Les associations d'élus espèrent que le nouveau Premier ministre poursuivra le « dialogue » engagé par Élisabeth Borne
Par Franck Lemarc
Comme il est d’usage à chaque nomination à Matignon, les réactions pleuvent. Si, du côté des associations d’élus, on souhaite bonne chance au nouveau Premier ministre, sans a priori, les réactions sont forcément plus tranchées du côté des politiques .
Les associations d’élus ouvertes au dialogue
Le président de l’AMF, David Lisnard, a adressé hier soir ses « félicitations » à Gabriel Attal en émettant le vœu que se poursuive « le dialogue engagé par Élisabeth Borne », pour « voir enfin avancer les libertés et responsabilités locales ». À Régions de France, on salue « les qualités d’écoute » du nouveau Premier ministre, et on souhaite « (qu’) une rencontre puisse rapidement permettre de bâtir un calendrier de travail conjoint pour la France : économie, mobilités, éducation, santé et environnement ». Même tonalité pour François Sauvadet, président de Départements de France, qui a félicité hier le Premier ministre et souhaité « poursuivre un dialogue confiant et exigeant avec le gouvernement à l’heure où beaucoup de nos départements connaissent de grandes difficultés. Le réarmement doit passer par les territoires ».
Villes de France a salué, elle aussi, Élisabeth Borne et « le dialogue constant qu’elle a su entretenir avec les représentants des collectivités ». L’association adresse ses « félicitations républicaines » à Gabriel Attal et se dit « à son entière disposition pour échanger avec lui sur les nombreux enjeux auxquels sont confrontées les villes à taille humaine, allant de la revitalisation des centres-villes à la transition énergétique, en passant par la sécurité et les enjeux budgétaires ».
Michel Fournier, président de l’AMRF (maires ruraux), a lui signé un communiqué hier soir pour adresser, certes, ses félicitations au nouveau Premier ministre, mais surtout pour exiger, dans un contexte où l’on parle de gouvernement « resserré », « le maintien d’un ministère en charge de la ruralité, affecté spécialement à cette seule tâche en particulier pour accélérer la mise en œuvre du plan France ruralités ». Il s’agirait d’ailleurs, en la matière, non d’un « maintien » mais d’un nouveau choix : dans le précédent gouvernement, la ministre Dominique Faure n’était pas « spécialement affectée » à la ruralité, mais avait également le portefeuille des collectivités territoriales.
Réactions politiques
Les attentes sont un peu moins bienveillantes dans le monde politique. Au-delà des réactions forcément chaleureuses du camp Renaissance, c’est le parti LR qui se montre le plus ouvert vis-à-vis du nouveau Premier ministre, le président du parti, Éric Ciotti, lui adressant « des souhaits de réussites ». « Comme nous l’avons toujours fait, poursuit Éric Ciotti, Les Républicains s'inscriront dans une opposition responsable et rigoureuse au service d'une alternative crédible capable d'engager l'indispensable sursaut français ». L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin juge que la nomination de Gabriel Attal « est un choix de bon sens » et y voit « une reprofessionnalisation de la politique ».
Étonnamment, c’est du meilleur allié d’Emmanuel Macron, François Bayrou, qu’est venue une des premières piques à l’adresse de son nouveau Premier ministre. Dans Le Parisien, ce matin, le maire de Pau « s’interroge » en effet sur la jeunesse de Gabriel Attal et « l’expérience nécessaire pour être à la tête d’un pays qui traverse de si grandes difficultés ». L’ancien Premier ministre Édouard Philippe, autre allié du chef de l’État opposé à la nomination de Gabriel Attal à Matignon, a, lui, choisi de ne pas réagir sur Twitter, ce qui est une réaction en soi.
À gauche, sans surprise, la nomination de ce très proche d’Emmanuel Macron est vue comme un non-événement : « Emmanuel Macron se succède à lui-même », twittait hier Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Et de déclarer, un peu plus tard : « Si le chef de l’Etat souhaite réellement faire confiance à la jeunesse, qu’il commence par ne pas la caporaliser avec l’uniforme et le SNU. Qu'il fasse plutôt confiance à sa vitalité ; qu'il l’écoute quand elle parle de climat et se bat pour un avenir plus désirable. » Pour le PCF, Fabien Roussel a dit vouloir demander au nouveau Premier ministre « un rendez-vous au plus vite pour agir contre la vie chère » et « la smicardisation de la France ». Il souhaite lui demander de « s’engager à ne plus utiliser le 49-3 ». La France insoumise, quant à elle, a d’abord réagi par la voix de Jean-Luc Mélenchon : « Attal retrouve son poste de porte-parole. La fonction de Premier ministre disparaît. Le monarque présidentiel gouverne seul avec sa cour. » LFI a d’ores et déjà annoncé son intention de demander au nouveau Premier ministre d’engager la confiance de l’Assemblée nationale après son discours de politique générale (Élisabeth Borne ne l’avait pas fait), faute de quoi le groupe déposera une motion de censure.
Au RN, enfin, on ne se montre guère plus enthousiaste, estimant là aussi que Gabriel Attal n’est que « le clone » d’Emmanuel Macron. « Que peuvent espérer les Français de ce 4e Premier ministre et de ce 5e gouvernement en sept ans ? Rien. Lassés de ce ballet puéril des ambitions et des egos, ils attendent un projet qui les remette au cœur des priorités publiques », a déclaré Marine Le Pen hier. Le RN a toutefois rejeté l’idée de voter la censure du gouvernement dès sa nomination : « Il n’y a pas de raison de censurer a priori un gouvernement qui n'a encore rien annoncé », a déclaré hier le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy.
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