Crise du logement : toujours en baisse, le nombre de permis de construire au plus bas depuis l'an 2000
Par A.W.
Les derniers chiffres du logement neuf confirment, une nouvelle fois, la détérioration de la conjoncture avec une crise du logement et de l’immobilier qui s’installe. Selon les données provisoires du ministère de la Transition écologique publiées vendredi, les autorisations de logements ont encore diminué de 3 % en mai par rapport à avril.
Et si un premier rebond depuis deux ans apparaît sur les mises en chantier avec 3 200 logements de plus qu’en avril (+ 14,2 %), le ministère rappelle que « le nombre de logements commencés (...) serait inférieur de 18 % à sa moyenne des douze mois précédant la crise sanitaire ».
Permis de construire : une chute de 15 %
Des chiffres qui viennent confirmer la chute vertigineuse du nombre de permis de construire avec seulement 353 800 logements autorisés sur un an, en baisse de 15,5 % (soit 64 900 de moins que lors des douze mois précédents) et de près de 20 % au cours des douze mois précédant la crise sanitaire (mars 2019 à février 2020). Il y a deux ans, en juin 2022, il y avait encore plus de 500 000 logements autorisés recensés.
Le nombre estimé de logements commencés, qui suit traditionnellement de quelques mois celui des permis, serait lui aussi en repli avec 280 100 mises en chantier sur la dernière année, ce qui représente une baisse de 21,5 % et 76 900 mises en chantier de moins que sur les 12 mois précédents (entre juin 2022 et mai 2023). Une chute qui atteint même les 28 % si l’on compare aux 12 mois précédant la crise sanitaire… bien que celle-ci semble se stabiliser depuis le début d’année.
Résultat, il s’agit « des plus faibles niveaux depuis 2000 », reconnaît, une fois encore, le ministère alors qu’en janvier dernier il pointait déjà un record sur les 24 dernières années.
Les maisons individuelles au plus bas
Si la baisse des autorisations vise tous les types d'habitat, les maisons individuelles sont toujours particulièrement touchées avec un recul de près de 24 % pour « l’individuel pur ».
Plus globalement, entre juin 2023 et mai 2024, ce sont 127 100 permis pour des logements individuels (maisons et lotissements) qui ont été délivrés en 12 mois, soit 18,4 % de moins sur un an. Ces autorisations atteignent ainsi, elles aussi, « leur niveau le plus bas depuis le début de l’observation de la série en 2000 », indique le ministère.
Les logements « collectifs » ont, pour leur part, diminué d’un peu plus de 14 %. Soit l’équivalent de 36 300 de moins par rapport aux douze mois précédents. On peut, toutefois, noter qu’ils sont en relative stabilisation depuis août dernier.
À l’échelle régionale, on aperçoit une légère éclaircie puisque toutes les régions ne sont désormais plus concernées par la baisse du nombre de permis de construire : les Hauts-de-France et La Réunion enregistrent ainsi une progression respective de 5,4 % et de 2,5 % sur un an, quand la Bretagne résiste (-1,5 %). À l’inverse, le Centre-Val-de-Loire connaît encore la plus grosse chute (- 30 %), suivi par la Guyane, la Provence-Alpes-Côte-d’Azur ainsi que l’Auvergne-Rhônes-Alpes (plus de 20 %).
Pour ce qui est des logements commencés, seule la Guyane résiste bien (- 1,1 %) alors que la Martinique plonge fortement (- 43,2 %), suivie plus loin par le Centre-Val-de-Loire, la Bourgogne-Franche-Comté et la Guadeloupe (autour de - 27 %).
Les bureaux toujours très touchés
De la même manière, les autorisations de locaux non résidentiels enregistrées ont également chuté de 6,2 % en un an. À l’exception du secteur des exploitations agricoles ou forestières qui est en hausse (+ 3,7 %), tous les autres secteurs reculent, tels que les services publics ou d’intérêt collectif (- 1,2 %), le commerce (- 8,5 %) ou encore les bureaux (- 19,8 %).
Reste qu’à l’échelle régionale, on aperçoit une France coupée en deux. D’un côté, les régions qui voient leurs surfaces de locaux autorisés progresser, comme la Bourgogne-Franche-Comté (+ 17,1 %), Mayotte (+ 59 %) et plus légèrement la partie ouest de la métropole. À l’inverse, La Guyane (- 56,3 %), la Martinique (- 40,7 %) et les Hauts-de-France (- 26,9 %) sont celles qui affichent les plus fortes baisses.
Ces statistiques reflètent la profonde crise qui frappe le secteur du logement et qui a été causée, notamment, par la « poursuite de la hausse rapide des taux d’intérêt » et le « resserrement des crédits à l’habitat », comme l’expliquait début janvier le gouvernement, dans une précédente note sur la situation de l’immobilier.
On peut également citer la flambée des coûts de construction depuis la pandémie de covid-19 et la guerre en Ukraine ou encore la politique du gouvernement.
L’exécutif est, en effet, régulièrement accusé de faire des économies budgétaires sur le logement, en réduisant progressivement des dispositifs de soutien à la construction (prêt à taux zéro, niche fiscale Pinel, financement du logement social...), sans compter le durcissement des normes environnementales qui aurait rendu la construction plus coûteuse, selon les organisations patronales.
On peut, par ailleurs, rappeler que cela fait déjà plusieurs mois que la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) alertent sur le nombre important d’emplois, tous métiers compris, qui pourraient être détruits d'ici à 2025.
« Quand il n'y a pas de permis de construire, quand il n'y a pas d'investissement des ménages français sur la maison individuelle ou sur le logement collectif, il n'y a pas de travail. Donc, malheureusement, les entreprises vont mettre des genoux à terre, plusieurs dizaines de milliers », alertait encore début mars, le président de la FFB, Olivier Salleron, assurant que « 300 000 salariés seront sur le carreau mi-2025 si rien n'est fait ».
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