Loire : ces maires qui demandent l'aide des services de santé de l'armée
Ce week-end, 21 maires de la Loire ont demandé à l’État l’intervention des services de santé de l’armée pour bâtir en urgence un hôpital de campagne. Explications sur cette démarche avec Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond.
L’initiative a fait un certain bruit ce week-end, parfois de façon un peu trop résumée – laissant entendre que les maires demandaient « l’intervention de l’armée » dans leurs communes. Mais ce que demandent les maires de la vallée du Giers, c’est que l’État reproduise, « par anticipation », ce qui a été fait à Mulhouse au printemps dernier : soulager le système hospitalier en installant un hôpital militaire de campagne.
« C’est tout simplement un appel à l’aide », explique ce matin à Maire info Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond. « Nous sommes dans la métropole de Saint-Étienne, qui est en alerte maximale depuis plusieurs semaines, où le masque est obligatoire depuis le 22 septembre et le couvre-feu décrété depuis le 17 octobre. » Mais l’épidémie continue de progresser à une vitesse alarmante : dix communes de la Loire font partie des vingt communes les plus contaminées de France, et à l’échelle du syndicat intercommunal du Pays de Giers (21 communes), le taux d’incidence est de 900 pour 100 000 habitants. « C’est la raison pour laquelle tous les maires du Pays de Giers m’ont demandé, à l’unanimité et sans aucune différenciation partisane, de prendre une initiative », raconte Hervé Reynaud.
Le Pays de Giers possède un centre hospitalier, à Saint-Chamond, en limite de saturation : « Nous sommes passés en dix jours d’une cinquantaine de cas à 130 ! ». Et de surcroît, l’hôpital n’a pas de service de réanimation, ce qui oblige à transférer les patients notamment vers le CHU de Saint-Étienne. « Or à ce jour, le CHU est à l’extrême limite de ses capacités, puisqu’il ne lui reste que deux ou trois lits de réanimation de libre », s’alarme le maire de Saint-Chamond. Quant aux hôpitaux privés de la Loire, « ils viennent de lancer un appel au volontariat pour trouver du personnel supplémentaire ». Pour Hervé Reynaud, la situation est différente de celle du printemps : « Ce n’est pas de matériel dont nous manquons – nous avons les masques, les équipements… C’est de soignants ! ».
Anticipation
Les maires qui ont cosigné cette demande – dont certains sont eux-mêmes médecins hospitaliers, souligne le maire de Saint-Chamond – souhaitent que l’État agisse « par anticipation », c’est-à-dire avant que les services de santé soient totalement saturés. Ce week-end, le directeur général de l’Agence régionale de santé affirmait que la situation était « tendue mais maîtrisée ». Hervé Reynaud ne le nie pas, mais ajoute : « Pour combien de temps ? Quand on sait qu’il reste trois places en réanimation au CHT de Saint-Étienne, dans combien de jours la situation ne sera plus maîtrisée ? » Il rappelle d’ailleurs que les responsables des hôpitaux du territoire partagent entièrement son inquiétude. Pour l’instant, ni l’ARS ni la préfecture n’ont relayé la demande des maires du Pays de Giers. « On nous vante beaucoup la concertation maires-préfet, regrette Hervé Reynaud, mais pour l’instant ce que l’on a, c’est plus de l’information que de la concertation. »
Le maire de Saint-Chamond et ses collègues du Pays de Giers espèrent un rendez-vous cette semaine avec les services de l’État. Mais ils estiment que le temps presse.
Franck Lemarc
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