Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 6 février 2023
Fonction publique

Stanislas Guerini dévoile son plan pour redorer le blason de la fonction publique

Lors d'un déplacement à Nantes le 1er février, puis le lendemain devant le Conseil commun de la fonction publique, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a présenté les grands axes d'un projet destiné à redynamiser l'attractivité de la fonction publique.

Par Emmanuelle Quémard

Accès à la fonction publique, carrières et parcours professionnels, rémunérations conditions de travail, logement des agents les plus modestes… Tels sont les principaux leviers que Stanislas Guerini entend actionner pour booster l’attractivité d’une fonction publique qui peine à se régénérer par l’intégration de nouveaux profils. Profitant d’un déplacement à Nantes où était célébré, le 1er février, le cinquantième anniversaire de l’Institut régional d’administration (IRA), le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a annoncé l’ouverture prochaine de discussions sur ces thématiques avec les représentants des employeurs publics et des syndicats. Si aux yeux de certains représentants syndicaux, ces annonces gouvernementales apparaissent comme un contre-feu face aux tensions sociales provoquées par la réforme des retraites, Stanislas Guerini a pour sa part plaidé l’urgence à agir pour redynamiser le secteur dont il a la charge.

« L’attractivité de la fonction publique est ma première priorité. C’est le grand chantier de cette année 2023 », a-t-il martelé tout en soulignant que 50 000 emplois sont actuellement non pourvus dans les trois versants et que « les candidats aux concours sont deux fois moins nombreux qu’il y a dix ans ».

Pour remédier à cette situation, le ministre a présenté un plan d’action destiné à « mieux valoriser les agents, leur travail, et leurs compétences ».

Diversifier les profils et les compétences des agents

Le premier axe du dispositif esquissé par Stanislas Guerini porte sur l’amélioration de l’accès à la fonction publique. L’objectif affiché par le gouvernement étant de « diversifier davantage les profils et les talents qui choisissent le service public »  et de « lever les mauvaises barrières à la compétence et à l’accès à la fonction publique ». Dans ce but, le ministre a souhaité « repenser la question des concours d’accès pour en faire une voie d’accès dans une logique professionnalisante »  et non « comme une suite d’épreuves théoriques qui comportent parfois des biais sociaux, culturels, de genre qui peuvent éloigner de la fonction publique des profils dont on a incroyablement besoin aujourd’hui ». 

Parmi les outils qu’il entend utiliser dans les prochaines années, le ministre a notamment cité l’apprentissage – appelé à devenir « une réelle voie d’entrée dans la fonction publique »  – et le mentorat qu’il souhaite multiplier par trois (2500 agents publics ont actuellement un statut de mentor).

S’appuyer sur les métiers et la formation pour développer les mobilités

Le second grand chantier prochainement engagé concernera la redynamisation des trajectoires et des parcours professionnels des agents. « Je souhaite que notre clé d’entrée dans la fonction publique soit davantage celle des métiers et des univers professionnels que des spécificités statutaires de tel ou tel », a indiqué Stanislas Guerini qui a par ailleurs dénoncé « les mobilités de papier ». « Lorsque nous regardons le concret des rémunérations, la portabilité des droits, l’impression est plutôt que tout est fait pour dissuader les agents d’être mobiles », a-t-il ajouté en insistant sur la nécessité d’utiliser la formation professionnelle comme un « accélérateur de carrières ».

Concernant l’emploi des séniors dans la fonction publique, le ministre s’est dit favorable aux changements de métiers pour les agents les plus âgés et les plus exposés à la pénibilité afin de les accompagner vers des métiers dits « sédentaires ».

Repenser le système des rémunérations, améliorer les conditions de travail

Le troisième pivot de la réforme dévoilée par le ministre porte sur « la remise à plat de la question des rémunérations ». Constatant « les limites indéniables du système actuel », Stanislas Guerini a estimé qu’il est « très difficile de parler d’attractivité de la fonction publique quand un agent de catégorie C, avec l’écrasement des grilles, va franchir des échelons sans augmentation de sa rémunération ». Sur ce point, le gouvernement entend agir sur « tout ce qui est autour de la fiche de paye ». Il s’agit notamment d’améliorer les conditions de travail des agents en plaçant le management au centre du pilotage des administrations, en simplifiant le quotidien des personnels ou encore en agissant sur l’environnement de travail (notamment numérique) des acteurs publics. Parmi les autres chantiers que le ministre se propose d’engager, citons la prévention de l’usure professionnelle (un fonds de prévention de 100 millions d’euros par an sera créé), l’égalité professionnelle via l’élargissement du dispositif des nominations équilibrées ou encore l’accès au logement en aidant notamment les agents aux plus faibles revenus et ceux qui travaillent sur les métiers les plus en tension à se loger.

Au CCFP, le dossier des retraites éclipse l’attractivité 

Vingt-quatre heures après avoir levé le voile sur son projet destiné à rendre la fonction publique plus attractive, Stanislas Guerini est revenu sur les propositions gouvernementales à l’occasion de la réunion d’installation du Conseil commun de la fonction publique (CCFP), dont la nouvelle composition est issue des élections professionnelles de décembre derneir. À cette occasion, si les organisations syndicales CGT, FO, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP ne se sont pas exprimées sur le fond des sujets abordés par le ministre, elles ont, en revanche, réaffirmé leur opposition unanime à la réforme des retraites portée par la Première ministre Élisabeth Borne. En outre, elles appellent les personnels des trois versants à se mobiliser lors des deux journées interprofessionnelles des mardi 7 et samedi 11 février prochains, et, d’ici là, « à multiplier les actions, initiatives, assemblées générales partout sur le territoire, dans les services, y compris par la grève ».

De leur côté, les employeurs territoriaux attendent le démarrage des discussions sur les principaux chantiers évoqués par Stanislas Guerini. « Il faut que le ministre explicite ses propositions, confie à Maire info Murielle Fabre, secrétaire générale de l’Association des maires de France. À ce stade, c’est encore très vague. Nous avons des points de consensus mais aussi d’achoppement sur les questions d’attractivité qui impactent la territoriale. Concernant certains métiers en tension par exemple, comme les secrétaires de mairie, les policiers municipaux ou encore les animateurs, les mesures catégorielles s’avèrent insuffisantes. Les employeurs territoriaux ont besoin de connaître la vision globale du gouvernement et les études d’impact des actions envisagées. Ils ne se contenteront pas de mesurettes. » 

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2