Maire-info
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Édition du mardi 26 octobre 2021
Fonction publique

Le temps de travail des agents des collectivités a reculé de 73 heures en 2020 à cause de l'épidémie

Le rapport 2021 sur l'état de la fonction publique montre que la crise sanitaire a sensiblement impacté l'organisation et le temps de travail des agents publics. Durée annuelle travaillée en baisse, durée hebdomadaire stable et hausse des absences pour raison de santé sont les principaux indicateurs mis en exergue.

Par Emmanuelle Quémard

Confrontée à une crise sanitaire inédite, la fonction publique a connu en 2020 une évolution sensible de ses politiques et de ses pratiques de ressources humaines. C’est ce que montre l’édition 2021 du rapport sur l’état de la fonction publique publié le 22 octobre par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP).

Ce document de référence qui compile de nombreuses données statistiques dans les domaines de l’emploi, des recrutements et des parcours professionnels, des retraites, de la formation, des rémunérations et des conditions de travail confirme notamment que les effectifs globaux des trois versants de la fonction publique ont continué de croître. Au 31 décembre 2019, ce sont, en effet, 5,61 millions de personnes qui travaillaient dans les services de l’État, les hôpitaux publics et les collectivités territoriales, soit 44 000 agents de plus que l’année précédente (+ 0,8 %).

Les progressions les plus fortes concernent la FPT (à égalité avec la FPE) qui voit ses effectifs croître de 0,9 %. Dans le détail, la territoriale enregistre 16 500 agents supplémentaires, une hausse qui s’explique en partie par la conversion de 8 500 contrats aidés en contrats de droit public. Hors contrats aidés, les effectifs des collectivités territoriales augmentent en réalité plus légèrement (+ 0,2 %). À noter qu’ils progressent de 0,6 % dans les communes, alors qu’ils y baissaient régulièrement depuis 2014.

Diminution « relativement contenue » 

Autre évolution notable soulignée par le rapport de la DGAFP : en 2020, le temps et l’organisation du temps de travail ont sensiblement été marqués par la pandémie de covid-19 dans les trois versants de la fonction publique. Pour l’ensemble de la sphère publique, les agents à temps complet (hors enseignants) ont travaillé 1 599 heures au cours de l’année, soit 41 heures de moins par rapport à 2019. Une diminution que la DGAFP qualifie de « relativement contenue », notamment au regard de la situation dans le secteur privé où la baisse de la durée travaillée a été beaucoup plus marquée (- 135 h) pour s’établir à 1 576 heures.

Si les personnels hospitaliers ont logiquement vu leur temps de travail augmenter pendant les vagues successives de l’épidémie, les agents de l’État et ceux des collectivités ont moins travaillé en raison de la situation sanitaire.

Dans la FPT, où la durée annuelle effective de travail s’est établie à 1 514 heures, c’est un recul de 73 heures travaillées par agent qui a été enregistré en 2020. Une baisse qui a été encore plus nette chez le personnel territorial à temps partiel (-82 heures). Le document de la DGAFP indique, par ailleurs, que dans ce contexte, la durée hebdomadaire habituelle de travail est restée stable pour les agents de la fonction publique à temps complet en 2020. Dans leur ensemble, ces derniers ont travaillé en moyenne 39,3 heures par semaine, soit plus que les salariés du secteur privé (39,2 heures). Pour les agents territoriaux, la durée hebdomadaire habituelle déclarée (38,5 heures) est restée stable par rapport à 2019. 

Baisse record du temps de travail des agents pendant le confinement

En matière de temps de travail, le rapport fait un zoom sur la période particulière du premier confinement, à savoir la séquence allant de mi-mars à mi-mai 2020. Deux mois pendant lesquels la DGAFP note que si, dans certains secteurs, « l’activité s’est brusquement arrêtée, le recours massif au travail à domicile a, au contraire, permis de contenir la chute de l’activité pour les secteurs ayant pu y recourir ».

Le document montre précisément que pendant ce laps de temps, la durée travaillée des agents à temps complet a ainsi fortement chuté par rapport à la même période en 2019 pour s’établir en moyenne à 25,4 heures effectivement travaillées par semaine, contre 31,9 heures sur la même période l’année précédente. Une chute plus marquée pour les agents de la FPT (- 34,8% de la durée travaillée) que pour ceux de la FPE (- 20,9%). Seuls les agents de la FPH ont connu une hausse de leur durée travaillée pendant cette période (+ 4,2 %) par rapport à 2019. 

Les absences pour raison de santé en hausse 

Selon le rapport, la part des agents de la fonction publique absents pour raison de santé a, logiquement, sensiblement augmenté entre 2019 et 2020, en particulier dans la FPT où ce taux a atteint 5,9 % (contre 4,8% pour l’ensemble des agents de la fonction publique). Dans le même temps, la durée globale des absences pour raison de santé s’est également allongée. En 2020, les agents publics se sont absentés en moyenne 10,8 jours au cours de l’année, soit 1,8 jour de plus par rapport à 2019, contre 10,3 jours dans le secteur privé (+1,5 jour). À noter que les territoriaux affichent une durée d’absence moyenne pour maladie de 13,7 jours. Là encore la pandémie explique en grande partie cette tendance à la hausse, même si la DGAFP note que « les conditions de travail (horaires de travail atypiques, risques psychosociaux, etc.) jouent aussi un rôle important dans les absences pour raison de santé ». 

Précisons enfin que les ASA (autorisations spéciales d'absence), qui ont forcément explosé pendant l'épidémie, ne sont pas décomptés comme des arrêts maladie, qu'elles soient dues au fait d'être cas contact ou à la garde d'enfants. 

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