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Édition du vendredi 24 février 2023
Logement

Face à une « crise sévère », les professionnels de l'habitat appellent à la mise en place d'un « bouclier logement »

Après avoir vécu en 2022 sa pire contraction depuis une quinzaine d'années, « le logement neuf sombre dans une crise sévère », déplore le pôle habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui réclame un « bouclier logement » pour soutenir le pouvoir d'achat immobilier.

Par A.W.

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« Après la crise sanitaire, la crise des matériaux et la crise de l’énergie, c’est maintenant officiel : malgré les alertes formulées depuis de très nombreux mois, en dépit d’une demande soutenue, le logement neuf sombre dans une crise sévère, similaire à celle qui a sévi au sortir de la crise financière de 2008-2009. »  C'est le constat fait, hier, par le pôle habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB), lors de la présentation d'un bilan de l'année 2022 du marché du logement neuf.

71 000 logements neufs perdus en un an

Le marché de la maison neuve en secteur diffus chute ainsi « violemment »  de plus 31 % en 2022 et même de 38,2% au dernier trimestre, explique le pôle habitat de la FFB dans un communiqué publié hier. Cette situation, avec 96 000 ventes brutes, constitue même le « pire exercice des seize dernières années », déplore-t-il.

L’habitat individuel groupé « s’écroule »  également de plus de 22 %, à 6 100 ventes, un état des lieux qui constitue là aussi le « pire millésime des vingt-deux dernières années ». 

Pour ce qui est du logement collectif, les ventes aux particuliers se contractent de 14,1% sur 2022 et même de plus de 30 % au dernier trimestre. Elles reculent ainsi « au niveau de 2020 », une année « marquée par les confinements dû au Covid-19 », rappelle la FFB qui souligne que « les ventes en bloc en collectif enregistrent pour leur part un nouveau recul de 21 % sur 2022 ». 

Résultat, ce sont « 71 000 logements neufs »  qui ont été perdus en l’espace d’une année, habitats individuel et collectif confondus. « Une chute rarement observée qui matérialise une crise historique sur laquelle l’ensemble des acteurs de la filière alerte les pouvoirs publics depuis de très longs mois », a pointé Grégory Monod, président du pôle habitat de la FFB. 

En cause, selon ce dernier, un « cocktail explosif », fruit d’une « inflation continue des coûts de construction et des prix du foncier »  - qui conduisent à « des prix de sortie intenables »  - , mais aussi d’un « affaiblissement des dispositifs de soutien à l’accession et à l’investissement locatif »  et une « hausse rapide et brutale des taux d’intérêts ». 

« Ces ingrédients, cumulés aux contraintes du HSCF [Haut Conseil de stabilité financière], aux limites fixées par les taux d’usure et à la nette contraction de l’offre de prêts immobiliers, ont fait plonger de 19,6 % la production de crédits immobiliers aux particuliers pour le neuf en 2022 (-44,6 % sur les trois derniers mois en glissement annuel) », indique la FFB.

« On a besoin d’une médecine de guerre » 

Pour faire face à la « gravité de la situation », le pôle habitat de la fédération appelle « les établissements de crédit à se remobiliser autour de la production de prêts immobiliers pour les particuliers, et appelle industriels et distributeurs de la construction à plus de transparence et de tempérance dans l’évolution des prix des matériaux ». 

En outre, pour « soutenir le pouvoir d’achat immobilier des ménages », il appelle le gouvernement à instaurer un « bouclier logement »  qui reposerait sur « cinq piliers » : la prolongation du prêt à taux zéro, son rétablissement à 40 % sans discrimination territoriale et le rehaussement de 25 % des plafonds d’opérations pris en compte pour son calcul, mais aussi l’instauration d’un crédit d’impôt de 15 % sur les cinq premières annuités d’emprunt (pour compenser l’impact de la RE2020), ainsi que la restauration du dispositif Pinel dans sa version 2022 jusqu’à la mise en place du statut du bailleur privé.

Face à cette crise, « on a besoin d’une médecine de guerre », a déclaré le président du pôle habitat de la FFB. De son côté, l'AMF rappelle, ce matin, qu'elle estime « nécessaire »  que « l’Etat s’engage rapidement et clairement pour la mise en œuvre d’un nouveau modèle économique et financier favorable à la construction de logement à la fois dans le parc privé et le parc social, articulé avec les objectifs de sobriété foncière, qui permette de sortir de cette crise de la production ».

A noter que la situation du secteur de l’immobilier impacte également l’ancien dont le marché ralentit. Sur un an, les prix de l'immobilier ancien, dévoilés dans l'indice Notaires-Insee dévoilé hier, ont augmenté de 4,8 % en 2022. Une progression qui n'avait plus été aussi faible depuis 2019, avant la pandémie. 

L’année 2022 a marqué « une grande dualité »  avec « deux semestres qui sont particulièrement prononcés » : le premier en nette hausse, le second en forte baisse, expliquent les Notaires du Grand Paris. Trois causes majeures à ce ralentissement sont observées : « la difficulté du crédit à l'habitat, qui devient plus onéreux et plus compliqué à obtenir, un contexte général, aussi bien économique que géopolitique, plus tendu, et peut-être un engouement pour la maison au vert (...) qui semble se terminer ».
 

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