Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 6 mars 2020
Élections

Municipales 2020 : près de 80 % des têtes de liste sont des hommes

Les données sur le nombre de candidats aux élections municipales de la semaine prochaine sont désormais disponibles – elles ont été rendues publiques en open data par le ministère de l’Intérieur sous la forme de deux fichiers de données brutes (communes de plus et de moins de 1000 habitants). Maire info a analysé ces données pour y découvrir, sans surprise, que si les règles paritaires obligent les candidats à placer autant de femmes que d’hommes sur les listes, les têtes de liste restent très majoritairement des hommes. 

Les effets des règles paritaires
Un peu plus de 900 000 personnes se présentent aux élections municipales cette année (902 494). Plus de 546 000 se présentent sur une liste, c’est-à-dire dans une commune de plus de 1000 habitants, et plus de 356 000 au scrutin plurinominal, sans liste, dans une commune de moins de 1000 habitants. 
Sur l’ensemble de ces candidats, environ 55 % sont des hommes et 45 % des femmes. Les chiffres montrent à quel point l’obligation légale de parité change la donne : dans les communes de moins de 1000 habitants (pas de règles paritaires), le ratio est de 62 % d’hommes pour 38 % de femmes. Dans celles de plus de 1000 habitants (obligation de parité), on monte à 49 % de femmes pour 51 % d’hommes. La différence s’explique par le fait que le nombre de listes où les hommes sont en tête est nettement plus importante, comme on le verra ci-dessous ; et les listes comptant toujours un nombre impair de candidats, le genre qui a la tête de liste compte forcément un candidat de plus que l’autre.

Mauvais élèves de la parité
Lorsque l’on regarde les têtes de liste, le tableau est en revanche beaucoup moins reluisant : près de 80 % des têtes de liste sont des hommes (77 %) : en chiffres, cela donne quelque 16 000 hommes têtes de liste pour 4 800 femmes seulement. 
Il est à noter, si l’on regarde ces chiffres en les pondérant par nuance politique, qu’aucune tendance ne présente plus de femmes que d’hommes en tête de liste, ni n’atteint la parité, ni même ne s’en approche. Les moins mauvais élèves de la parité sont les listes écologistes (60 % « seulement »  d’hommes têtes de liste), La France insoumise (63 %), extrême gauche (64 %). À l’inverse, c’est le Modem qui est de très loin le moins paritaire, avec 94 % de têtes de liste hommes, talonné par les listes Rassemblement national et UDI (78 %), LR (77 %) et socialistes (74 %). Les listes La République en marche comptent 71 % d’hommes têtes de liste.

Nuances
Ces données permettent également d’avoir une photographie intéressante des nuances politiques qui se présentent à ces élections. Rappelons que chaque liste fait l’objet d’un nuançage d’office par les préfectures – ce qui a fait couler beaucoup d’encre en janvier et février. Le gouvernement a décidé que le nuançage ne serait effectué qu’à partir de 3 500 habitants. C’est ce qui explique que sur les 546 000 candidats comptabilisés, près de 40 % sont caractérisés « sans nuance » : ce sont, pour l’essentiel, les candidats des communes de moins de 3 500 habitants. Les préfets ont donné la nuance « divers », qui correspond aux listes sans étiquette ou inclassables à quelque 50 000 candidats (9 % du total). Ensuite, les candidats les plus nombreux à se présenter sous une étiquette sont les divers gauche et divers droite (respectivement 13,6 % e 13,3 % du total des candidats. Les listes socialistes et union de la gauche présentent environ 16 000 candidats (3,1 % du total) ; Les Républicains présentent 11 000 candidats (2 % du total), à quoi il faut ajouter environ 3 000 candidats union de la droite. Le Rassemblement national présente 14 400 candidats (2,6 %), la France insoumise 3 200 (0,6 %) et le PCF 4 300 (0,8 %).
Quant au parti présidentiel, il présente 9 500 candidats, soit 1,7 % du total.

Environ 7 000 citoyens européens
Dernier enseignement de ces données : quelque 7 000 citoyens ressortissants d’un autre pays de l’Union européenne se présentent à ces élections municipales, environ 4000 dans les communes de plus de 1000 habitants et environ 3 000 dans les communes de moins de 1000 habitants. Ce sont les Belges et les Portugais qui se présentent le plus (respectivement 1525 et 1360 candidats), suivis des Néérlandais, des Allemands et des Italiens. Il n’y a en revanche qu’un seul candidat chypriote sur l’ensemble des listes.

Franck Lemarc
 

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