Enfants à la rue : 150 députés de tout bord veulent « mettre fin » au phénomène
Par A.W.
Des chiffres « alarmants » et particulièrement « inquiétants ». Alors que le nombre d’enfants vivant à la rue a « plus que doublé » depuis 2021, près de 150 députés de tout bord ont décidé de cosigner une proposition de résolution « visant à mettre fin au sans-abrisme des enfants » en France. L’objectif est de remettre le sujet en débat et d’« amorcer un changement de paradigme pour les enfants, leur famille et les professionnels qui les accompagnent ».
Reprenant les chiffres du baromètre Enfants à la rue publié cet été par la Fédération des acteurs de la solidarité avec l’Unicef, ils rappellent que ce sont 2 043 enfants - dont 467 de moins de trois ans - qui sont « restés sans solution d’hébergement à la suite de leur demande au 115 » dans la nuit du 19 au 20 août.
« Évolution inquiétante » du sans-abrisme
Un chiffre en progression de « 120 % » par rapport à 2021, selon la députée écologiste Marie-Charlotte Garin (Rhône) et le député Renaissance Lionel Causse (Landes), à l'origine de cette résolution, mais qui semble en reflu par rapport aux quelque 2 822 enfants à la rue décomptés, par l’Unicef, en octobre 2023.
Il n’en reste pas moins que ces données restent « très alarmantes », d’autant qu’elles ne sont « pas exhaustives ». En effet, elles « ne prennent pas en compte les nombreuses familles qui ne recourent pas ou plus au 115 ou qui n’obtiennent pas de réponse, ni les mineurs isolés laissés sans protection durant leurs recours judiciaires », dénoncent les députés signataires, qui rappellent que « la Coordination nationale jeunes exilé·es en danger a comptabilisé 3 477 jeunes en recours de minorité en mars 2024, dont 1 067 sont dans une situation de rue ».
Là encore, les élus estiment que ces données sont « révélatrices d'une évolution inqiétante du sans-abrisme et le signe d'une insuffisance des politiques publiques censées le faire disparaître ».
Face à l'aggravation des violations des droits des mineurs « sur l’ensemble du territoire », 27 organisations - dont la Cimade, la Fondation Abbé-Pierre ou la Ligue des droits de l’Homme - avaient déjà saisi, en mai dernier, le Conseil d’État afin de « contraindre les autorités françaises à mettre le dispositif de mise à l’abri et d’évaluation des mineurs isolés » en conformité avec le droit.
Des places supplémentaires
Face à la « détérioration croissante » des conditions d’accès à un logement et à la « saturation des dispositifs d’hébergement » qui en découle, les députés assurent de « l’urgence » de créer des places d’hébergement supplémentaires, malgré le « niveau historique » des 203 000 places qui y sont actuellement dédiées.
Un nombre « insuffisant pour répondre aux besoins grandissants », constatent Marie-Charlotte Garin et Lionel Causse, cette fois dans une tribune cosignée hier avec des associations dans La Croix, abvant de s’indigner : « Où est l’État ? Les 120 millions d’euros promis par le gouvernement en janvier 2024, correspondant à la création de 10 000 places d’hébergement supplémentaires et au renforcement de la politique du logement d’abord, n’ont jamais vu le jour ».
Dans ce contexte, le dépôt d’un amendement visant à créer ces 10 000 places supplémentaires sera discuté lors de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2025.
Transformation « qualitative » du parc
Reste que, pour tenir la promesse fixée par Elisabeth Borne en 2022 de « ne plus avoir aucun enfant à la rue », les députés jugent nécessaire de « dépasser la logique de court-terme qui prévaut actuellement » et « d’engager une politique ambitieuse et durable d’accès au logement ».
Ils proposent ainsi que le plan Logement d’abord soit accompagné d’une « programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement incluant une attention spécifique aux familles et comportant des objectifs ambitieux en termes de production de logement abordables ».
« Il semble par ailleurs nécessaire d’améliorer les conditions d’accueil et d’accompagnement des enfants hébergés, en particulier celles des 28 659 enfants vivant à l’hôtel », ajoutent les élus, jugeant ce mode d’hébergement « non seulement coûteux, mais aussi particulièrement inadapté à la vie familiale et aux besoins des enfants ».
Ils plaident donc pour « une programmation pluriannuelle » qui « pourrait permettre d’engager une transformation qualitative du parc d’hébergement se traduisant, entre autres, par une transformation progressive de l’offre de nuitées hôtelières et une adaptation du parc aux besoins spécifiques des familles ». Là aussi, un amendement allant dans ce sens est annoncé lors du débat budgétaire.
Enfin, il leur apparaît « essentiel » de doter de « moyens adéquats » le secteur de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion afin de « garantir un accompagnement global, continu et adapté aux besoins des familles et ainsi favoriser leur inclusion durable ».
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