Maire-info
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Édition du mardi 15 juin 2021
Fonction publique

Haute fonction publique : 84 % des agents publics approuvent les objectifs de la réforme

Un sondage Ipsos souligne que les mesures envisagées par le gouvernement recueillent globalement le soutien du grand public et des agents de la fonction publique, même si les opinions sont plus partagées sur certains objectifs spécifiques.

Par Emmanuelle Quémard

Malgré les diverses oppositions qui sont apparues ces dernières semaines, la réforme de la haute fonction publique est en marche. La dernière brique en date de ce projet gouvernemental a été posée le 2 juin 2021 avec une ordonnance définissant le cadre de cette transformation en matière de formation et de déroulement de carrière des cadres supérieurs de la fonction publique de l’État. Quel regard portent les Français sur la haute administration de l’État et sur la mutation qui se profile ? La perception du grand public diffère-t-elle de celle des agents de la fonction publique ? C’est à cette double question que répond le sondage réalisé par Ipsos pour le ministère de la Transformation et de la fonction publiques et publié le 14 juin (1). 

Peu de clivages entre l’opinion des Français et celle des agents

Une première salve de questions permet de dessiner un portrait du haut fonctionnaire tel que se le représentent les deux groupes de répondants. Ainsi, une majorité de Français décrit les agents de la haute fonction publique comme « très bien payés »  (89 %), indispensables au bon fonctionnement de l’administration (66 %), bien formés et efficaces (55 %). Une forte proportion de la population considère également que les hauts fonctionnaires bénéficient de trop de possibilités d’effectuer des allers-retours dans le privé (72 %), un secteur où, à poste égal, ils seraient mieux rémunérés (67 %). À noter que pour 82 % du grand public, les agents de la haute fonction publique sont éloignés des préoccupations des administrés.
L’opinion des agents publics est sur plusieurs points légèrement plus nuancée. Ils sont, en effet, moins nombreux (83 %) à estimer que la rémunération des cadres supérieurs de la fonction publique est très élevée et que ces derniers disposent de trop de facilités pour faire des incursions dans le privé au cours de leur carrière (62 %). En revanche, l’opinion des agents est comparable à celle des Français sur la qualité de la formation et l’efficacité des hauts fonctionnaires (56 %) et sur le rôle essentiel qu’ils jouent pour le bon fonctionnement des services publics (65 %). Comme le grand public, les agents sont, en outre, majoritairement convaincus que les hauts fonctionnaires sont déconnectés du quotidien des Français (81 %). 

La rémunération « très élevée »  des hauts fonctionnaires 

L’étude Ipsos zoome également sur l’opinion des agents selon les différents versants de la fonction publique et les catégories d’emploi auxquelles ils sont rattachés. Concernant la rémunération des hauts fonctionnaires, ce sont les agents territoriaux qui sont les plus nombreux à l’estimer « très élevée »  (85 %) devant les agents de l’État (82 %) et les personnels des hôpitaux publics (78 %). 
Pour 64 % des agents de la FPT, les hauts cadres de la fonction publique ont trop de possibilités d’effectuer des allers-retours dans le secteur privé ; un avis plus nettement exprimé qu’au sein de la FPE (63 %) et de la FPH (54 %). Les territoriaux sont également les plus nombreux (58 %) à estimer que les hauts fonctionnaires sont des « professionnels bien formés, efficaces et de qualité », un avis exprimé par 55 % des agents de l’État et des hôpitaux publics.
L’opinion selon laquelle les hauts cadres de la fonction publique sont éloignés du quotidien et des préoccupations des Français atteint des scores élevés dans les trois versants (82 % dans la FPT, 81 % dans la FPE et 78 % dans la FPH). L’analyse des réponses en fonction des catégories d’emploi fait apparaître une certaine homogénéité des opinions exprimées sur les salaires de la haute fonction publique. Les agents de catégorie A et B pensent à 83 % qu’elle est « très élevée », soit un point de plus que les agents de catégorie C (82 %). La formation et l’efficacité des hauts cadres est, par ailleurs, soulignée par 61 % des personnels de catégorie A contre 55 % dans la catégorie C et seulement 51 % chez les agents de catégorie B.

Une priorité, le rapprochement des hauts fonctionnaires et des Français

Le sondage Ipsos analyse également le point de vue des agents publics sur la réforme mise sur les rails par le gouvernement. Parmi les enjeux prioritaires de cette réforme, ces derniers citent d’abord le rapprochement des hauts fonctionnaires avec les préoccupations et le quotidien des administrés (50 % pour l’ensemble des agents et 48 % pour les seuls territoriaux). Ce sont les agents de catégorie B qui expriment le plus nettement cette opinion (59 %) alors que moins de la moitié des personnels de catégorie A (49 %) et C (47 %) considère cet objectif comme une priorité.
L’amélioration du fonctionnement de l’État et des services publics constitue également un enjeu essentiel pour 50 % des agents (46 % au sein de la FPT). En revanche, une minorité des agents de la fonction publique (29 %) juge que la réforme est un moyen de réaliser des économies, même si le personnel territorial est un peu plus nombreux (32 %) à partager cet avis. Autre enseignement : moins d’un agent sur trois (28 %) pense que la réforme vise à faire en sorte que les hauts fonctionnaires aient un profil plus représentatif de la diversité de la société française. 
Parmi les autres mesures envisagées par le gouvernement, les agents publics se déclarent très favorables au renforcement de l'évaluation des hauts fonctionnaires tout au long de leur carrière (80 %). Une priorité encore plus nettement exprimée par les territoriaux (82 %). D’autres pistes, comme par exemple la mise en place de dispositifs permettant de diversifier le profil des hauts cadres sont également plébiscitées par l’ensemble des agents publics (74 %) comme par ceux de la FPT (75 %). En revanche, la suppression du corps des préfets recueille une plus faible adhésion (52 % au total et 54 % dans la territoriale) ; celle de l’ENA remportant encore moins de suffrages (43 % pour l’ensemble des agents, 42 % dans la FPT). 

Les maires défendent l’institution préfectorale

Si le gouvernement trouvera dans ce sondage un motif de satisfaction puisque les mesures de la réforme recueillent le soutien de 87 % des Français et de 84 % des agents publics (score identique dans la FPT), du côté des élus locaux, la transformation de la haute fonction publique suscite davantage de réserves. Dans un communiqué publié le 14 juin, l’Association des maires de France (AMF) souhaite notamment que « l’institution préfectorale soit confortée ».
Estimant que le corps préfectoral « a tenu tout son rôle »  pendant la crise sanitaire et que « les préfets et sous-préfets sont des partenaires majeurs et appréciés des maires », l’AMF demande que « malgré sa dilution dans un vaste ensemble, l’institution préfectorale demeure attractive, respectée et compétente, comme elle l’est aujourd’hui ». Elle affirme que « la concertation avec les représentants des collectivités territoriales sur l’avenir de l’institution préfectorale semble une étape utile et nécessaire ».

(1) Cette enquête d’opinion Ipsos repose sur un questionnaire soumis par Internet à deux panels distincts : l’un de 998 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française dans son ensemble; l’autre de 800 agents issus des trois versants de la fonction publique.

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