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Édition du lundi 13 janvier 2025
Jeunesse

Mobilité des jeunes : la majorité des néo-bacheliers quitte leur territoire pour poursuivre leurs études

À l'obtention du baccalauréat, beaucoup de jeunes changent de territoire pour aller étudier dans l'enseignement supérieur. Selon l'Insee, 58 % des néo-bacheliers ont quitté la zone d'emploi de leur domicile en 2022.

Par Lucile Bonnin

Une fois le baccalauréat en poche, que deviennent-les jeunes souhaitant poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur ? C’est la question que se sont posée les statisticiens de l’Institut national de la statistique et des études économiques à l’occasion d’une étude menée sur le sujet. 

Selon les chiffres collectés, sur l’année 2022, « parmi un demi-million de néo-bacheliers résidant en France, 58 % quittent la zone d’emploi de leur domicile au moment du baccalauréat pour rejoindre la formation qu’ils ont acceptée, et 17 % changent de région du fait de cette inadéquation. » 

Des territoires inégaux face aux offres d’études 

Il apparaît évident que la répartition des offres de formation n’est pas homogène sur le territoire national, même si les auteurs de l’étude rappellent qu’il y a actuellement « peu de zones d’emploi [qui] sont dépourvues d’établissement d’enseignement supérieur » . Reste que « l’offre de formation postbac est plus concentrée dans les grandes agglomérations ». 

Par ailleurs, des disparités existent au sein même de ces zones plébiscitées par les nouveaux étudiants. Selon l’Insee, la richesse de l’offre de formation « varie selon l’orientation économique principale de chaque zone d’emploi (ZE). »  Ainsi, « 48 % des places proposées sur Parcoursup sont situées dans les grandes agglomérations à forte concentration de fonctions métropolitaines, 35 % dans les autres grandes agglomérations dotées de gros employeurs, et 8 % dans les zones à économie diversifiée ; enfin les zones résidentielles, touristiques, spécialisées dans l’agriculture ou dans l’industrie, en regroupent seulement 9 %. »  Par exemple, la zone d’emploi de Paris propose la plus large offre de formation avec 110 000 places, soit 15 % de l’ensemble de l’offre en France. À l’inverse, à Pornic il n’y a aucune offre de formation tout comme dans plusieurs communes corses (Calvi, Ghisonaccia ou Porto-Vecchio) ou encore à Marie-Galante en Guadeloupe.

La géographie de l’offre d’études supérieures a donc un impact sur les départs des néo-bacheliers. Concrètement, « les zones d’emploi dont l’offre est inférieure de plus de 20 % au nombre de néo-bacheliers ont 7 fois moins d’entrants que de sortants. C’est le cas des zones d’emploi résidentielles, ou spécialisées dans les secteurs de l’industrie, du tourisme ou de l’agriculture : plus de 80 % des néo-bacheliers les quittent à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Dans les zones d’emploi limitrophes des pôles universitaires, entre 5 et 8 élèves sur 10 sont mobiles en moyenne. » 

À l’échelle de la commune, les statisticiens relèvent que « les néo-bacheliers résidant dans une commune à niveau de vie médian faible ou moyen sont plus nombreux à quitter leur zone d’emploi que les autres. » 

Les plus favorisés partent plus loin 

Si l’offre locale de formation joue un rôle non négligeable dans les mobilités des jeunes bacheliers, l’origine sociale de ces derniers a aussi un rôle. En effet, l’étude pointe que « 59 % des néo-bacheliers d’origine sociale très favorisée au regard de la réussite scolaire sont mobiles, contre 50 % pour les élèves d’origine sociale défavorisée ». De plus, « 21 % des très favorisés changent de région, contre 14 % des étudiants défavorisés. »  Les résultats scolaires jouent aussi : les jeunes ayant obtenu une mention Très bien avec félicitations changent plus fréquemment de zone d’emploi après le baccalauréat que ceux ayant obtenu mention Assez bien (71 % sont mobiles contre 57 %). Ajoutons que les femmes ont aussi « un peu plus tendance à quitter leur zone d’emploi (dans 59 % des cas) que les hommes (56 %) ».

Enfin, les résultats de l’étude soulignent que « parmi les néo-bacheliers mobiles, ceux qui réussissent le mieux partent le plus loin ». En effet, les diplômés se dirigent généralement vers les formations les moins éloignées de leur zone d’emploi. Cette réalité concerne cependant moins les néo-bacheliers d’origine sociale très favorisée ou encore issus de lycées privés. De plus, « la distance est un facteur moins puissant pour les néo-bacheliers mobiles qui rejoignent une école de commerce, une école d’ingénieurs ou une classe préparatoire aux grandes écoles, filières les plus concentrées et pour lesquelles les enseignements dispensés et la réputation varient selon les établissements. En moyenne, un néo-bachelier mobile rejoint une école de commerce ou une école d’ingénieurs à 250 km de son domicile ; c’est plus de deux fois plus loin que les néo-bacheliers mobiles qui vont »  en licence Parcours d’accès spécifiques santé (PASS) ou encore dans les sections de technicien supérieur (STS).

Face à ce phénomène, le défi pour les communes est, dans un contexte de vieillissement de la population, de mettre en place des initiatives pour attirer de jeunes actifs. C'est notamment le but du programme national Petites villes de demain qui permet à certaines municipalités d'obtenir des aides pour le développement de nouvelles mobilités, rénover le patrimoine et agir sur l’habitat et le commerce. 

Consulter l'étude. 

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