Paris passe en zone « écarlate », les bars ferment mais pas les restaurants
C’était plus que prévisible : le gouvernement a annoncé dimanche soir que Paris et les départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) passent, dès aujourd’hui, en zone d’alerte maximale, avec pour première conséquence la fermeture des bars dès le mardi 6 octobre et au moins jusqu’au lundi 19 octobre inclus. Parallèlement, un allègement des mesures de fermeture des restaurants, dans les zones d’alerte maximale, a été décidé.
Les bars fermés à Paris et sa proche banlieue
La nouvelle est tombée à 21 h 30, dimanche soir : la capitale et ses trois départements limitrophes, le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine, sont placés en zone d’alerte maximale pour au moins 15 jours. La maire de Paris elle-même, Anne Hidalgo, a dans la foulée montré son plein accord avec cette décision en décrivant la situation de la capitale comme « très grave ».
Lors d’une conférence de presse, ce matin en fin de matinée, Anne Hidalgo et le préfet de police de Paris Didier Lallement ont détaillé les mesures qui vont s’appliquer dans ces territoires, où les indicateurs sanitaires sont dégradés : 36 % des lits en réanimation dans les hôpitaux d’Île-de-France sont occupés par des patients covid-19. Celles-ci ont pour objectif de limiter les grands rassemblements, empêcher les activités à risque et de réguler les autres types d'activités pour permettre à la vie économique et sociale de se poursuivre, explique la préfecture de police.
Parmi « les mesures de freinage » prises pour contrer « l’épidémie (qui) va trop vite », la fermeture des bars a bien été confirmée à compter de demain. Un bar étant un établissement dont l'activité principale est la vente de boissons alcoolisées. « Il faut freiner maintenant avant que les services de soins soient débordés ».
Restaurants : un sursis
Une bouffée d’oxygène a en revanche été délivrée aux restaurateurs puisque, comme l’avait annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran, jeudi, ils pourront rester ouverts aux horaires habituels. Le protocole « renforcé » mis au point sur propositions de cette branche professionnelle a été validé par le Haut conseil de santé publique. Il s’appliquera dans les zones d’alerte renforcée et dans les zones d’alerte maximale, où, jusqu’à présent, les restaurants devaient totalement fermer.
Ce protocole sera détaillé dans la journée par les ministres compétents, a annoncé Matignon hier soir, et fera l’objet d’arrêtés préfectoraux dans les départements concernés. Il ne s'appliquera, répétons-le, uniquement qu’aux restaurants et non aux bars qui ne disposent pas d’une licence dite « grande restauration ».
De ce que l’on sait ce matin, au moins trois mesures vont être décidées : la limitation des tablées à six personnes au lieu de dix ; l’obligation de paiement à la table et non au comptoir, pour limiter les déplacements ; et l’obligation de recueillir les coordonnées des clients, afin de pouvoir prévenir les cas contacts (cahier de rappel). Une distance d'un mètre, et non d'1,5 mètre comme cela avait été à un moment envisagé, entre les tables devra, en outre, être respectée.
Dès la parution de l’arrêté préfectoral – probablement demain – les restaurants vont donc pouvoir rouvrir à Marseille et Aix-en-Provence. Et ils ne fermeront pas à Paris et en banlieue.
Les rassemblements limités à 10 personnes sur la voie publique
Les rassemblements continueront, quant à eux, à être limités à 1 000 personnes, pour ce qui est des grands événements, et à 10 personnes sur la voie publique et dans les parcs et jardins. « Les manifestations revendicatives » ne sont pas concernées par cette restriction tout comme il n’est pas question d’appliquer cette jauge aux cérémonies funéraires dans les cimetières, aux marchés, aux rassemblements professionnels (tournages, visites guidées, chantiers sur la voie publique…), aux distributions alimentaires et l'aide aux plus vulnérables. La vente à emporter et la consommation d’alcool sur la voie publique ainsi que la diffusion de musique amplifiée après 22 heures restent interdites.
