Zoom sur l'engagement des collectivités locales pour le vélo
Par Franck Lemarc
L’association Vélo et territoires réalise, depuis le début des années 2000, des enquêtes nationales pour « sonder l’engagement des collectivités en faveur du vélo ». Le champ de ces enquêtes est de plus en plus large : d’abord cantonnées aux seuls départements, elles se sont étendues aux régions. Pour l’enquête réalisée en 2022, Vélo et territoires s’est associée au Club des villes et territoires cyclables, afin de sonder aussi les communes. Près de 1300 collectivités ont répondu à l’enquête, dont 406 EPCI et 744 communes « de toute taille ».
Engouement
Cette enquête montre un engouement jusque-là jamais atteint pour le développement du vélo et, dans une moindre mesure, la marche. C’est apparemment l’effet conjugué de la prise de conscience climatique et de la crise du covid-19 qui a accéléré l’émergence d’une politique cyclable hardie dans les collectivités : les deux tiers de celles qui ont répondu à l’enquête estiment que la pandémie a eu « un effet positif sur leur politique cyclable ».
Sept collectivités répondantes sur dix ont, aujourd’hui, une « politique cyclable » identifiée : la totalité des régions et des départements (respectivement 100 % et 99 %), 89 % des EPCI et 58 % des communes. Attention toutefois, ce résultat souffre d’un biais : ces chiffres ne concernent que les collectivités répondantes, et l’on peut raisonnablement considérer que celles qui ont répondu sont de facto celles qui s’intéressent le plus à la question.
Parmi les collectivités répondantes qui ne développent pas de politique cyclable, la raison invoquée dans 69 % des cas est « le manque de moyens humains et d’ingénierie », et dans 48 % des cas le manque de moyens financiers.
Pour ce qui concerne la marche à pied, l’engouement est moins visible : quatre collectivités répondantes sur dix « travaillent sur la marche », 18 % ont « une stratégie marche » en vigueur et 17 % en préparent une. Pour la moitié de celles-ci, cette stratégie a été mise en œuvre après 2019. Les enquêteurs notent que « un tiers des actions engagées par les collectivités concernent l’aménagement de l’espace pour améliorer les déplacements à pied (mise en place d’une signalétique dédiée aux piétons, création et ou reprise de la voirie/chemin) ».
Multiplication par deux des moyens humains
Pour revenir au vélo, les collectivités semblent nettement s’orienter vers une augmentation des moyens humains dédiés à cette question : « On observe une multiplication par deux des équivalents temps plein dédiés au sujet depuis 2019 », notent les associations. Elles ont recensé dans les collectivités « 3 294 personnes » dédiées au vélo (soit 1 174 ETP).
Côté finances, les collectivités interrogées dépensent en moyenne « 15 euros par an et par habitant de fonds propres cumulés pour le développement du vélo ». Environ un tiers de ces sommes est issu de subventions de l’État ou des agences de l’État, et 13 % de l’Union européenne.
80 % des collectivités répondantes ont au moins un élu chargé du vélo, et un peu plus de la moitié disent disposer d’un « expert vélo » parmi leurs agents, « exclusivement dédié » à cette tâche.
Planification
Du point de vue des actions, les collectivités répondantes privilégient majoritairement la planification par rapport aux actions ponctuelles : sur les 1 300 répondants, les associations ont recensé 748 documents de planification (schéma directeur cyclable ou plan vélo).
Ces collectivités envisagent à elles seules de réaliser 28 000 km d’aménagements cyclables (pistes et bandes cyclables, voies vertes) sur le mandat en cours, mais 85 % restent à réaliser. Cela revient, notent les associations, « à aménager 1 % de la voirie française métropolitaine accessible aux cycles dont 45 % sont prévus en site séparé (pistes cyclables ou voies vertes) ».
L’autre action phare concerne le stationnement : les collectivités répondantes prévoient la création de quelque 480 000 places de stationnement sur le mandat (avec là encore l’essentiel du travail restant à faire, puisque seulement 18 % de ces objectifs sont déjà atteints). Parmi ces aménagements, 80 % sont des places de stationnement libre (arceaux).
Enfin, les collectivités mènent des actions de sécurisation et de formation, dans plusieurs directions. Un quart des répondants mettent en place « des actions pour réduire l’accidentalité », par exemple en installant des radars pédagogiques, qui signalent les excès de vitesse sans verbaliser. Pour « apaiser » la circulation, la création de presque 1 300 zones de rencontre est prévue sur le mandat. Rappelons que les zones de rencontres sont des portions de voirie en général sans trottoir, où l’ensemble de l’espace est dédié à la circulation de tous les modes, avec priorité absolue aux piétons, et où la circulation des véhicules est limitée à 20 km/h.
La création de 9 000 km de voirie en zone 30 est également prévue sur le mandat.
L’enquête montre également que la moitié des communes répondantes propose « des programmes d’apprentissage du vélo aux enfants ».
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