Maire-info
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Édition du mardi 19 mars 2024
Agriculture

Loup : campagne et pétition pour maintenir le statut de protection dans l'Union européenne

Onze ONG de protection de l'environnement ont lancé mardi une campagne et une pétition contre l'abaissement du statut de protection du loup dans l'UE, jugeant que cela « mettrait en péril la survie d'une espèce déjà vulnérable sans résoudre les difficultés auxquelles font face les éleveurs ».

Par AFP et L.B.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait mis en garde en septembre 2023 contre le « réel danger »  des meutes de loups dans l'Union européenne, ouvrant la voie à une révision du statut de protection pour cet animal. Les onze associations – WWF, FNE, LPO, UICN, ASPAS, Humanité & Biodiversité, SNPN, SFEPM, Ferus, OPIE et SHF – lancent en réponse une pétition appelant « à rejeter sans ambiguïté »  cette proposition, qu'elles jugent « ni nécessaire ni justifiée ».

Citant l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), elles soulignent que « six des neuf populations de loups présentes dans l'UE sont vulnérables ou quasi menacées ». « En outre, la Commission met également en danger d'autres espèces : plusieurs pays se sont déjà ainsi engagés dans la brèche pour demander le déclassement de l'ours et du lynx » , ajoutent les associations dans un communiqué. En vertu de la directive européenne « Habitats »  de 1992, la plupart des populations de loups en Europe bénéficient d'une « protection stricte » , assortie de possibilités de dérogations.

La Commission propose de passer au statut de protection simple, plus souple et permettant d'éliminer plus facilement les loups considérés comme étant en trop grand nombre dans certaines régions. Cette proposition, réclamée par des éleveurs dans plusieurs pays, doit encore être approuvée par les États membres de l'UE. Les associations demandent pour leur part à la France de la rejeter formellement et de favoriser « l'application des solutions déjà existantes de cohabitation entre loups et éleveurs » . Elles citent ainsi la protection des troupeaux avec chiens de protection, bergers et clôtures efficaces, ainsi que des tirs seulement en « ultime recours »  si l'effarouchement a échoué.

Plan loup 2024-2029

C'est le mois dernier que le gouvernement a présenté dans le détail son nouveau Plan loup pour la période 2024-2029. Ce dernier prévoit notamment d'augmenter les indemnisations pour les éleveurs, avec en parallèle une simplification des conditions de tirs (lire Maire info du 26 février).

Sur la question du statut du loup spécifiquement, le gouvernement dit attendre « l’analyse approfondie »  promise par la Commission européenne sur un éventuel déclassement, qui dépend de savoir si le « niveau de conservation »  a bel et bien été atteint – ce qui peut différer d’une région à l’autre de l’Europe. Le déclassement du loup d’espèce « très protégée »   à « espèce protégée »  se fera ou non selon les résultats de cette analyse pour décider, ou non, de porter, à partir de 2025, « une évolution du statut du loup » . Une telle procédure, si elle aboutissait, conduirait à « une gestion de type cynégétique »   – c’est-à-dire que les loups pourraient, de façon limitée et réglementée, être abattus par des chasseurs et non uniquement par des louvetiers. 

Cette question est particulièrement complexe et divisait les sénateurs en janvier dernier à l'occasion d'une table ronde sur la prédation du loup (lire Maire info du 17 janvier). Plusieurs sénateurs ont pressé le gouvernement d’accélérer, non seulement dans un souci de protection des élevages mais y compris des humains : un sénateur du Var a rapporté que « jeudi [11 janvier], un troupeau a été attaqué à 250 mètres du lycée agricole d’Hyères, fréquenté par 1 700 élèves ». Il a appelé le gouvernement à « faire évoluer nos positions avant que l’inéluctable se produise », c’est-à-dire la mort d’un randonneur ou d’un berger attaqué par un loup. 

Pour le moment, le loup restant une espèce « très protégée », les tirs létaux en France ne peuvent intervenir « qu’après la mise en œuvre effective des moyens de protection et doivent se restreindre à assurer la stricte défense des troupeaux sauf exception », mais avec le nouveau Plan loup, le recours à deux, voire exceptionnellement trois tireurs pour les tirs de défense pourra être autorisé par les préfets. 

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