Le gouvernement lance un fonds pour soutenir la médiation dans les quartiers
Par Franck Lemarc
C’est à l’occasion des émeutes survenues en septembre dernier dans la cité sensible des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes (91), que le grand public a découvert ces collectifs de mères de familles, munies d’un gilet rose, venues faire de la médiation entre jeunes et forces de l’ordre. Mais le mouvement vient de plus loin : cela fait des années que dans les cités les plus sensibles, des mères de famille se regroupent pour tenter de ramener le calme dans les moments de tension, voire s’organisent pour faire des rondes de nuit et tenter de décourager les revendeurs de drogue, ou encore sécuriser les entrées d’école. C’est ce qu’on fait des collectifs tels que Les Mamans de Pablo, à Nanterre (92), créé en 2016, l’association Passer’Elles à Lille, les Femmes du Plan d’Aou à Marseille… Ou encore ces mères de famille de Saint-Denis et de Saint-Ouen (93), qui se sont courageusement dressées en 2019 pour chasser les revendeurs de drogue devant la sortie des écoles de leurs enfants.
« Engagement sans faille »
La ministre chargée de la Ville, Nadia Hai, a donc annoncé samedi la création du fonds Gilets roses, doté de 2 millions d’euros, pour « soutenir les collectifs de femmes des quartiers, souvent constitués de mères de familles, qui effectuent des missions de médiation : accompagnement des femmes isolées, rétablissement du dialogue entre les forces de l’ordre et les jeunes, occupation de l’espace public pour éloigner les trafiquants de stupéfiants, prévention de la délinquance… »
Le lancement officiel de ce fonds a été fait hier, au ministère de la Ville, où la ministre a réuni une cinquantaine de ces collectifs, pour « travailler à la structuration » du collectif Gilets roses, coordonné par une mère de famille de Corbeil-Essonnes, Fatimata Sy. Présent, le Premier ministre a déclaré à cette occasion : « Par leurs actions de médiation citoyenne, de prévention de la délinquance, de protection des jeunes ou encore de facilitation des relations entre les habitants et les institutions, des collectifs de femmes font preuve d’un engagement sans faille pour le bien vivre-ensemble dans les quartiers et je souhaite que le gouvernement puisse les soutenir. » Nadia Hai a considéré qu’il est « de son devoir de soutenir ces mamans qui, dans les quartiers, inspirent le respect et s’engagent ».
Les premières aides seront disponibles dès le début de l’année prochaine, a annoncé le gouvernement. Elles devraient aller à « 50 à 100 collectifs », sans que l’on sache encore précisément à quoi seront destinés, concrètement, ces financements.
Bataillons de la prévention : objectifs revus à la baisse
La ministre de la Ville, la semaine dernière, a également annoncé la – lente – poursuite de la mise en œuvre des « bataillons de la prévention » prévus par le Comité interministériel des villes en janvier dernier. Ces « bataillons » composés de médiateurs sociaux et d’éducateurs devaient être déployés dans 45 quartiers et atteindre 600 personnes (300 médiateurs et 300 éducateurs)… en octobre. Tel était du moins l’objectif fixé par le gouvernement au début de l’année. Quelques mois plus tard, les ambitions ont été visiblement revues à la baisse, puisque Nadia Hai a donné hier l’objectif d’arriver à une cinquantaine de recrutements d’ici la fin de l’année.
La mise en place du dispositif se heurte notamment à certaines lenteurs, du côté des préfectures, pour signer les conventions de partenariat avec les communes. Et, du côté de ces dernières, aux hésitations face au coût de la mesure, puisque, même si l’État prend en charge 80 % du salaire des médiateurs, les 20 % restants sont à la charge des communes, ainsi que les frais fixes d’installation de ces structures.
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