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Édition du vendredi 29 octobre 2021
Emploi

Et pourquoi pas de nouvelles maisons de l'emploi ? Alliance villes emploi en tête de pont

Les maisons de l'emploi devraient conserver leur ligne budgétaire dans la prochaine loi de finances. Alliance Villes emploi s'est mobilisée pour cela. Comme elle cherche à relancer les partenariats avec l'ADEME ou Territoires zéro chômeur longue durée, voire à relancer de nouvelles labellisations.

Par Emmanuelle Stroesser

Les maisons de l'emploi ont-elles déjà sauvé leur tête pour 2022 ? Cela y ressemble. C'est ce que veut croire le nouveau président de l'association qui les fédère, Yohan David. À la tête d'Alliance Villes Emploi, il a mené les négociations sur le projet de loi de finances 2022 avec la sénatrice de la Gironde Nathalie Delattre, l'ancienne présidente, à qui il a succédé fin septembre. De manière récurrente, depuis plusieurs années, les maisons de l'emploi doivent défendre bec et ongles leur ligne de crédits, en baisse depuis des années. « Nous sommes passés de 100 millions à 5 millions en dix ans »  résume Yohan David. 

Ces cinq millions restent à confirmer, puisqu'ils ont été rétablis par un amendement déposé par la députée du Tarn Marie-Christine Verdier-Jouclas, rapporteure sur la mission Travail et emploi, adopté dès l'examen en commission, avec le soutien du gouvernement. « Mais à la différence des années précédentes, nous avons obtenu que cet amendement intervienne en commission et non en séance plénière », précise Yohan David.

C'est ce qui le rend confiant pour que la poursuite de l'examen parlementaire ne le remette pas en cause. Et évite aux supporteurs des maisons de l'emploi de revivre une nuit de psychodrames comme en 2019 « lorsque l'amendement avait été adopté en séance à une heure du matin », se souvient-il. 

L’AMF dit également suivre ce point « avec attention »  et a demandé « à plusieurs reprises des financements accrus et pérennes »  pour soutenir les maisons de l’emploi déployées par les communes et intercommunalités, car « elles offrent des résultats probants en matière d’insertion et d’accompagnement vers l’emploi ».

15 nouvelles maisons en attente

L'importance de cette ligne budgétaire dépasse le montant en tant que tel, relativement dérisoire. « Sans cela, la majorité des maisons ne fermeraient pas, mais elles ne seraient plus membres du service public de l'emploi, ce qui, en revanche, remettrait en cause leur légitimité, leur place dans le tissu local et leurs relations avec les partenaires locaux  »  défend Yohan David. Or, « ce sont des outils territoriaux de l'emploi utiles »  et qui « méritent même d'être relancés », selon le président. Alliance Villes emploi estime qu'une quinzaine de nouvelles structures, qui aujourd'hui mènent un travail équivalent, pourraient être labellisées et ainsi rejoindre « l'écosystème ».

Moyennant une enveloppe supplémentaire de 2 millions d'euros. Les présidentielle et législatives à venir vont donner l'occasion de défendre le projet… L'association travaille à l'élaboration d'un livre blanc pour l'occasion. 

Une relance à surveiller

Le nombre de maisons de l'emploi reste stable, à 91. « Ce qui est sûr, c'est qu'elles ont bien résisté à la crise sanitaire, continuant à travailler, et apportant un soutien notamment aux TPE pour les aider dans leurs démarches, parce que ce sont ces TPE avec lesquelles elles travaillent pour trouver des emplois », observe l'ancien élu bordelais.

L'époque est à la reprise économique, avec un marché de l'emploi plutôt porteur, bien meilleur que les prévisions annoncées au plus fort de la crise sanitaire. « Nous sommes passés de 14 à 7 % de chômage », souffle Yohan David. « Nous ne voyons pas de signes indiquant une vague de faillites. Le seul risque à surveiller concerne le remboursement des prêts que les entreprises ont contractés. Il faut rester humble et besogneux » 

Des clauses sociales reparties à la hausse

Alliance Villes emploi reconsolide ses partenariats. Elle a pour cela signé, hier, une convention avec l'ADEME.  « Nous avons déjà travaillé ensemble à l'évolution des métiers du BTP liés à la transition écologique, notamment sur les questions de formation. L'enjeu aujourd'hui est d’accompagner l’ADEME dans la promotion et le développement des clauses sociales dans les marchés publics ».

Les maisons de l'emploi se sont fait une spécialité « d'outiller »  les acteurs locaux pour mettre en œuvre ces clauses qui permettent de réserver des « heures »  sur des lots pour l'emploi de personnes à priori plus éloignées de l'emploi. En 2019, on comptait 19 millions d'heure d'insertion. Leur nombre a baissé en 2020, mais bien moins que redouté. « Nous craignions une baisse de 20 à 30 %. Ce qui n'a pas été le cas, et depuis 2021, c'est reparti sur les chapeaux de roue », se félicite Yohan David.

Personne n'est inemployable

Autre partenariat relancé, avec l'association porteuse de l'expérimentation Territoires zéro chômeur longue durée*. « Nous avions une place au conseil d'administration mais nous n'y allions pas, ce sera chose faite avec Océane Charret-Godard, vice présidente de la région Bourgogne Franche-Comté, qui nous y représentera », savoure Yohan David.

Alliance Villes emploi fédère aussi les PLIE, plans locaux pour l'insertion et l'emploi. Il en existe 146 sur toute la France. Ils accompagnent près de 42 000 demandeurs d’emploi de longue durée. « C'est un outil essentiel et qui mériterait également d'être développé », souligne Yohan David. Leur financement repose en grande partie sur les fonds européens, le FSE. La nouvelle programmation 2021-2027 se met en place.

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