Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 9 janvier 2024
Jeunesse

Les inégalités sociales et territoriales freinent les élèves dans la poursuite de leurs études

Une étude réalisée pour six associations spécialisées dans l'égalité des chances met en lumière la difficulté des élèves des territoires ruraux et des quartiers populaires à se projeter dans les études supérieures.

Par Lucile Bonnin

Plusieurs études se sont déjà penchées sur la question des inégalités dans le milieu scolaire et dans les choix d’orientation fait par les élèves. En septembre dernier, France Stratégie publiait une étude mettant en avant le rôle majeur de l’origine sociale dans les trajectoires scolaires des élèves français (lire Maire info du 12 septembre). De la même manière, quelques mois plus tard, la publication des résultats de l'enquête Pisa sur le niveau des élèves en mathématiques et en français révélait un creusement des inégalités sociales (lire Maire info du 6 décembre). 

Le type de territoire dans lequel l’élève se trouve joue aussi un rôle dans son orientation scolaire et surtout dans les aspirations d’orientation des élèves. C’est ce que montre une étude Viavoice réalisée à la demande de six associations impliquées dans l'égalité des chances : l’Afev, Article 1, Chemins d’avenirs, JobIRL, Tenzing et 100 000 Entrepreneurs.

Accès inégal aux études supérieures 

L’étude s’intéresse concrètement aux aspirations futures de jeunes lycéens ayant entre 15 et 16 ans. Les réponses apportées par cet échantillon représentatif de 1 000 élèves montrent que les jeunes des milieux populaires aspirent beaucoup moins à faire des études supérieures et ne se projettent pas dans des parcours longs. 

Si 78 % des jeunes interrogés disent vouloir faire des études supérieures, 14 % ne le souhaitent pas. Parmi ceux qui refusent d’aller au-delà du baccalauréat, on retrouve majoritairement des élèves en lycées professionnels et des élèves de communes rurales ou de quartiers populaires issus de familles CSP -. 

Les projections sont aussi très « marquées par l’origine familiale et la catégorie d’agglomération ». Par exemple, les élèves ruraux issus de famille CSP + sont 48 % à penser pouvoir intégrer une grande école type Sciences Po contre 56 % pour les élèves urbains issus de famille CSP +. Concernant les classes préparatoires, la différence est d’autant plus flagrante entre urbains et ruraux. 30 % des élèves issus de familles CSP – habitant en ville pensent pouvoir intégrer ce type de parcours alors que seulement 15 % des élèves CSP – des territoires ruraux pensent pouvoir y prétendre. 

Le choix des métiers envisagés est davantage marqué par l’origine sociale de l’élève. En effet, les jeunes appartenant aux catégories socio-professionnelles plus aisées (CSP +) citent plus souvent les métiers de médecin, professeur, commerçant ou ingénieur. Les jeunes des catégories socio-professionnelles modestes (CSP -) citent plutôt les métiers de l’artisanat, de l’industrie, ou de la vente. 

Informer et accompagner 

L’étude est particulière puisqu’elle ne s’appuie pas sur des statistiques de réussites mais sur des perceptions, des projections et des aspirations qui semblent être conditionnées par un certain nombre de facteurs sociaux et territoriaux. Ainsi, ces réponses mettent en lumière les points à améliorer pour agir en faveur de l’égalité des chances et d’accès aux études supérieures. 

L’information est une clé principale pour les élèves. Selon l’étude, pour trouver des ressources sur l’orientation les élèves se tournent d’abord vers leurs professeurs (67 %), ou vers des sites spécialisés (52 %) ou auprès d’un proche (50 %). Pour Salomé Berlioux, fondatrice et directrice générale de Chemins d’avenirs, interrogée par France bleu, « cela veut dire que [les] premières sources citées sont variables en fonction de la famille dans laquelle ces jeunes sont nés et des établissements dans lesquels ils sont scolarisés. » 

L’étude met en avant le désir des élèves de pouvoir davantage échanger avec des professionnels d’un secteur qui les intéresse (54 %) et de faire des stages en entreprise (46 %). Ils sont également 33 % à vouloir mieux connaître les formations et 31 % à vouloir entendre des témoignages de professionnels en classe ou visiter les lieux de formation (30 %). 

S’il n’existe pas de solution miracle en la matière, les maires sont cependant largement mobilisés sur le sujet. Les collectivités ont des moyens pour lutter contre les inégalités d'accès à l'éducation (lire Maire info du 19 novembre 2021), notamment via les dispositifs cités éducatives et territoires éducatifs ruraux initiés par le gouvernement. Les maires disposent aussi de compétences qui peuvent être des leviers pour favoriser l’égalité des chances notamment au niveau de la mobilité, de l’accessibilité des services publics ou encore du développement des loisirs et des activités socio-culturelles au niveau de la commune. Ils apportent également un soutien fréquent aux associations locales.

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