Dans la foulée de son rapport sur l’attractivité de la fonction publique, publié en décembre dernier, France Stratégie vient de dévoiler le contenu d’une note d’analyse consacrée aux mobilités sociales dans les trois versants de la fonction publique. Intitulée Entrer et progresser dans la fonction publique, cette étude, s’appuyant sur les données d'une enquête Insee réalisée en 2014-2015, permet de comparer les trajectoires professionnelles des agents de l’État, des hôpitaux publics et des collectivités territoriales avec celles des salariés du secteur privé. 

Dans un premier temps, l’agence chargée d’éclairer le Premier ministre sur les grands enjeux environnementaux, économiques et sociaux explore les profils socio-économiques des femmes et des hommes qui intègrent la sphère publique. « La fonction publique demeure un débouché important pour les classes populaires », observe France Stratégie, en soulignant « qu’à niveau de diplôme comparable, les personnes d’origine populaire ont une probabilité plus élevée d’exercer dans l’un des trois versants de la fonction publique que dans le secteur privé ».  

Le document indique, en outre, que les agents des trois versants de la fonction publique sont globalement plus diplômés que les salariés du secteur privé. En effet, 37,1 % des fonctionnaires affichent un niveau d’étude « bac + 3 »  contre 20,8 % pour les salariés du privé. Un décalage qui s’explique essentiellement par le fait qu’être titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur est une condition quasiment obligatoire pour intégrer de nombreuses carrières publiques, en particulier au sein de la fonction publique de l’État.

Dans la FPE et la FPT, un cadre sur quatre est issu de milieu populaire

Autre constat : la mobilité sociale est plus dynamique dans la fonction publique que dans les entreprises privées. L’étude montre que les agents publics issus de milieu populaire accèdent plus facilement aux postes d’encadrement que les salariés du privé du même milieu. Même si la structure de l’emploi n’est pas identique dans les deux secteurs, France Stratégie estime qu’environ 25 % des cadres de la fonction publique de l’État (FPE) – hors enseignants – ont une origine sociale populaire. Une proportion que l’on retrouve à l’identique dans la fonction publique territoriale (FPT), alors qu’elle est seulement de 20 % dans la sphère de l’économie privée. France Stratégie note toutefois que « si les personnes d’origine populaire les plus diplômées (bac +3 et plus) deviennent plus fréquemment cadres dans le public que dans le privé, c’est le contraire pour les moins diplômées (baccalauréat ou moins) ». Une différence expliquée en partie par « des mobilités de carrière plus rares dans le public », en particulier au sein des fonctions publiques territoriale et hospitalière. Ainsi, les auteurs de la note d’analyse estiment que 21 % des agents ayant intégré la fonction publique à un poste d’employé deviennent cadres ou accèdent à une profession intermédiaire au cours de leur parcours professionnel contre 25 % dans le privé.

Les enfants de fonctionnaires, un vivier pour les métiers de la fonction publique

Autre particularité mise en lumière par l’étude : la surreprésentation des enfants d’agents du service public dans les effectifs des trois versants de la fonction publique. Selon France Stratégie, en 2020, 23 % des salariés du public avaient un père ayant exercé lui-même comme salarié du public (contre 12 % chez les travailleurs indépendants et 14 % chez les salariés du privé). Dans le même temps, le rôle joué par la mère apparait encore plus prégnant puisque 35 % des salariés du public avaient une mère travaillant ou ayant elle-même travaillé dans le public (contre 22 % des indépendants et 24 % des salariés du privé). À noter que la propension des agents publics à choisir le même statut que celui adopté par leur père ou leur mère n’est pas identique selon les deux sexes. France Stratégie souligne sur ce point que « la reproduction du statut du père est plus intense pour les fils que pour les filles ». Ainsi, 26 % des hommes salariés du public ont un père exerçant dans le public, contre 22 % des femmes salariées du public. « Lorsque les deux parents travaillent dans la fonction publique, la probabilité d’exercer soi-même dans la fonction publique est forte : elle atteint 45 % pour les femmes et 32 % pour les hommes ».

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