent sacrifié », regrettent-ils, alors qu’il serait nécessaire « d'encourager les débats entre les jeunes pour qu’ils se sentent légitimes à donner leur avis ensuite sur l’ensemble des politiques publiques ».
Simon Berger invite, par ailleurs, les maires à continuer de « sacraliser le premier vote » avec « la cérémonie de remise de la première carte d’électeur en mains propres, accompagnée d’un temps d’explication sur les enjeux citoyens ». Des solutions techniques pourraient, enfin, « faciliter » le vote des jeunes, d’après Anthony Ikni, comme « la possibilité de s’inscrire sur les listes électorales jusqu’à dix jours avant le scrutin », « la délocalisation des bureaux de vote dans les lieux de rencontre des jeunes » ou encore « la mise en place du vote électronique ou par correspondance ».
Ludovic Galtier
Télécharger la synthèse de l'Anacej et du FFJ.
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