La garde parentale en net recul pour les enfants d'agents publics
Par Emmanuelle Quémard
Comment les agents de la fonction publique s’organisent-ils pour faire garder leurs enfants de moins de trois ans ? Comment les différents modes de garde choisis impactent-ils les carrières et la vie familiale des personnels de l’Etat, des hôpitaux publics et des collectivités territoriales ? Telles sont les principales questions soulevées par une étude publiée hier par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP). Une étude qui montre à la fois l’évolution des pratiques observées au cours des vingt dernières années et la nécessité pour les employeurs publics de s’y adapter.
23 % des cadres gardent eux-mêmes leur enfant
Le document indique d’abord qu’en 2021, près d’un enfant sur quatre (23 %) âgé de 4 mois à trois ans est issu d’une famille au sein de laquelle un parent au moins est un agent de la fonction publique. Des familles qui continuent de privilégier la garde assurée par l’un des deux parents (39 %) - le plus souvent par la mère (76 %) - par rapport aux autres modes d’accueil tels que les crèches ou les haltes-garderies (28 %) ou encore les assistantes maternelles (27 %). Pour autant, les lignes paraissent avoir bougé au cours des dernières années.
L’étude met, en effet, en évidence le fait que « depuis 2002, la garde assurée à titre principal par l’un des parents est en recul (- 18 points), alors que symétriquement le recours à la crèche a augmenté (+13 points) lorsqu’un des parents est agent de la fonction publique ».
Une évolution qui s’explique essentiellement par la hausse du taux d’emploi des mères de famille. Ces dernières ont d’autant plus tendance à confier la garde de leur enfant à un tiers (à domicile ou à l’extérieur du foyer) qu’elles occupent un poste à responsabilité au sein de leur service ou de leur administration. Cette situation est cependant moins marquée dans la sphère publique, où 23 % des enfants dont la mère exerce une fonction de cadre sont gardés par l’un des parents, que dans le secteur privé, où la garde parentale ne concerne que 9 % des mères exerçant leur profession dans l’encadrement.
Lorsque les enfants des agents publics ne sont pas gardés par l’un des parents, ils sont quasiment autant confiés à une assistante maternelle (27 %) qu’à une structure collective (28 %). Dans ce dernier cas, il s’agit essentiellement de crèches municipales ou départementales (17 %), de crèches parentales ou familiales (4 %), de micro-crèches ou mini-crèches (4 %) et de crèches de personnels d’entreprises ou encore de haltes garderies (4 %). Sur ce point, l’étude souligne que l’accueil des enfants dans un établissement est passé de 15 % à 28 % en huit ans.
41 % des agents territoriaux optent pour la garde parentale
Le document de la DGAFP souligne, par ailleurs, que les familles où l’un des deux parents travaille dans la fonction publique hospitalière (FPH) ou dans la fonction publique territoriale (FPT) sont plus nombreuses à prendre en charge elles-mêmes la garde de leur enfant (41 %) que celles qui comptent en leur sein un agent de la fonction publique d’Etat (FPE) (39 %). A noter à titre de comparaison que la proportion atteint 48 % dans le secteur privé.
Autre enseignement : le mode de garde dépend également du nombre d’enfants, la garde parentale étant majoritaire dans les familles nombreuses. « Plus la fratrie est importante et plus les enfants sont gardés principalement par un de leurs parents. En effet, un enfant d’agent de la fonction publique sur deux, avec au moins deux frères et sœurs, est gardé par un de ses parents, contre moins d’un tiers s’il est enfant unique », précise l’étude.
La crèche, une solution plus urbaine que rurale
Le lieu d’habitation constitue également un facteur déterminant dans le choix du mode de garde. Dans l’agglomération parisienne, 39 % des enfants d’agents de la fonction publique sont gardés en crèche contre 17 % dans une commune rurale où le recours à une assistante maternelle est plus fréquent (39 %). « Les cadres sont plus souvent présents dans les grandes villes et c’est là aussi que les établissements d’accueil sont les plus nombreux, démontre l’étude. Ainsi, le recours aux crèches va de pair avec la taille de la commune de résidence. Plus un enfant habite dans une unité urbaine dense, plus il fréquentera la crèche ».
Interrogées dans le cadre de cette étude, les familles d’agents publics témoignent de leurs difficultés à trouver une place en crèche pour leurs enfants. Quatre familles sur dix déclarent que ce sont les services de la mairie, de la Caisse d’allocations familiales (CAF) ou de la Protection maternelle et infantile (PMI) qui ont été les plus utiles dans leurs démarches.
Parmi les familles qui déclarent avoir été aidées par l’employeur, elles sont 10 % lorsque l’un des parents au moins est agent de la fonction publique contre 7 % dans le secteur privé. Pour une famille de la fonction publique sur deux, la garde en crèche ne présente aucun inconvénient, alors qu’une sur dix trouve cette solution financièrement peu intéressante et une sur dix déplore des horaires d’ouverture inadaptés.
Télécharger l’étude.
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