Les élus alertent sur l'urgence de rénover l'immobilier de loisirs en montagne
Par Lucile Bonnin
Le sujet ne date pas d’hier pour les communes de montagne. Déjà en 2002, un rapport d’information du Sénat alertait sur le vieillissement du patrimoine immobilier de nombreuses stations de montagne qui risquait d’aboutir « à une dégradation de l'offre » et au développement de « friches touristiques ».
Réhabiliter l’immobilier de tourisme en montagne est un sujet sur lequel les élus « travaillent depuis près de 20 ans (…) en lien avec l’État » , peut-on lire dans un communiqué diffusé hier par l’Anem, l’ANMSM et l’Anett.
Par exemple, dans le cadre du dispositif France tourisme ingénierie, un programme de rénovation piloté par Atout France vise à accélérer la rénovation globale de l’immobilier de loisirs (et plus spécifiquement les copropriétés traditionnelles et les résidences de tourisme) dans 50 stations de montagne de 2021 à 2026.
Mais les élus de montagne constatent que ce sont des mesures insuffisantes face à l’ampleur du phénomène : « Malheureusement, aucun dispositif efficace n’a pu être mis en œuvre pour le moment malgré plusieurs expérimentations menées notamment par Atout France. »
L’urgence de rénover
Les associations attirent l’attention du gouvernement « sur l’urgence d’engager une rénovation de l’immobilier de loisirs en montagne ».
L’obsolescence et le « vieillissement de l’immobilier de loisirs en montagne [sont liés] à la période de réalisation de ces logements, construits pour l’essentiel dans les années 70-80 », rappellent les auteurs du communiqué, qui pointent ainsi que « tous les territoires touristiques sont concernés ».
Cette dégradation des bâtis va de pair avec une autre problématique, celle de l'accroissement du phénomène dit « des lits froids et des volets clos », qui correspond à une sous-occupation des meublés touristiques. Souvent, ce sont les propriétaires qui ne peuvent plus louer ces endroits mal isolés thermiquement et dégradés.
Selon des chiffres recensés en 2021 par certains élus de montagne, ce phénomène représenterait une perte de chiffre d’affaires proche de 50 % pour les stations les plus touchées. En 2013 déjà, l’ancien sénateur de la Savoie André Vairetto alertait sur cette problématique en estimant que « 20 % à 40 % du parc des stations de montagne est obsolète en termes de surfaces et d'équipements ».
La menace du dispositif « passoires énergétiques »
Récemment, le gouvernement d’Élisabeth Borne a fait savoir que les locations de vacances et meublés touristiques allaient être concernés par le classement « passoires énergétiques » alors qu’il était prévu que cela soit uniquement les locations de longue durée. Les associations se disent particulièrement inquiètes face à cette décision qui « aurait des conséquences particulièrement fortes pour les territoires touristiques dont la montagne ».
En effet, « la mise en place de ce dispositif retirerait de facto un nombre très important de biens du marché de la location, offres marchande et non marchande, pendant plusieurs années. Il est en effet matériellement impossible de procéder à une rénovation d’ampleur sur une courte durée. Les territoires touristiques seront donc très fortement pénalisés par cette réduction drastique d’hébergement, avec des conséquences importantes sur l’économie, l’emploi et donc indirectement sur la population locale. »
Pour rappel, la loi climat dispose que dès le 1er janvier 2023, les logements G avec un DPE indiquant une consommation supérieure à 450 kWh par mètre carré seront interdits à la location. A partir de 2025, les logements classés G seront concernés, puis à partir de 2028, les logements classés F seront interdits de location, puis ceux classés E à partir de 2034.
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