MaPrimeRénov' : les rénovations d'ampleur en hausse en 2024... mais loin des objectifs affichés
Par A.W.
Le nombre de logements rénovés l’an dernier a baissé d'environ 35 % par rapport à 2023, selon le bilan de l'Agence nationale de l'habitat (Anah) publié vendredi, celle-ci se réjouissant, toutefois, de la hausse des rénovations énergétiques « d'ampleur », les plus qualitatives.
En tout, ce sont un peu plus de 403 000 rénovations de logement qui ont donc été engagées l’an passé, quand l’Anah en comptabilisait près de 624 000 un an plus tôt, dans son précédent bilan.
Des moyens « inédits »
Pourtant les aides à la rénovation de l‘habitat ont connu « une forte dynamique » en 2024, l’État ayant consacré « des moyens inédits à cette politique publique », rappelle l’agence dans un communiqué publié vendredi.
Celle-ci justifie cette forte baisse globale par le fait que ses fonds ont été déployés « en faveur de projets ambitieux (...) permettant d‘améliorer durablement le confort des ménages », les logements ayant bénificié d'aides pour des « monogestes » étant, eux, en chute libre.
S’il y a donc moins eu de rénovations, c’est pour « mieux rénover les logements », selon l’agence qui a distribué près de 3,77 milliards d'euros, soit 650 millions de plus que l'année précédente. « Les résultats montrent que les dispositifs de l’agence permettent de rénover beaucoup mieux, grâce à un meilleur accompagnement des ménages vers des projets ambitieux », assure-t-elle.
Résultat, le nombre de rénovations énergétiques d'ampleur a augmenté de 27 % pour dépasser les 91 000, contre un peu plus de 71 000 en 2023. Une progression qui reste cependant encore très éloignée des objectifs que l’État s’était fixés l’an passé. Pour réaliser les ambitions climatiques du pays d’ici 2030, celui-ci estimait que leur nombre devait atteindre les 200 000 dès 2024. Plus du double donc. Bien que l'ancien ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, ait révisé, en cours d'année, cet objectif à 140 000 opérations.
Ces rénovations d’ampleur sont d’autant plus importantes qu’elles « permettent d’améliorer significativement et durablement le confort et l’efficacité énergétique du logement » grâce à un « gain énergétique moyen de + 65 % », explique ainsi l’Anah.
« Très forte progression » des aides à la pierre
« Deux ans après la rénovation de leur logement, les bénéficiaires de MaPrimeRénov’ indiquent à 72 % avoir constaté une baisse de leur consommation énergétique, et 86 % déclarent une amélioration du confort de leur logement », se réjouit-elle. Des moyens qui ont d’ailleurs « très majoritairement » bénéficié à « des ménages ayant des revenus modestes ou très modestes (73 % des bénéficiaires) », selon l’Anah.
Dans le détail, l’agence a ainsi alloué 3,29 milliards d’euros via MaPrimeRénov', permettant la rénovation énergétique de près de 341 000 logements (contre 569 000 en 2023). Pour le reste, ce sont plus de 37 000 logements qui ont été adaptés grâce à MaPrimeAdapt’ (dispositif qui finance les travaux d’adaptation à la perte d’autonomie) et autant de logements rénovés grâce à MaPrimeRénov’ copropriétés. Sans compter le traitement de plus de 15 000 habitats indignes et très dégradés.
Par ailleurs, l’Anah a financé l'ingénierie locale pour accompagner les collectivités dans leur politique de l’habitat à hauteur de 116 millions d’euros, comme en 2023. « Cela s’est traduit par une très forte progression des aides à la pierre, dont la distribution est gérée localement pour pouvoir répondre aux enjeux locaux », assure-t-elle toutefois.
En décembre dernier, après avoir adopté son budget pour 2025, le conseil d’administration de l’Anah assurait, dans un communiqué quelques jours après la chute du gouvernement Barnier, que « l’ingénierie aux collectivités sera portée à 300 millions d’euros pour financer les études, l’accompagnement des ménages et les nouveaux pactes territoriaux et régionaux France Rénov’ ». « Plus de 3,2 milliards d’euros seront délégués dans les territoires (soit près de 70% des crédits de l’agence) », soulignait-il.
En attendant le PLF 2025, des aides bloquées
« Les résultats de l’Anah en 2024 démontrent qu’un chemin est possible vers la massification des rénovations de qualité, pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Cette dynamique positive doit pouvoir se poursuivre en 2025 en donnant à France Rénov’ les moyens de ses ambitions », a fait savoir vendredi le président de l'Agence nationale de l'habitat, Thierry Repentin, cité dans le communiqué de l’Anah.
Lors de l’examen du projet de budget pour 2025, la semaine dernière, les sénateurs ont décidé de revaloriser de 50 millions d’euros l’enveloppe dédiée à MaPrimRenov’, contre l’avis du gouvernement qui souhaitait initialement la réduire de plus de 500 millions d’euros. Et ce, alors même que le budget de ce dispositif avait déjà été ramené de 4 milliards à 2,3 milliards d'euros dans le précédent projet de budget prévu par le gouvernement Barnier. La commission mixte paritaire (CMP) qui se tiendra jeudi – durant laquelle députés et sénateurs devront trouver un texte de compromis – confirmera ou non ces arbitrages, le gouvernement de François Bayrou étant toujours sous la menace d’une potentielle censure.
On peut également rappeler que l’année commence délicatement pour la rénovation énergétique puisque l'absence de budget de l’État bloque, depuis le début de l'année, le paiement des aides de MaPrimeRénov', rallongeant ainsi les délais pour tous les dossiers qui n'ont pas été instruits avant le 1er janvier 2025.
Une situation qui a particulièrement agacé le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron, qui redoute une mise en danger de « la pérennité de dizaines de milliers d'entreprises, donc de l'emploi de centaines de milliers d'artisans, d'entrepreneurs et de compagnons ».
Depuis son lancement en 2020, MaPrimeRenov' a permis de rénover 2,44 millions de logements, ce qui équivaut selon l'Anah à « 6,2 millions de tonnes de CO2 évitées ». Particulièrement concernés par ce dispositif, les bailleurs propriétaires de logements très énergivores devront rapidement rénover leurs biens s’ils veulent continuer à les louer à l’avenir. Ceux classés G au DPE (diagnostic de performance énergétique) viennent ainsi d’être classés indécents et ne peuvent plus être loués depuis le 1er janvier. Les logements F et E connaîtront le même sort prochainement, respectivement en 2028 et 2034.
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