Les mariages maintenus mais pas les fêtes familiales
Les événements festifs et familiaux dans les établissements recevant du public (ERP) sont désormais interdits. Les mariages pourront, en revanche, encore être organisés en mairie ou dans les lieux de culte si le nombre d'invités est inférieur à 30. Les enterrements ne sont pas concernés par les restrictions.
Les piscines et les gymnases ouverts aux mineurs
Les clubs de jeux, les salles de danse, les salles de jeux sont, pour les quinze prochains jours, fermés au public tout comme les foires et salons (congrès…) et les parcs des expositions. Les cirques sous tente ou chapiteaux n’auront pas lieu non plus.
Il a été décidé de fermer également les gymnases, les salles polyvalentes et les piscines à Paris et en petite couronne. Les publics mineurs pourront être accueillis dans ces trois types de structures « que ce soit dans un cadre scolaire, associatif ou privé » compte tenu de l’approche des vacances de la Toussaint, a précisé le préfet de police. Dans la journée, le ministère chargé des Sports a ajouté que ces restrictions ne remettaient pas en cause l'accès à ces équipements pour « les mineurs dont les activités sont encadrées par des éducateurs d’associations, de délégataires de service public ou de collectivités, l’ensemble des sportifs de haut niveau inscrits sur les listes, les sportifs professionnels et les publics en formation professionnelle ».
Les clubs de sport et de fitness, eux, resteront fermés à tous. De leur côté, les équipements de plein air, comme les stades, pourront ouvrir s’ils accueillent moins de 1000 personnes ou 50% de leur capacité maximale si elle est inférieure à 1000 personnes. De cette façon, les Internationaux de France de Roland-Garros ainsi que les saisons de football et de rugby ne seront pas interrompus.
Un client par espace de 4 mètres carrés dans les centres commerciaux
Les centres commerciaux et les grands magasins devront dorénavant faire en sorte d’accueillir un client par espace de quatre mètres carrés. Les services de transport ne sont pas concernés par ces restrictions. Le télétravail est encouragé dans les entreprises et les administrations.
Visites sur rendez-vous dans les Ehpad
Les visites restent autorisées dans les Ehpad mais elles s'organiseront sur rendez-vous avec deux personnes maximum si possible dans un espace dédié, y compris le week-end et hors des horaires de journée, a annoncé Aurélien Rousseau, le directeur général de l'Agence régionale de santé d'Île-de-France. Celles-ci pourraient, en recanche, être suspendues en cas de non-respect des mesures barrières par les visiteurs.
Les sorties collectives n'auront pas lieu pendant ces quinze prochains jours, et les sorties individuelles ou dans les familles seront limitées. Un dépistage préventif de tous les professionnels sera mis en place tous les 14 jours, et des protocoles de tests antigéniques seront testés dans 80 Ehpad d'Île-de-France.
Universités : limitation de la fréquentation des amphis
Autre annonce faite hier soir par Matignon : les universités vont devoir veiller à ne remplir les amphithéâtres mais aussi les réfectoires qu’à « 50 % de leur capacité ». Cette mesure ne s’appliquera (dès mardi) pas seulement aux zones d’alerte maximale mais également aux zones d’alerte renforcées, c’est-à-dire à presque toutes les grandes villes universitaires. Les universités vont, apparemment, demander aux étudiants de venir en cours une semaine sur deux, par groupes. Les soirées étudiantes sont à proscrire ces deux prochaines semaines, le taux d’incidence chez les jeunes de 20-30 ans a dépassé 500 pour 100 000.
La situation épidémique ne cesse de se dégrader. Plusieurs métropoles, dont Lille, Lyon, Grenoble ou Saint-Étienne, pourraient rejoindre dès la fin de la semaine Paris, Marseille et la Guadeloupe au rang des zones « écarlates ». Presque 7 000 personnes sont hospitalisées dans le pays pour un covid-19, dont 1 335 en réanimation.
Hier, par décret du ministère de la Santé, trois nouveaux départements ont été ajoutés à la liste des territoires en zone de circulation active du virus : les Hautes-Alpes, la Corrèze et l’Yonne. Ce sont donc 74 départements ou collectivités qui entrent à présent dans cette classification.
Franck Lemarc et Ludovic Galtier
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