L'inflation galopante rend encore plus incertains les soldes d'été qui débutent mercredi
Par Corentin Dautreppe - AFP
Il est « difficile de savoir exactement » comment les consommateurs vont se comporter lors des soldes d’été qui se dérouleront jusqu’au 19 juillet, résume le directeur de l’observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM), Gildas Minvielle.
Outre l’inflation qui a accéléré en mai à 5,2% sur un an et touche de nombreux postes de dépenses (énergie, transports, alimentation), Gildas Minvielle souligne que le moral des ménages – qui joue dans leur envie de consommer – a aussi été durement éprouvé depuis le début de l’année, notamment par le variant Omicron.
Du côté des commerçants, la donne est compliquée par de multiples facteurs: Stéphane Rodier, patron de trois boutiques de prêt-à-porter haut de gamme à Granville, Saint-Malo et Avranches, dit avoir subi « des livraisons retardées d’un mois, de deux parfois » en raison de chaînes d’approvisionnement perturbées par le Covid-19, la guerre en Ukraine ou encore l’engorgement des ports chinois.
De fait, il a bien du stock à vendre... mais trouve « ahurissant de vendre les produits d’été en soldes, au moment où il faut les vendre plein pot », le lendemain du début de l’été. « On a certes besoin de trésorerie», qui se remplit grâce au surcroît d’activité pendant les soldes, «mais aussi de marges, alors que le remboursement des Prêts garantis par l’État (PGE) a commencé en avril ».
Stéphane Rodier, par ailleurs trésorier de la Fédération nationale de l’habillement (FNH), estime que le principe même des soldes doit être repensé. « Produire en gros volumes qu’on doit ensuite brader pour s’en débarrasser, c’est quand même pas du tout écologique », regrette-t-il, appelant à une « réflexion globale » pour faire émerger des « solutions viables qui ne nous fassent pas consommer pour consommer ».
Souplesse sur les dates
La FNH, dans un communiqué, a ainsi demandé de « prendre exemple sur l’Allemagne, où il n’y a plus de périodes de soldes réglementées depuis 2004, et de laisser aux commerçants le soin d’organiser leurs semaines de soldes, dont la durée resterait strictement encadrée, en fonction de la dynamique de leurs territoires et de leur situation économique ».
Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France, qui représente les indépendants, s’oppose également à la date du 22 juin, trop précoce, et proposait « le 6 juillet au plus tôt » dans un récent courrier au ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
« Les grands groupes de la distribution, les grandes enseignes n’ont pas le même modèle économique avec des gros coefficients de revente. De ce fait, ils sont toujours demandeurs de dates de soldes avancées », alors que «nos commerçants vont perdre de l’argent», déplore Francis Palombi.
Se pose en outre la question des stocks, que la période de soldes doit permettre d’écouler. Spécialiste en la matière, le patron du site Veepee Jacques-Antoine Granjon disait mercredi à l’AFP avoir « à sa disposition moins de stocks que les années précédentes », les marques ayant pour certaines « remis en boutique celui des années précédentes ».
Au-delà de l’habillement, le repli des achats lors des soldes pourrait également toucher les produits high-tech ou d’ameublement.
« On n’a encore jamais vu de période lors de laquelle le pouvoir d’achat baisse, où les ventes de biens discrétionnaires (non essentiels, NDLR) ne baissent pas », a expliqué à l’AFP Clément Genelot, analyste financier spécialiste du secteur de la distribution chez Bryan, Garnier & Co.
Sans oublier un dernier facteur d’incertitude: les préoccupations environnementales des consommateurs, qui se tournent massivement vers les articles de seconde main.
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