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Édition du jeudi 21 mars 2024
Sécurité

En 2023, 15 000 infractions à caractère raciste ont été enregistrées en France

Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) vient de publier une étude sur les atteintes « Ã  caractère raciste » pour l'année 2023. Les crimes ou délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont augmenté de 32 % par rapport à 2022.

Par Lucile Bonnin

Les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré près de 15 000 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux sur l’ensemble du territoire français en 2023, dont 8 500 crimes ou délits et 6 400 contraventions.

Le ministère de l’Intérieur, et plus particulièrement le service statistique en charge de la sécurité intérieure, a dévoilé un rapport mercredi faisant le bilan statistique annuel des atteintes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux. « Les services de sécurité ont enregistré 8 800 victimes de crimes ou délits "à caractère raciste" en 2023 et 4 200 personnes mises en cause. À ces crimes et délits enregistrés en 2023, s’ajoutent 6 400 contraventions. » 

4 % des victimes portent plainte 

Les auteurs de l’étude indiquent d’abord que « la majorité de ces crimes et délits comme de ces contraventions, enregistrés par les forces de sécurité, sont des injures, provocations ou diffamations (61 % des délits et la quasi-totalité des contraventions) » , ce qui ne change pas des années précédentes. 

Ils notent cependant que si les contraventions « à caractère raciste »  n’ont augmenté que de 4 % entre 2022 et 2023, la progression des crimes et délits est, elle, « beaucoup plus forte (+ 32 %), avec une nette accélération en fin d’année ».

Les principales cibles de ces actes racistes recensés sont les hommes âgés de 25 à 54 ans et ressortissants d’un pays d’Afrique : « Les personnes étrangères ressortissantes d’un pays d’Afrique sont les plus concernées : elles représentent à elles seules 11 % des victimes de crimes ou délits à caractère raciste contre 4 % de l’ensemble de la population » . Il est également intéressant de noter que la majorité des mis en cause « pour crime ou délit commis en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion »  sont à 89 % de nationalité française. 

Cette progression des contraventions qui peut paraître faible s’explique notamment par le fait que seules 4 % des personnes victimes d’atteintes « à caractère raciste »  portent plainte. « D’après l’enquête de victimation Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), près de 800 000 personnes de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine déclarent avoir été victimes d’une atteinte « à caractère raciste »  en 2021, soit 1,6 % de l’ensemble de la population majeure » 

Les auteurs de l’étude ajoutent que l’évolution du nombre d’atteintes « à caractère raciste »  enregistrées par la police et la gendarmerie nationales « reflète à la fois l’évolution du phénomène en lui-même mais également celle de la propension de la population à déclarer ces actes et l’amélioration de leur prise en compte par les services de sécurité » .

« Des disparités territoriales modérées » 

Entre 2021 et 2023, les services de sécurité ont ainsi recensé en moyenne un crime ou délit à caractère raciste pour 10 000 habitants sur l’ensemble du territoire français. C’est donc sans grande surprise que Paris enregistre un taux de crimes ou délits à caractère raciste près de 3 fois supérieur à la moyenne nationale. Plus globalement, en région Île-de-France, le taux de crimes ou délits à caractère raciste enregistrées pour 10 000 habitants s’établit à 1,7.

Sans prendre en compte Paris, les « disparités territoriales sont relativement modérées avec un coefficient de variation des taux départementaux de 35 %. Deux départements se détachent avec des taux supérieurs à 1,6 fois le taux moyen sur l’ensemble de la France, soit le Bas-Rhin et les Alpes-Maritimes ».



Le département de la Lozère, le Morbihan et Mayotte (ce qui, pour ce dernier département, relève manifestement d'un biais statistique, eu égard aux tensions actuelles sur l'île à l'égard des réfugiés comoriens ou africains) ont les taux les plus faibles au regard des statistiques étudiés. Notons que « le nombre de crimes et délits à caractère raciste par habitant augmente en fonction de la taille des communes, variant ainsi de 0,4 victime pour 10 000 habitants dans les communes rurales à 1,6 pour les unités urbaines de plus de 200 000 habitants, hors Paris ».

Consulter l'étude dans son intégralité. 

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