Un gouvernement pléthorique, mais accordant moins de place aux collectivités territoriales
On attendait un gouvernement « renouvelé » et « resserré ». Il n’est ni l’un ni l’autre : déjà 30 ministres et ministres délégués – et les secrétaires d’État ne sont pas encore nommés – et seulement huit entrants, dont 5 parmi les ministres délégués. Alors que les « territoires » sont dans toutes les bouches depuis la nomination de Jean Castex, on notera que les collectivités territoriales perdent leur ministre de tutelle, Sébastien Lecornu étant nommé ministre des Outre-mer sans être remplacé à ce stade auprès de Jacqueline Gourault, reconduite dans ses fonctions de ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.
Équilibres politiques respectés
Ce nouveau gouvernement est finalement assez similaire à l’ancien, d’abord du point de vue des équilibres politiques : il ne comprend toujours que très peu de personnalités liées au Parti socialiste, en dehors de Jean-Yves Le Drian et Florence Parly. Les entrants sont soit marqués à droite (c’est le cas de Roselyne Bachelot et Brigitte Klinkert), soit députés de La République en marche (Barbara Pompili, Nadia Hai, Brigitte Bourguignon), soit membres de la société civile (Éric Dupond-Moretti, Alain Griset, Élisabeth Moreno).
Les alliés de La République en marche sont représentés comme ils l’étaient auparavant, quoique certains avec des portefeuilles moins prestigieux. Le MoDem conserve trois représentants au gouvernement, dont une seule ministre de plein exercice (Jaqueline Gourault), les deux autres étant ministres délégués (Marc Fesneau et Geneviève Darieussecq). Le groupe Agir reste représenté par Franck Riester, mais celui-ci passe du poste de ministre de la Culture à celui de ministre délégué au Commerce extérieur et à l’Attractivité.
Des « poids lourds » qui restent en place
Au-delà de l’entrée très médiatique de Roselyne Bachelot à la Culture et de l’avocat Éric Dupond-Moretti au ministère de la Justice, les nouveaux noms sont donc assez rares. Plusieurs poids lourds du gouvernement précédent restent en place, dont, en premier lieu, Jean-Michel Blanquer à l’Éducation et à la Jeunesse et Bruno Le Maire à l’Économie. Le périmètre de leurs ministères a même été élargi : Bruno Le Maire se voit également chargé de la « relance », tandis que Jean-Michel Blanquer prend les sports – l’ancienne ministre des Sports, Roxanna Maracineanu se voyant reléguée au rang de ministre déléguée. C’est donc Jean-Michel Blanquer qui sera, officiellement, chargé de piloter le dossier des Jeux olympiques de 2024.
Olivier Véran, lui, reste ministre des Solidarités et de la Santé.
Parmi les changements notables, on notera bien sûr le départ de Christophe Castaner de la place Beauvau, au profit de l’ancien ministre chargé du Budget, Gérald Darmanin. Au budget, sous l’appellation nouvelle de « ministre délégué chargé des Comptes publics », on retrouve Olivier Dussopt, auparavant en charge de la fonction publique – poste qui échoit à Amélie de Montchalin, nommée ministre « de la Transformation et de la Fonction publiques ».
Écologie : pas de ministre d’État
On ne peut pas ne pas remarquer qu’il n’y a plus, dans ce nouveau gouvernement, de ministre chargé des Collectivités territoriales : ce poste, jusque-là occupé par Sébastien Lecornu, a disparu – l’ancien maire de Vernon héritant des Outre-mer. En attendant de savoir si un secrétaire d’État sera nommé à cette fonction, c’est donc Jaqueline Gourault qui va entièrement porter ce domaine.
On pouvait également s’attendre à une place plus importante donnée à l’écologie dans le nouveau gouvernement. Il n’en est rien. Certes, Barbara Pompili, qui remplace Élisabeth Borne, est une excellente connaisseuse du sujet : ancienne cadre d’Europe-écologie Les Verts, elle a été durant un an secrétaire d’État à la Biodiversité sous François Hollande et était, à l’Assemblée nationale, présidente de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire. Certes, elle est haut placée dans la hiérarchie du gouvernement, son ministère étant placé en deuxième position derrière celui des Affaires étrangères. Mais le Premier ministre et le chef de l’État n’ont apparemment pas souhaité en faire une ministre d’État, comme cela avait été le cas pour Nicolas Hulot et François de Rugy. Sans que l’on sache pourquoi, le terme de « solidaire » a disparu de l’intitulé du ministère de la Transition écologique.
Si les transports restent dans le giron du nouveau ministère de la Transition écologique, toujours sous la houlette de Jean-Baptiste Djebarri, on remarque que pour la première fois dans un gouvernement, le ministère chargé du Logement passe, lui aussi, sous la coupe de la Transition écologique. Cela laisse à penser que la rénovation énergétique des bâtiments sera l’axe central de l’action de ce ministère, confié à Emmanuelle Wargon.
Brune Poirson, qui a beaucoup fait parler d’elle sur les dossiers liés à l’économie circulaire, ne figure pour l’instant pas au casting.
Peu d’élus locaux parmi les nouveaux
Parmi les autres faits notables de ce remaniement, on signalera l’entrée au gouvernement d’un « partenaire social », en la personne d’Alain Griset, au poste de ministre délégué chargé des Petites et moyennes entreprises. Ancien président de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et d’industrie, Alain Griset est, depuis 2016, président de l’Union des entreprises de proximité.
Le numérique a pour l’instant totalement disparu du gouvernement : Cédric O, jusque-là chargé du numérique, n'est pour l'instant plus au gouvernement, et Julien Denormandie, qui suivait les questions d’aménagement numérique du territoire, est nommé ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Là encore, il faudra attendre la publication des noms des secrétaires d’État pour savoir comment et par qui le sujet sera traité.
Parmi les nouveaux ministres, il n’y a presque pas d’élus locaux (si l’on excepte le Premier ministre lui-même, ancien maire de Prades) : seule Brigitte Klinkert peut se targuer d’une action notable en tant qu’élue locale, elle qui était jusqu’alors présidente du conseil départemental du Haut-Rhin. Elle devient ministre déléguée chargée de l’Insertion, auprès d’Elisabeth Borne, nommée ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.
Gabriel Attal remplace Sibeth Ndiaye au poste de porte-parole du gouvernement. Toute la journée, les passations de pouvoir vont à présent se succéder, avant le premier Conseil des ministres qui aura lieu à 15 heures. Première annonce notable : la nouvelle ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a d’ores et déjà annoncé hier soir qu’elle allait organiser dans les prochains jours des « états généraux des festivals ».
Franck Lemarc
Accéder au décret sur la composition du gouvernement.
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