Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 12 décembre 2019
Emploi

Les maisons de l'emploi « à l'os » 

Les sénateurs ont doublé la ligne de crédits allouée aux maisons de l’emploi déjà ajoutée par amendement à l'Assemblée nationale lors de l'examen du projet de loi de finances 2020. Cette ligne atteindrait donc 10 millions d'euros, soit l'équivalent du budget de 2019. 
Les maisons de l'emploi devront encore toutefois attendre la semaine prochaine le vote définitif du projet de loi pour souffler, puisque la commission mixte paritaire a échoué mercredi soir (lire article ci-dessus). Cependant, le gouvernement ne devrait pas revenir sur ce geste des parlementaires – il avait émis un avis favorable à l'amendement adopté à l'Assemblée nationale.
« Nous ne pourrons pas continuer longtemps ainsi », a averti François Bonhomme, sénateur du Tarn-et-Garonne, lors de l'examen des crédits de l'emploi dans le projet de loi de finances 2020, vendredi 6 décembre. « Je suis président d'une petite structure sur un territoire de 45 000 habitants. Elle est à l'os et elle ne peut répondre à des appels à projets. Nous attendons de l'État de la stabilité pour cet outil créé par la loi de cohésion sociale de 2005. Une enveloppe de 10 millions d'euros serait un minimum ». 
L'élu rappelait que l'enveloppe était de 57 millions d'euros en 2013. De fait, elle n'a cessé de diminuer depuis dix ans et l'arrêt de toute nouvelle labellisation de maison de l'emploi. En 2009, l'enveloppe nationale était de 90 millions. Elle n'est plus donc que de 10 millions pour l'heure, encore virtuels aujourd'hui.


Nouvelles cessations d'activité
L'association Alliance Ville Emploi, qui fédère les 84 maisons de l'emploi qui résistent, a fait le calcul : entre 2005, année de lancement de la labellisation, et 2019, les crédits d'État sont passés de 400 000 euros en moyenne par maison de l'emploi à 50 000, soit huit fois moins. Logiquement, leur nombre a également chuté. Alors qu’il en existait encore 106 début 2018, leur nombre diminuera encore au 1er janvier – il n’en restera que 83. Celle du pays d'Arles, par exemple, vient de prononcer la cessation d'activité. 
Pourtant, le gouvernement assure qu’il ne veut pas les faire disparaître. Au ministère, on explique que les maisons de l'emploi ont d'autres moyens sur lesquels s'appuyer pour débloquer des crédits. La ministre Muriel Pénicaud a ainsi cité la maison de l'emploi du Grand Périgueux, « vainqueur d'un appel à projets sur l'intégration professionnelle des réfugiés, qui va recevoir 450 000 euros à cet effet ». De fait, Alliance Ville Emploi souligne que les maisons de l'emploi et les PLIE (plans locaux pour l'insertion par l'emploi) qui les accompagnent très souvent représentent « un quart des lauréats des appels à projets sur le programme investissement compétence (PIC) ». « L'État reconnaît que les MDE et PLIE sont des outils territoriaux pertinents pour décliner localement des priorités nationales », assure Lucie Becdelièvre, déléguée générale d'Alliance Ville Emploi. Les maisons de l'emploi ont aussi fait leurs preuves avec la clause sociale.
Alliance Ville Emploi défend malgré tout le fait que les maisons de l'emploi ont besoin de s'appuyer sur une base de financement de l’État couvrant une partie des frais de fonctionnement. « C'est une reconnaissance qui légitime le portage des élus locaux », explique Lucie Becdelièvre. Pour certaines « petites »  maisons, les collectivités ne peuvent plus assumer seules un modèle économique « en bout de course ». C'est ce qui a forcé les élus de la maison de l'emploi du pays d'Arles à mettre la clé sous la porte et à licencier les 5 salariés au 31 décembre 2019. 
Selon le sénateur du Lot Jean-Claude Requier, qui remplaçait lors du débat au Sénat Nathalie Delattre, sénatrice de Gironde et présidente d'Alliance ville emploi, il reste 83 maisons de l'emploi « pour 3 811 communes et 6,3 millions d'habitants, auxquelles il faut ajouter 147 PLIE au service de 5 740 communes, qui ont accompagné l'an dernier 130 000 personnes très éloignées de l'emploi, dont 48 % ont trouvé un emploi durable ».

E.S.

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