La commande publique au plus bas en 2020, les communes davantage touchées
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La commande publique a été freinée dans son élan. Nous étions, bien sûr, loin des chiffres éclatants de l’année 2012 (96 milliards d’euros). Mais après des années 2017, 2018 et surtout 2019 (87 milliards d’euros) florissantes, elle recule nettement en 2020 pour s’établir à 71 milliards d’euros (- 18 % sur un an). « Le second trimestre, traditionnellement le plus élevé depuis 2012, subit un impact très fort en 2020 : recul de 6,7 milliards d’euros par rapport à 2019 et de - 4,6 milliards d’euros par rapport au volume moyen de commande publique lors du dernier mandat (2014-2019) », note l’Assemblée des communautés de France (AdCF) dans son baromètre annuel dévoilé hier.
« Avec un recul de 12,6 milliards d’euros de commande publiée en 2020 (de 51,5 milliards d’euros en 2019 à 38,9 milliards d’euros en 2020), les collectivités et leurs groupements sont les acheteurs qui affichent la baisse la plus importante ». Les conséquences économiques de la crise sanitaire mais aussi la fin du mandat municipal et intercommunal en sont les principaux responsables. « Concernant les autres catégories, la baisse est comprise entre - 8,3 % pour les bailleurs sociaux et - 17,2 % pour les établissements publics locaux ».
Les communes affichent le plus fort recul
Parmi les collectivités, les communes sont majoritaires et représentent près de 43 % de la commande publique, loin devant les intercommunalités à fiscalité propre (23,12 %), les départements (15,52 %), les syndicats mixtes intercommunaux (11,01 %) et les régions (5,11 %). Mais « ce sont elles qui affichent le plus fort recul de la commande publique en 2020 ». Elle s’établit à 16,7 milliards d’euros en 2020 contre 24,3 milliards d’euros en 2019, soit une chute vertigineuse de 7,6 milliards d’euros.
Si 2020 restera une année atypique, une constante au moins est à constater : les bâtiments publics restent la destination principale des marchés publics. « Avec plus de 18,5 milliards d’euros de commande en 2020, celle-ci est néanmoins inférieure à celle de 2019 de 18,5 % », remarque l’AdCF.
Coup dur pour les aménagements
Le secteur santé social s’en sort mieux que les autres puisqu’il diminue moins (- 12 %) que la commande publique globale (- 18 %). C’est mieux, par exemple, que le numérique, en baisse de 15 %. En revanche, le coup porté aux aménagements est dur en 2020. Le montant de la commande publique qui leur a été consacrée passe de 4,3 milliards d’euros à 3,2 milliards d’euros : c’est la « plus forte baisse en pourcentage » (environ 25 %). « Il s’agit des opérations liées aux aménagements économiques (zones industrielles, zones artisanales, zones commerciales) et des aménagements urbains (parkings, lotissements, infrastructures urbaines, aménagements de l’espace public) », décrit l’AdCF.
Toutes les natures de marché baissent, les travaux en baisse de 25 %
Dans cette succession de chiffres négatifs, « la commande publique de travaux est la plus affectée » au regard de la répartition des natures de marchés. « La baisse est de 25 % entre 2020 et 2019, soit un recul de 7 milliards d’euros », constate l’AdCF. Si « les collectivités et leurs groupements restent les plus gros acheteurs publics dans le domaine des travaux, ces acheteurs voient cependant leur commande ''travaux'' fortement diminuer entre 2019 et 2020 : - 34 % ». Les marchés de travaux des communes, par exemple, s’effondrent quasiment de moitié : de 10,6 milliards d’euros en 2019 à seulement 6 milliards en 2020. La commande publique de travaux représentait, pour rappel en 2019, 27,5 milliards d’euros contre à peine 20,7 milliards d’euros l’an passé. En 2012, elle pesait encore 47,6 milliards d’euros, soit les années 2019 et 2020 cumulées.
Les marchés de l’ingénierie, portés par les intercommunalités et les communes, enregistrent, en revanche, une baisse plus modérée. La situation est plus « hétérogène » selon les collectivités concernant les marchés de services. « Les communes ont vu la catégorie ''marchés de services'' baisser de 24 % alors que les achats en services des régions ne diminuent que de 7 % ».
L’AdCF remarque, enfin, que c’est en Bretagne que le montant de la commande publique par habitant est le plus élevé (1 224 euros par habitant). Sur un an, la baisse de la commande publique est davantage marquée dans la moitié est du pays : elle atteint le seuil des 20 % dans les Hauts-de-France, le Grand-est, la Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie. La baisse est la plus modérée en Corse (- 12,4 %).
Quid de 2021 ?
Difficile de prédire ce qu’il en sera exactement en 2021 tant l’activité de ce début d’année est lui aussi perturbé par l’épidémie de covid-19. Toujours est-il, analyse l’AdCF, que « la chute du premier semestre n’est pas compensée sur les trimestres suivants. Mais on observe un regain d’activité sur le troisième et surtout le dernier trimestre de 2020 ». Avec 20 milliards d’euros, le quatrième trimestre de 2020 est même « légèrement supérieur au volume moyen des T4 observés lors du dernier mandat (2014 – 2019), hors 2019 ». Quelle tendance pour cette nouvelle année ? Selon les auteurs du baromètre, la commande publique publiée s’élève à 13 milliards d’euros pour les collectivités en janvier et février. Des résultats qui pourraient donc se rapprocher des troisième et quatrième trimestres 2020.
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