Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 31 mars 2021
Logement

Fortement ralentie en 2020, la construction de logements s'éloigne de son niveau d'avant la crise

Au cours des douze derniers mois, la construction de logements a été fortement perturbée avec un recul de 9,5 % des mises en chantier et de 17,4 % des permis de construire accordés. En cause, la crise sanitaire mais également d'autres facteurs.

Par A.W.

Sous l’effet notamment du premier confinement, le nombre de mises en chantier et de permis de construire a continué à nettement se replier l’an passé, amplifiant la baisse entamée en 2018. Une baisse qui commençait à légèrement s’infléchir depuis la fin de l’année 2019.

80 000 permis de construire en moins

Les mises en chantier ont ainsi chuté au niveau de la barre des 350 000 logements (avec 351 900 biens concernés) au cours des douze derniers mois, avec 36 900 de moins. Ce qui représente un recul de 9,5 % par rapport à l’année précédente, selon les données publiées hier par le gouvernement qui met, toutefois, en garde sur le fait que « les estimations des mises en chantier sont plus fragiles que d’habitude du fait des perturbations liées à la crise sanitaire »  et qu’« en raison du contexte d'instabilité, les méthodes ont dû être ajustées par rapport à celles précédemment utilisées ».
Dans le même temps, le nombre de logements autorisés à la construction a plongé de 17,4 % (377 000 logements) avec près de 80 000 logements de moins qu'au cours des douze mois précédents. Des chiffres qui commencent à se rapprocher des ordres de grandeur atteints lors du creux atteint lors de l’année 2015.
Cette chute brutale semble largement imputable aux mois de confinement en ce qui concerne les mises en chantier. Celles-ci sont ainsi passées de près de 389 000 à 357 000 entre février et mai 2020, avant de quasiment se stabiliser jusqu’en février 2021. Du côté des permis de construire, la chute ne s’est pas arrêtée à la fin du premier confinement, mais s’est poursuivie sans discontinuer jusqu’à maintenant, passant de plus de 456 000 à 377 000 de février 2020 à février 2021, malgré un léger redressement entamé à partir de septembre 2019.

Les logements collectifs ordinaires souffrent davantage

De ce fait, la construction de logements entre décembre 2020 et février 2021 reste toujours très éloignée de son niveau d'avant la crise sanitaire malgré une stabilisation par rapport aux trois mois précédents. Ainsi, le nombre de permis de construire est resté « quasiment au même niveau »  (+ 0,5 %) qu'au cours des trois mois précédents, mais est encore très en dessous (- 12,4 %) du niveau qui était le sien l'an passé sur la même période et « précédant le premier confinement ».
Dans le détail, ce sont les constructions de logements collectifs ordinaires qui souffrent le plus avec une baisse de 25,4 % de permis de construire et de 9,4% de mises en chantier sur les douze derniers mois, tandis que les logements en résidence sont restés quasiment stables 0,3 % en termes d'autorisation de construction et ont mieux résisté pour ce qui est des mises en chantier (- 6,1%). Concernant l”individuel, le nombre de permis a baissé de 11 % et les mises en chantier de 10,3 %. 

Cycle électoral, calendrier de l’Anru…

Outre « l’impact réel »  de la crise sanitaire sur la production de logements, le maire de L'Île-Saint-Denis et vice-président de l’AMF, Mohamed Gnabaly, rappelle que celle-ci a également « un effet sur les stratégies de construction ». « La construction de logements engendre un coût pour les collectivités territoriales à travers les écoles, les centres de loisirs, les crèches… Or, en ce moment, on est dans une phase de ralentissement liée à la crise », explique-t-il.
Ce dernier perçoit également d’autres facteurs. D’abord, le cycle électoral : « L’année 2020 a été une année d’élections, ce qui entraîne aussi des ralentissements ». Ensuite, « un calendrier de l’Anru de stabilisation des projets et de validation des protocoles »  qui ne permettra pas aux projets urbains des villes populaires de voir le jour avant « l’an prochain ». Enfin, les injonctions contradictoires qui pointent dans les territoires : « D’un côté, on souhaite augmenter la production de logements au regard de la crise du logement, mais, de l’autre, on requestionne les équilibres de nos villes en termes de densité, d’espaces verts… Le rythme de construction est donc là aussi ralenti ».
Des facteurs très spécifiques à un territoire peuvent également peser. Comme l’arrivée des Jeux Olympiques : « Sur Plaine commune et dans toute la Seine-Saint-Denis, il y a des priorités qui peuvent impacter la gestion de la construction de logement », indique Mohamed Gnabaly.

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