Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 4 octobre 2024
Ville

Villes de France : les maires demandent « des moyens et de la considération »

Réunis en congrès les 2 et 3 octobre, les élus de Villes de France ont affirmé leur refus de tout « affaiblissement » des villes et affirmé leur volonté de « contribuer à la cohésion sociale et territoriale ».

Par Franck Lemarc

L’association Villes de France, qui regroupe les maires des villes de 10 000 à 100 000 habitants, et dont le président, Gil Avérous, maire de Châteauroux, vient d’être nommé ministre des Sports du nouveau gouvernement, a tenu son congrès à Sélestat (Bas-Rhin), hier et avant-hier. 

En clôture de ce congrès, les élus ont adopté une motion combative, que l’on peut résumer à l’une de ses formules : « Les élus doivent reprendre la main ». 

« Dialogue réel »  plutôt que « décisions sans appel » 

Pour les maires des villes moyennes, « affaiblir les villes et agglomérations aggraverait la fracturation du pays » . Dans le communiqué publié à l’issue du congrès, Villes de France demande qu’un nouveau dialogue s’installe entre élus, gouvernement et Parlement, posant comme condition préalable « le rétablissement de la confiance » , aujourd’hui « ébranlée par les attaques injustifiées ». 

Rappelant que l’augmentation de la dette des collectivités ne représente que 3,5 % de celles des autres administrations publiques, Villes de France récuse toute idée que les collectivités seraient « responsables de la dérive des finances publiques »  et affirme que les maires « n’accepteront pas le retour sous d’autres formes et sans contrepartie des contrats de Cahors ». « S’attaquer aux collectivités est d’autant plus scandaleux que nos collectivités ont subi ces derniers mois une forte poussée inflationniste alors même que la suppression de la taxe d’habitation est venue réduire leur liberté d’action en matière fiscale, que nos budgets sont tous votés à l’équilibre et que notre endettement finance exclusivement une partie de nos investissements » , rappelle Villes de France.

L’association refuse donc par avance toute « coupe dans les finances des villes » , qui auraient pour conséquence « un affaiblissement des services publics rendus à nos concitoyens »  et « une réduction de la capacité d’investissement dans la transition écologique ». 

L’association demande que « le rôle stratégique des villes moyennes (soit) davantage reconnu et pris en compte dans l’élaboration (des politiques publiques), ce qui passe par un dialogue réel et non par des décisions sans appel ».

« Laisser la main aux maires » 

Dans la motion adoptée à l’issue du congrès, les maires des villes moyennes mettent l’accent sur cinq thématiques spécifiques : le logement, la transition écologique, la santé, le commerce et la sécurité. 

Sur le logement, Villes de France demande à l’État de « laisser la main aux maires et présidents d’intercommunalité »  qui, au cœur d’une profonde crise du logement, sont les plus à même de « trouver des solutions concrètes, pragmatiques et respectueuses (des (…) particularités de chaque territoire » . L’association demande au gouvernement de revoir ses choix en matière de « ponctions sur les bailleurs sociaux »  et demande davantage de soutien à l’investissement locatif privé. 

De même, sur la transition écologique, les maires demandent « des moyens financiers et réglementaires pour agir ». « Nous ne pouvons plus définir nos priorités en étant ballotés par des plans nationaux en perpétuel évolution ou au gré des appels à projets pour obtenir des financements. Nous souhaitons que l’État fixe un plan national sur le temps long et que celui-ci soit décliné localement en accord avec les territoires, tout en assurant une pérennité et une prévision certaine des financements ». 

Villes de France demande également la « re-territorialisation de la compétence santé »  et tranche sur un débat qui divise fréquemment les maires, en demandant clairement que des « obligations »  soient mises en place « pour éviter l’installation de médecins dans des secteurs sur-densitaires » . Au-delà, les maires des villes moyennes demandent « à être fortement associés à une organisation locale de la santé »  réunissant l’hôpital et la médecine de ville ainsi que « tous les acteurs du sanitaire et du social ». 

Commerce et sécurité

Villes de France appelle à réfléchir à « une nouvelle stratégie nationale de territorialisation du commerce »  et une « politique volontariste et pragmatique de sauvegarde du commerce de proximité » . Ce qui passerait avant tout, selon l’association, par une refonte de la fiscalité du commerce pour remettre à égalité le commerce physique et le commerce en ligne. Elle estime par ailleurs que les maires doivent garder la main sur les choix d’implantation des magasins, et que dans ce sens « de nouveaux outils permettant au maire de valider l’installation de certains magasins, tant en centre-ville qu’en périphérie, sans passer par la préemption des baux commerciaux, doivent être étudiés ».

Sur le sujet de la sécurité enfin, les maires de Villes de France appellent à « une clarification »  de la part de l’État : « Il est nécessaire de fixer en quelque sorte la ‘’ligne rouge’’ en précisant clairement le rôle respectif qui est dévolu aux polices municipales et aux forces de l’ordre, et de définir les missions qui leurs sont communes. (…) Nous voulons que soit clarifiés les rôles et doctrines d’emploi de chaque force de sécurité » , dans un contexte marqué par la hausse d’une « délinquance de plus en plus violente et la montée en puissance du trafic de stupéfiants ». 

Les maires des villes moyennes affirment « leur volonté de contribuer à l’équilibre du pays », mais « attendent, en retour, considération, moyens financiers et juridiques pour agir, ainsi qu’un véritable engagement des pouvoirs publics à avancer avec eux ». 

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