Le gouvernement veut accélérer le développement des livraisons à vélo
Par Franck Lemarc
« Le e-commerce croît de de 33 % par an », rappellent les ministres de la Transition énergétique et des Transports, Barbara Pompili et Jean-Baptiste Djebarri, en préambule du dossier de presse consacré à la cyclo-logistique. « 90 % des 15-79 ans » commandent aujourd’hui en ligne. Et l’épidémie n’a fait qu’accentuer cette tendance, en particulier en faisant exploser les livraisons de restauration.
Cette évolution pose un certain nombre de problèmes en matière de pollution, dans la mesure où une bonne partie de ces livraisons se font en scooter – pour la restauration – ou en véhicule utilitaire léger (VUL) pour les colis : pollution de l’air, d’abord. « À Paris, soulignent les ministres, le transport de marchandises ne représente que 15 à 20 % du trafic mais […] 45 % des [émissions] de particules fines ».
Pollution sonore, aussi : de nombreuses villes sont aujourd’hui touchées par un phénomène préoccupant d’aggravation du bruit, en soirée et jusque tard dans la nuit, généré par les scooters des livreurs de restauration à domicile.
Aides directes
La restauration à domicile n’est pas la seule cible du plan concocté par le gouvernement, loin s’en faut : c’est toute la logistique dite « du dernier kilomètre » qui est concernée. Le développement des vélos-cargos triporteurs à assistance électrique et certaines innovations technologiques permettent, selon le gouvernement, d’envisager le report d’une partie des livraisons classiques – y compris réfrigérées – vers le vélo. Les ventes de ces vélos-cargos à assistance électrique ont d’ailleurs explosé en 2020 (+ 354 % par rapport à 2019).
Le gouvernement mobilise 12 millions d’euros pour financer un certain nombre de dispositifs visant à favoriser les livraisons à vélo. D’abord le dispositif ColisActiv, permettant de compenser le surcoût d’une livraison à vélo par rapport à une livraison via un véhicule thermique. Une aide directe (2 euros par colis en année 1) est accordée aux entreprises logistiques. Le dispositif est actuellement en test dans quatre intercommunalités (Reims, Angers, Paris Est Marne et Bois et Grenoble). Il repose sur un co-financement de l’État et des collectivités. En juin prochain, toutes les villes qui mettront en place une ZFE (zone à faibles émissions) seront éligibles au dispositif, là encore sous réserve de co-financement.
Autre dispositif : l’extension de la prime à la conversion à l’achat de vélo. Elle permettra de faire bénéficier de cette prime les entreprises qui souhaitent remplacer, par exemple, une camionnette par un vélo-cargo à assistance électrique. Les arbitrages sur les montants de la prime seront rendus « d’ici quelques semaines ».
Ces différents programmes sont financés par les certificats d’économies d’énergie (CEE).
Financements insuffisants ?
Le plan vise également à « mobiliser les parties prenantes », et en premier lieu l’État et les collectivités locales, « importants consommateurs de plis et de colis ». Des nouveaux moyens vont être donnés pour intégrer dans les marchés publics des clauses environnementales incluant la livraison par des modes durables. Mais il paraît surtout indispensable que les principaux acteurs de la logistique urbaine (La Poste, UPS, DGL, etc.) orientent leurs flux « vers des modes décarbonés ». Le gouvernement, dans son dossier de presse, qualifie de « décisif » l’engagement de ces acteurs vers la cyclo-logistique, mais n’en dit pas plus sur les moyens qu’il va engager pour les y pousser. Et étonnamment, le dossier de presse ne dit rien sur les grands acteurs de la livraison à domicile de restauration (Deliveroo ou Uber Eat), qui sont pourtant au cœur de cette problématique.
Pour faciliter la cyclo-logistique en ville, il faut également rapprocher les « hubs logistiques » (centres de tri) des clients. Le manque de locaux en hyper-centre conduit les entreprises de logistique à implanter leurs entrepôts dans les banlieues plus ou moins lointaines, ce qui suppose, ensuite, l’impossibilité d’utiliser le vélo pour les livraisons. Le gouvernement veut donc mobiliser les établissements publics fonciers et les établissements publics d’aménagement pour « favoriser la mise à disposition de locaux en cœur de ville ».
Par ailleurs, les collectivités sont encouragées à multiplier les pistes cyclables, ce qui est évidemment le point essentiel rendant possible le développement de la cyclo-logistique.
Rappelons que le « plan vélo », de 350 millions d’euros sur 7 ans, inclut des aides à la construction de pistes cyclables, et que le plan de relance prévoit des enveloppes spécifiques pour développer les « mobilités actives ». Toutefois, les associations de promotion du vélo estiment que l’effort est nettement insuffisant, comme viennent de l’écrire les présidents de la FUB, du Club des villes et territoires cyclables et de Vélo & territoires, dans une lettre ouverte à la ministre de la Transition écologique, vendredi dernier. Au lieu des 350 millions d’euros sur 7 ans, les associations estiment qu’un effort de 500 millions d’euros par an serait « un minimum pour accompagner l’action des collectivités locales ». Une telle enveloppe déclencherait, par effet levier, « 2,5 milliards d’euros d’investissements locaux », estiment les associations.
Télécharger le dossier de presse.
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