Fusion Suez-Veolia : les députés de la majorité interpellent à leur tour le gouvernement
Après les points de « vigilance » soulevés par l’AMF il y a quinze jours, ce sont maintenant les députés du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale qui interpellent le gouvernement pour leur faire part de leurs inquiétudes vis-à-vis du projet de fusion entre les deux géants de la distribution de l’eau, Veolia et Suez.
C’est par un courrier au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qu’une quarantaine de députés du groupe LaREM (dont ne fait pas partie leur président Christophe Castaner) a fait état, vendredi 3 octobre, de leur « inquiétude » et de leurs « craintes profondes » sur la possible fusion entre les deux groupes.
Rappelons d’abord où en est ce dossier : alors que le gouvernement a pris position, en début de semaine dernière, pour demander que cette fusion ne donne pas lieu à une OPA (offre publique d’achat) hostile de la part de Veolia, un nouveau protagoniste est apparu : le 1er octobre, le fonds d’investissement Ardian (ancienne filiale du groupe Axa) a fait part de son intention de se porter candidat au rachat des 29,9 % de Suez que souhaite céder le groupe Engie, et que Veolia veut racheter. Cette proposition recueille le soutien de la direction comme des syndicats du groupe Suez.
Un délai supplémentaire de cinq jours a été décidé pour examiner les offres – il prend fin aujourd’hui. Pour les députés signataires du courrier, ce délai n’est rien d’autre qu’une « mascarade ». En effet, écrivent-ils, « le fonds Ardian a besoin d’une quinzaine de jours afin de formuler une offre solide et crédible ».
Prix de l’eau et conditions de concurrence
Les députés réclament que « du temps » soit donné, car « 150 ans de notre histoire industrielle ne peuvent pas être tranchés en cinq jours par un conseil d’administration ». Ils souhaitent qu’une « mission parlementaire » puisse « éclairer l’opinion publique sur les conséquences de cette fusion pour les biens publics ». Reprenant les interrogations soulevées par François Baroin, André Laignel et Philippe Laurent dans leur lettre au Premier ministre (lire Maire info du 17 septembre), les députés rappellent que « des élus locaux s’interrogent à raison sur les conséquences d’une moindre concurrence sur les prix de la gestion de l’eau et des déchets, mais aussi sur la qualité de service et la capacité d’investissement du nouveau géant ». Aux yeux des députés, « cette question majeure mérite a minima que la représentation nationale s’en saisisse ».
Les députés estiment que cette fusion, si elle avait lieu, aurait en outre « des effets délétères à l’international », car les règles de concurrence obligeraient le nouveau groupe, en situation de monopole, « à céder dans de nombreux pays ses activités à d’autres acteurs et notamment des acteurs étrangers ».
Par ailleurs, alors que le pays vit « la pire crise économique du siècle », les députés posent la question cruciale de l’emploi : « Des études sérieuses évaluent les destructions d’emplois », si la fusion avait lieu, « à 5 000 en France et 10 000 dans le monde ». « Aucune fusion n’a produit des emplois », rappellent les députés, qui n’apportent apparemment guère de crédit aux engagements de Veolia sur ce sujet : « Les engagements n’ont qu’un temps. »
Proposition de loi anti-OPA
Aussi, les parlementaires demandent à Bruno Le Maire de « donner du temps au temps ». Les députés annoncent que dès aujourd’hui, une proposition de loi va être déposée pour « interdire les OPA hostiles durant l’état d’urgence sanitaire ». Une idée qui peut surprendre, dans la mesure où l’état d’urgence sanitaire… est terminé depuis le 11 juillet. Néanmoins, sur le fond, l’idée des députés est claire : dans la période actuelle, « l’intérêt national n’est pas dans ce genre de bataille mais à la solidarité entre tous ». Les députés Marcheurs vont proposer à l’ensemble des groupes politiques du Palais Bourbon de cosigner leur texte, « car cette question n’est pas une question partisane mais une question d’intérêt général ».
F.L.
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