Gabriel Attal annonce un durcissement des conditions d'indemnisation du chômage
Par Franck Lemarc
Le Premier ministre a qualifié, hier soir sur TF1, la situation budgétaire de la France de « sérieuse », alors que l’Insee a confirmé que le déficit budgétaire de l’État s’était établi à 5,5 % l’an dernier, bien au-delà des 4,9 % espérés par le gouvernement (lire Maire info d’hier). Il a assuré que l’État n’avait pas dépensé plus que prévu, mais que « on a eu en revanche moins de recettes que prévu ». Il a également pointé le problème de la dette, qui pèse lourdement sur les finances publiques : « On dépense aujourd’hui (…) 50 milliards d’euros par an pour payer les intérêts de notre dette. Cet argent, je préférerais le mettre dans nos écoles, nos hôpitaux, notre police ».
Diminution de la durée d’indemnisation
Pour faire face à cette situation, le gouvernement, on le sait, va présenter un budget pour 2025 qui sera marqué par la « rigueur », le mot a été utilisé par le Premier ministre, pour la première fois, devant les députés avant-hier. Les propositions seront rendues publiques « fin juin », a confirmé Gabriel Attal. Avec une constante, sur laquelle le gouvernement semble décidé à tenir bon : pas d’augmentation d’impôts pour augmenter les recettes – que ce soit les impôts des particuliers ou ceux des entreprises, a précisé le chef du gouvernement.
Si l’exécutif est décidé à réduire les dépenses par tous les moyens – y compris celles des collectivités territoriales –, il juge qu’il existe au moins un moyen d’augmenter les recettes sans augmenter les impôts : c’est qu’il y ait « davantage de Français qui travaillent », puisque chaque nouvel emploi génère des recettes supplémentaires en cotisations salariales et patronales. Il y aura donc bien « une réforme de l’assurance chômage dans l’année », a déclaré le Premier ministre, qui juge – ce qui ne fait pas l’unanimité – que les conditions d’indemnisation des chômeurs sont trop favorables et « n’incitent pas » à retrouver un emploi.
Plusieurs « pistes » ont été évoquées hier soir : la diminution de la durée d’indemnisation, actuellement fixée à 18 mois, et qui pourrait être diminuée « de plusieurs mois », sans aller « en dessous de 12 mois ». Ou encore « le temps qu’il faut avoir travaillé pour bénéficier du chômage », qui est de 6 mois sur les deux dernières années aujourd’hui. Ces deux pistes ont « la préférence » du Premier ministre, qui ne ferme toutefois pas la porte à une troisième, la baisse brute des indemnités.
Selon Gabriel Attal, les choses devront avoir été tranchées « à l’été » pour que la réforme « entre en vigueur à l’automne ».
Ces annonces ont provoqué de vives réactions à gauche et du côté des associations de chômeurs ou d’aides aux plus démunis, qui estiment que cette réforme pourrait faire exploser – encore un peu plus – le nombre de personnes dans la très grande pauvreté.
La ministre du Travail, Catherine Vautrin, a voulu calmer le jeu, ce matin, sur Franceinfo, en affirmant que rien n’est tranché et que ces annonces de Gabriel Attal sont « des positions de négociation » avec les partenaires sociaux.
Pistes d’économies
D’intenses réflexions sont toujours en cours au gouvernement pour chercher et trouver des pistes d’économies et tenter de ne pas renoncer à l’objectif d’un retour du déficit sous les 3 % en 2027, en passant par une première étape de 4,4 % l’an prochain – objectif que la puissante agence de notation Moody’s a qualifié hier « d’improbable ».
Avant même l’annonce du projet de loi de finances pour 2025, qui devrait acter 20 milliards de coupes budgétaires, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé hier qu’il y aurait « des économies supplémentaires » dès 2024, en plus des 10 milliards déjà annoncés en février. Ce qui laisse présager, cette fois, un projet de loi de finances rectificatives.
Pour y réfléchir, le ministre a convoqué cet après-midi à Bercy des parlementaires « de la majorité et des oppositions » pour entendre leurs « propositions ». Tous les groupes parlementaires ont accepté l’invitation, sauf Les Républicains.
Une deuxième réunion, cette fois avec les représentants des associations d’élus, est prévue le 9 avril, pour chercher « des pistes d’économies » dans le budget des collectivités locales.
Enfin, la commission des finances du Sénat a annoncé hier qu’elle lançait une mission d’information afin de « faire la lumière complète sur la dégradation des finances publiques depuis 2023 », et tenter de comprendre comment le gouvernement a pu faire voter un budget, fin décembre, et découvrir à peine un mois plus tard que celui-ci était caduc au regard de la situation budgétaire.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Sécurité civile : le gouvernement s'oppose à un financement pérenne des associations agrééesÂ
Le nombre de commerces se réduit, mais les zones peu denses s'en sortent le mieuxÂ
Les collectivités pourront louer aux plus modestes certains véhicules voués à la casseÂ