Intempéries dans le Var et les Alpes-Maritimes : 4 morts, un disparu et des centaines d'évacuations
En l’espace de 24 à 48 heures, il s’est abattu l’équivalent de deux à trois mois de précipitations dans certaines zones du Var. Le sud-est a été, ce samedi, la localisation d’un « épisode méditerranéen » d’une intensité « historique », affirmait, hier, le préfet du Var, Jean-Luc Videlaine, dans une déclaration à l’AFP. Le bilan est lourd : quatre personnes ont été retrouvées mortes - dont trois dans une voiture - dans les communes varoises du Muy, Cabasse-sur-Issole et Tanneron, une autre - un homme de 77 ans originaire de la commune de Saint-Antonin-du-Var - est toujours portée disparue. La décrue est désormais amorcée dans les deux départements, qui avaient été placés, samedi, en vigilance rouge pluie-inondations par Météo France. Le plan Orsec et le plan blanc avaient également été déclenchés.
La situation météorologique s’annonçait si critique que dans plusieurs communes, dont Nice et Cannes (Alpes-Maritimes), les autorités de la ville ont fait retentir la sirène de la ville, samedi après-midi, pour prévenir la population du danger immédiat qui se profilait et inciter les habitants à rester chez eux. Résonnait avec elle, le souvenir du 3 octobre 2015 : ce jour-là, une vingtaine de personnes, piégées par les eaux dans des parkings et une maison de retraite, avaient perdu la vie. Sur Twitter, la préfecture des Alpes-Maritimes, qui a déclenché le Système d’alerte et d’information des populations (SAIP), multipliait donc les appels à la prudence.
« La commune est complètement sous l’eau »
Le déluge a bien eu lieu : à Roquebrune-sur-Argens (Var), la rivière Argens, maintenue en vigilance orange ce matin pour risque de crues (l’Allier est aussi concerné dans le département du Puy-de-Dôme), est montée à plus de sept mètres, battant les records de précédentes crues en 2011. Le centre de cette ville de quelque 13 000 habitants est resté inaccessible par la route de longues heures dimanche, a constaté l’AFP. Le maire de la commune, Jean-Paul Ollivier, affirmait, samedi sur BFMTV, qu’une vingtaine de personnes avaient été évacuées de leur domicile par précaution. « La commune est complètement sous l’eau », constatait-il encore sur France Bleu Provence.
Dans la région, ce sont des centaines de personnes qui se sont réfugiées dans les établissements municipaux mis à disposition par les communes sinistrées. C’était le cas par exemple à Hyères ou Fréjus. 350 personnes ont été mises à l’abri dans les Alpes-Maritimes. Hier soir, Enedis annonçait que 1 550 foyers étaient privés d'électricité dans les Alpes-Maritimes et dans le Var. Dans de nombreuses communes, les dégâts sont considérables. Certaines sont parfois restées inaccessibles pendant des heures. On ne compte plus les maisons, les restaurants et les commerces inondés. Des routes ont été coupées pour cause d’éboulements ou de coulées de boue. Un homme de 78 ans, actuellement dans un état grave, a été secouru par les sapeurs-pompiers à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), alors qu’il se trouvait dans son mobil-home enseveli sous la boue. Selon France Bleu Azur, les sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes, soutenus dans cet épisode par leurs homologues des Bouches-du-Rhône, ont reçu plus de 5 000 appels et sont intervenus à 1 350 reprises. Plus de 2 000 fois si l'on prend en compte les interventions dans les deux départements.
C’est justement depuis la caserne de sapeurs-pompiers de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a livré sa première réaction. Tout en louant les élus pour leur réactivité, le ministre de l'Intérieur a estimé que «la dimension environnementale» ne peut pas être opposée à l'anticipation des risques. « Le Var et les Alpes-Maritimes, par exemple, ce sont des départements qui en quelques années ont doublé les surfaces qui sont imperméabilisées, donc forcément ça a ensuite des conséquences », a-t-il souligné. Christophe Castaner a annoncé la convocation « dans les meilleurs délais de la commission qui devra se prononcer sur l'état de catastrophe naturelle », procédure permettant de faciliter les indemnisations.
« Les surfaces imperméabilisées ont doublé en quelques années »
Après le séisme qui a fait trembler les départements de l’Ardèche et de la Drôme, le 11 novembre, la commission n’avait pas tardé à réagir, puisque dans le Journal officiel de samedi, on apprenait qu’ont été reconnues en état de catastrophe naturelles six communes ardéchoises - Alba-la-Romaine, Rochemaure, Saint-Thomé, Le Teil et Viviers - et quatre communes drômoises - Châteauneuf-du-Rhône, Montboucher-sur-Jabron, Montélimar et Puygiron (lire Maire info du 12 novembre).
« En accord avec le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner je vais demander que soit constitué le dossier pour la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour la métropole Nice Côte-d'Azur et la ville de Nice », affirmait Christian Estrosi, maire de Nice et président de la métropole NCA, hier sur Twitter. Selon Nice Matin, Éric Ciotti, conseiller départemental Les Républicains des Alpes-Maritimes, devrait annoncer dès aujourd’hui des aides aux entreprises sinistrées à l'initiative du Conseil départemental des Alpes-Maritimes. D’après le cabinet d’expertise et de gestion des sinistres, Saretec France, cité par France Bleu, ces intempéries auraient causé 20 000 sinistres et représenteraient un coût provisoire de 300 millions d’euros.
Ludovic Galtier
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