Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 8 septembre 2023
Santé publique

L'Anses alerte sur des cas de brûlures chez des enfants en maternelle à cause du mauvais usage de produits d'entretien

L'Agence nationale de sécurité sanitaire vient de publier une alerte sur des cas de brûlures dans les écoles maternelles, dues à un mauvais usage des produits de désinfection. L'Anses appelle à la vigilance et fait un certain nombre de recommandations.

Par Franck Lemarc

Ce sont pas moins de 118 cas qui ont été enregistrés entre 2017 et 2022 chez des enfants en collectivité, « le plus souvent dans les écoles maternelles », écrit l’Anses, en général « à la suite de la désinfection des toilettes avec des produits biocides ». Une « forte augmentation »  des cas est observée sur 2020 et 2021, sans doute liée au renforcement des actions de désinfection lors de l’épidémie de covid-19, pas seulement dans les toilettes mais sur les objets (tables, chaises ou jouets). 

Heureusement, les atteintes cutanées sont dans la plupart des cas « sans gravité », mais « 11 enfants ont néanmoins présenté une brûlure du second degré et un enfant a reçu une greffe de peau pour une brûlure au troisième degré ». C’est à la suite de ce dernier incident que l’enquête de l’Anses a été diligentée.

Les enfants les plus touchés sont les moins de 6 ans, dont la peau est plus fragile, et « en particulier les petites filles ». Ces incidents ont eu lieu majoritairement dans les écoles maternelles et le périscolaire (centres aérés, centres de loisirs). La désinfection des toilettes est en cause dans 57 % des cas. 

L’Anses indique que le nombre de 118 cas est « probablement sous-estimé », car il ne correspond qu’aux cas ayant été signalés au Centre antipoison, ce qui n’est certainement pas systématique. 

Erreurs d’utilisation

Dans une étude d’une trentaine de pages, l’Anses explique que ces incidents sont liés à une mauvaise utilisation de produits biocides : ou bien un produit désinfectant insuffisamment dilué, ou bien une absence de rinçage après utilisation du produit. Dans certains cas, c’est l’utilisation d’un produit non adapté à l’usage qui en a été fait qui est en cause. Pour ce qui concerne l’accident le plus grave, il s’est déroulé dans des circonstances tout à fait particulières : « Une fillette de 5 ans avait présenté une brûlure au troisième degré du siège après s’être assise sur une chaise sur laquelle quelques gouttes du produit désinfectant pur étaient tombées du fait de la dilution du produit sur place et non dans le local de stockage comme prévu dans le protocole d’utilisation. Devant l’absence de cicatrisation, la fillette a nécessité une greffe de peau. »  Après cet accident, la mairie a « retiré le produit et arrêté son utilisation dans tous les services de la ville ». 

L’Anses note que les produits désinfectants incriminés ont souvent des modalités d’utilisation variées pour le même produit, ce qui « peut favoriser des erreurs d’utilisation » : un produit peut par exemple être utilisé pur pour certaines surfaces mais devoir être dilué pour d’autres, avec ou sans rinçage, etc. Par ailleurs, les précautions d’emploi « ne figurent pas toujours sur le mode d’emploi des étiquettes », mais seulement sur des fiches techniques « qui ne sont pas toujours à la disposition des personnes manipulant les produits ». Sans compter, dans certains cas, des indications contradictoires entre l’étiquette et la fiche technique.

Recommandations

Si l’étude des différents cas ne conduit pas l’Anses à déconseiller l’usage de tel ou tel produit spécifique, l’agence délivre tout de même plusieurs recommandations, à commencer naturellement par la formation sérieuse des personnels à la bonne utilisation des produits. Par ailleurs, l’agence conseille aux collectivités de « privilégier les produits les moins dangereux »  ainsi que les produits « prêts à l’emploi », pour éviter les erreurs de dilution. Il est également indispensable d’apprendre aux personnels la nécessité de rincer les produits après déversement accidentel, et de « respecter les temps d’attente avant d’autoriser l’accès de la zone/surface désinfectée aux enfants ». 

L’Anses relève que le nombre de cas a certes diminué au fur et à mesure que l’épidémie s’éloigne, mais que plusieurs événements ont été signalés aux Centres antipoison en 2023, ce qui traduit « une persistance de la problématique ». Les communes doivent donc se montrer particulièrement vigilantes. 

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