L'autopartage continue de se développer, mais les territoires périphériques et ruraux restent encore délaissésÂ
Par A.W.
Si le marché de l’autopartage a continué de croître cette année en France, les territoires ne sont toujours pas tous desservis de la même manière. Loin de là, des efforts restent ainsi à fournir pour que les sociétés de locations de véhicules en libre-service comme Sharenow, Getaround ou encore Ubeeqo investissent les communes de deuxième couronne des grandes métropoles ou encore les zones rurales, selon l'Association des acteurs de l'autopartage (AAA) qui a publié, hier, son baromètre pour l’année 2022.
Communes périphériques et zones rurales délaissées
Avec 12 667 véhicules disponibles sur tout le territoire, la flotte de voitures en autopartage a progressé de 10 % cette année par rapport à 2021, tout comme son nombre d’utilisateurs qui s’établit désormais à 886 000 usagers inscrits (+ 10 %). Un secteur qui a été « porté par le développement de l’autopartage dans 40 nouvelles communes et le lancement de nouveaux services ».
Bien que « 39 millions de Français » y aient d’ores et déjà accès, ces services ne sont présents que dans 736 communes (soit 2,1 % des près de 35 000 communes françaises) et la quasi-totalité le sont dans les grandes villes puisque toutes celles concernées par une zone à faibles émissions (ZFE) sont desservies, tout comme 85 % des communes de 50 000 à moins de 300 000 habitants.
A l’inverse, seules 2 % des villes de moins de 50 000 habitants en bénéficient et seulement 0,43 % des communes rurales. Ces dernières ne sont ainsi que 133, sur les près de 31 000 communes rurales existantes, à comporter ce type de service, mais elles sont en progression puisqu’elles n’étaient encore que 120 l’an passé.
A noter toutefois que l’EPCI la plus « autopartageuse » de France est la communauté de communes du territoire de Lunéville à Baccarat, en Meurthe-et-Moselle. Celle-ci surclasse, dans l’ordre, les métropoles de Paris, de Strasbourg, de Bordeaux ou encore celle de Lyon, en termes de nombre de véhicules par habitant.
Et si 88 % de la population du Grand Paris, 70 % de celle de l’Eurométropole de Strasbourg et 63 % à Lyon ont accès à un service d’autopartage à proximité en 2022, une partie de leurs communes périphériques se retrouve systématiquement sans aucune desserte.
Soutien public « nécessaire »
Alors que l’offre continue à se développer dans les cœurs de ces métropoles, le manque d’offre de services en première et deuxième couronnes, mais aussi en zones rurales, ne semble pas près de se résorber sans « un soutien public », selon l’Association des acteurs de l'autopartage qui juge celui-ci « nécessaire ». Pour permettre à l’autopartage de devenir un service « dans tous les territoires », l’association demande donc « un soutien résolu de l’État et des collectivités ».
D’autant que ce type de service constitue une « réponse aux défis des ZFE », estime l’AAA qui présente l’autopartage comme une « alternative à l'achat d'un véhicule neuf » pour continuer à circuler dans ces zones qui, d’ici 2025, imposeront à 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants des restrictions de circulation, avec l'interdiction des véhicules polluants, dans le but d’améliorer la qualité de l'air.
« Non seulement les véhicules en autopartage émettent significativement moins que le parc roulant français, mais en plus les usagers de l’autopartage [...] réduisent le nombre de kilomètres parcourus en voiture jusqu’à 1 200 km/an en moyenne, et limitent ainsi leur consommation d’énergie et les émissions de polluants », soulignent les auteurs du baromètre, qui précisent que plus de la moitié des véhicules en autopartage sont électriques et seulement 5 % sont encore des diesels. Résultat, la flotte d’autopartage rejetterait 42% d’émissions de CO2 en moins, en moyenne, par rapport aux véhicules neufs vendus en France en 2021, selon l’AAA.
Chaque voiture en autopartage « remplace entre cinq et huit voitures privées », selon l’association qui indique que les utilisateurs de ce service ont davantage recours aux transports publics (+ 18 % de jours d'utilisation), au vélo (+ 22 %) ou à la marche (+ 38 %) que les automobilistes réguliers.
Par ailleurs, l’association souligne que si l'autopartage progresse, la France accuse du retard par rapport à ses voisins : la Belgique, les Pays-Bas et surtout l'Allemagne qui compte plus du triple d'usagers avec 3,4 millions d'utilisateurs.
Consulter la carte interactive des services d’autopartage en France.
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