Mini-remaniement : Jacqueline Gourault quitte le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales
Par Franck Lemarc
Sa nomination, en 2018, au poste de ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, avait pour objectif de montrer que le gouvernement remettait les collectivités locales au cœur de son action. Quatre ans plus tard, après avoir joué un indiscutable rôle de facilitatrice dans les relations houleuses entre le gouvernement et les associations d’élus, Jacqueline Gourault quitte le gouvernement pour rejoindre, pour trois ans, le collège des Sages de la rue Montpensier.
Retour des collectivités locales
Cela avait été l’une des surprises de la première partie du quinquennat Macron : aucun ministère de plein droit, ni même de secrétariat d’État, consacré aux collectivités territoriales, et seulement un grand ministère de la Cohésion des territoires tenu, au départ, par le très éphémère Richard Ferrand, avant que celui-ci doive passer la main au discret Jacques Mézard.
Mais ça, c’était avant : avant la crise des Gilets jaunes et le fait que le gouvernement réalise que passer par-dessus les « corps intermédiaires », à commencer par les collectivités locales, pouvait être assez dangereux. L’erreur ne sera pas réitérée : lors du remaniement ministériel d’octobre 2018, le deuxième gouvernement d’Édouard Philippe comprend désormais un grand ministère « de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales » (MCTRCT), confié à Jacqueline Gourault, avec sous sa tutelle un ministre de plein droit chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu. Le gouvernement va alors même plus loin en faisant passer la puissante DGCL (Direction générale des collectivités locales) de la tutelle du ministère de l’Intérieur à celle du nouveau MCTRCT.
Le nom des ministres choisis pour exercer ces nouvelles responsabilités ne devait rien au hasard : alors que le premier gouvernement, très marqué par la « société civile », était accusé d’être « hors-sol » et de ne rien comprendre aux réalités des élus locaux, Édouard Philippe avait choisi de confier le nouveau super-ministère à une ancienne membre dirigeante de l’AMF, maire pendant 25 ans de la Chaussée-Saint-Victor (Loir-et-Cher) et ancienne présidente de la communauté d’agglomération de Blois, présidente pendant des nombreuses années de la commission intercommunalité de l’AMF. Quant à Sébastien Lecornu, il était auparavant maire de Vernon et président du conseil départemental de l’Eure.
Facilitatrice
Pendant toute la durée de son ministère, Jacqueline Gourault a prêté une oreille un peu plus attentive aux revendications des associations d’élus que d’autres ministres et a plusieurs fois plaidé – sans toujours rencontrer le succès – pour infléchir la politique du gouvernement dans un sens plus favorable aux collectivités. Elle a en particulier été à la manœuvre pour permettre une issue favorable à la toute récente loi 3DS et faire en sorte que certaines demandes des associations d’élus soient satisfaites.
Désignée par le chef de l’État pour remplacer Nicole Maestracci au Conseil constitutionnel, bien qu’elle ne soit nullement juriste (elle est, à l’origine, professeure d’histoire-géographie), Jacqueline Gourault vient donc de quitter le gouvernement. Son poste à la direction du MCTRCT est repris par Joël Giraud, jusqu’alors secrétaire d’État chargé de la Ruralité, fonction désormais supprimée. Auprès de lui, Nadia Hai, ministre déléguée chargée de la Ville, reste en fonction. Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, passe en partie sous la tutelle du MCTRCT.
Enfin, le gouvernement a annoncé l’éviction du gouvernement de Nathalie Élimas, jusqu’alors secrétaire d’État chargée de l’Éducation prioritaire. Visée par une enquête administrative pour « harcèlement moral » et par des accusations de « maltraitance » sur ses collaborateurs, Nathalie Élimas, qui nie les faits, a donc été exfiltrée et ne retrouvera pas son siège de députée du Val-d’Oise pour cause de vacance parlementaire. Elle n’est pas remplacée au gouvernement.
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