Les CCAS demandent que la priorité soit mise sur le logement
Par Emmanuelle Stroesser
Cette enquête sur l’action des CCAS « face à la crise du logement et au sans-abrisme », menée en juin et dévoilée lors de la journée nationale de l’Unccas à Montpellier, jeudi 3 octobre, ajoute le témoignage des élus et techniciens de l’action sociale publique de proximité aux constats documentés de la Fondation Abbé-Pierre, du Secours Catholique, du Secours populaire, ou encore du Samu social. Bien que moins approfondie, l’enquête de l’Unccas aboutit à la même conclusion : l’aggravation de l’urgence sociale.
Ce que révèle l’étude
L’étude rappelle que le logement est un domaine largement investi par les CCAS. Plus de quatre sur dix (42 %) « offrent des aides facultatives spécifiques pour le logement ». Le double, plus de huit sur dix (82 %), « aident les ménages à monter des dossiers de demande de logement social ». Tandis que 43 % « participent aux commissions d’attribution des logements sociaux de bailleurs ». L’enquête rappelle également que « le cadre juridique et pratique » de CCAS/CIAS leur permet d’intervenir largement : location, sous-location, achat de biens, « y compris en viager », gestion de logements communaux, création de logements tremplins pour des jeunes, d’hébergement d’urgence, etc.
Elle montre surtout que cet investissement s’est « intensifié » face « à l’augmentation des demandes de logement social et du sans-abrisme » ces dernières années. Plus d’un tiers des CCAS ont « accéléré la production d’hébergements d’urgence après la crise liée au covid ». Autre fait notable depuis la pandémie : 46 % des CCAS/CIAS ont reçu des demandes de la part de publics jusque-là inconnus de leurs services, dont un bon tiers de personnes en emploi stable (CDI).
Plus de deux tiers des CCAS « ont reçu des demandes de mise à l’abri ». L’enquête cite le chiffre de « 67 personnes candidates pour une place d’hébergement ».
Qu’il s’agisse du logement ou de l’hébergement d’urgence, les demandes viennent en majorité de bénéficiaires des minimas sociaux (69,2 %) et de familles monoparentales (57,3 %), de personnes sans ressources ou au chômage (près de 26 % chacune), mais aussi de retraités (26%).
Petits ou grands CCAS, les mêmes difficultés
Cette enquête donne écho à la réalité de personnes « qui sont au plus près des gens, dans leur quotidien », insiste Audrey Garino, présidente du Conseil national de l’Unccas et adjointe au maire de Marseille. Elle doit nourrir le travail de plaidoyer en faveur d’une politique du logement audacieuse, explique l’élue à Maire info. Avec un premier exercice pratique à venir autour de l’examen des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2025, sur lesquels les élus comptent peser, en demandant notamment 43 000 places d’hébergement supplémentaires.
« Compte tenu du manque de places d’hébergement, comme de l’absence de parcours de logement, combiné à la hausse des personnes à la rue, qui a doublé en dix ans, c’est une évidence, tous les jours des personnes dorment à la rue, parmi elles 2 000 enfants. Cette réalité décrite par l’enquête, nous y sommes tous confrontés, CCAS de petites ou grandes villes, de tous bords politiques. La situation s’aggrave et cela nous est insupportable », poursuit l’élue.
« Bien que l’hébergement d’urgence ne relève pas de nos compétences, nous nous mobilisons, nous voulons bien être une partie de la réponse, mais nous avons pour cela besoin d’une remobilisation de l’État », défend Audrey Garino, inquiète de la « musique ambiante » autour de la « baisse des dépenses publiques ». « Chacun doit prendre conscience de l’urgence que nous sommes en train de vivre » répète-t-elle.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Michel Barnier « assume d'être impopulaire » au nom de « la responsabilité »
Villes de France : les maires demandent « des moyens et de la considération »
En Corse, aéroports et ports bloqués sur fond de tensions entre l'État et la Collectivité