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Édition du jeudi 5 décembre 2024
Emploi

Emploi : les plus de 50 ans sont fortement exposés aux discriminations, selon la Défenseure des droits

Près d'un quart des seniors déclarent avoir vécu des discriminations au travail et un tiers d'entre eux se disent inquiets quant à leur avenir professionnel. C'est ce que pointe la Défenseure des droits dans sa nouvelle enquête qui s'intéresse aux actifs de 50 ans et plus.

Par Lucile Bonnin

Chaque année, la Défenseure des droits, Claire Hédon, réalise avec l’Organisation internationale du travail (OIT) une enquête dressant « un panorama des discriminations dans l’emploi, privé et public, en interrogeant un échantillon représentatif de la population active ». Pour 2023, un focus avait été fait sur les maladies chroniques comme le diabète, les cancers, le VIH, la dépression chronique, l’endométriose ou encore les maladies cardio-vasculaires. Cette année l’enquête porte sur les discriminations des seniors dans l’emploi, soit des personnes de 50 ans et plus (lire Maire info du 19 décembre).

« Alors que le taux d’emploi des seniors progresse et que tous les acteurs appellent à renforcer leur maintien dans l’emploi dans le contexte de la réforme des retraites » , les discriminations envers les personnes de 50 ans et plus persistent.

Difficultés d’accès à l’emploi et manque de reconnaissance 

Près d’un quart des seniors déclarent avoir vécu des discriminations selon l’enquête et celles-ci sont exacerbées « au moment de l’embauche », et notamment « après une rupture professionnelle » . De plus, un quart des seniors au chômage déclarent qu’on leur a déjà fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors d’un entretien d’embauche.

« Un quart des seniors au chômage déclarent qu’on leur a déjà fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors d’un entretien d’embauche » , peut-on lire dans l’étude. Par ailleurs, les faits confirment cette difficulté d’accès à l’emploi : « La probabilité d’embauche des personnes de 50 ans ou plus est deux fois inférieure à celle des 30-49 ans et seul un tiers des demandeurs d’emploi de 50 ans et plus retrouvent un poste. »  À ce titre, la Défenseure des droits rappelle que depuis 2017, les entreprises de plus de 300 personnes sont dans l'obligation de former à la non-discrimination à l'embauche leurs salariés.

Aujourd’hui, 79 % des seniors au chômage déclarent être en recherche d’emploi depuis plus d’un an et 45 % depuis plus de 3 ans. « À titre de comparaison, la durée moyenne d’inscription à France Travail constatée fin 2023 était de 11 mois. » 

Lorsqu’ils travaillent, les 50 ans et plus sont aussi victimes de discriminations pendant l’occupation de leur poste. D’abord, la moitié des actifs âgés de 50 à 65 ans ont déjà ressenti un manque de reconnaissance (sentiment d’une dévalorisation injuste de leur travail, de sous-estimation de leurs compétences, réalisation de tâches perçues comme inutiles, ingrates ou dévalorisantes). Ensuite, certains témoignages décrivent un « environnement professionnel peu bienveillant »  qui « reflète l’ampleur et la banalisation des stéréotypes âgistes (1), qui véhiculent notamment une image négative de seniors manquant de dynamisme, dépassés par les nouvelles technologies et difficiles à intégrer au sein d’équipes plus jeunes. » 

Il faut souligner que « les préjugés sont souvent renforcés lorsque les motifs de discrimination se cumulent (état de santé, handicap, origine…) ». Ainsi, « les seniors perçus comme étant d’origine étrangère déclarent ainsi deux fois plus de discriminations dans l’emploi que les autres travailleurs âgés (43 % contre 22 %). De la même façon, l’expérience des discriminations est plus saillante chez les femmes seniors (26 %) que chez les hommes (20 %). » 

Prévenir et sanctionner les discriminations

Plus de 6 seniors sur 10 craignent des futures discriminations en lien avec leur âge. « Dans ce contexte, il y a donc un fort enjeu à créer les conditions d’un horizon d’emploi à la fois adapté et protecteur » , indique la Défenseure des droits. 

Par ailleurs, les résultats du baromètre mettent aussi en lumière un faible recours aux droits de la part des seniors discriminés. Près d’un tiers des victimes n’ont rien dit à la suite des faits, « ce non-recours s’explique notamment par le fait qu’elles pensaient que cela n’aurait rien changé (43 %), ne savaient pas quoi faire (36 %), craignaient des représailles (26 %), n’avaient pas conscience à l’époque qu’il s’agissait d’une discrimination (25 %) ou n’avaient pas de preuves (20 %). » 

Le Défenseur des droits invite par conséquent les employeurs « à prévenir et sanctionner les discriminations dans l’emploi en veillant particulièrement à centrer leurs pratiques d’embauche, de promotion et de formation professionnelle sur les aptitudes et les capacités des personnes. »  Cela peut passer notamment par « l’information de tous les personnels sur leurs droits, sur les dispositifs et plans d’action mis en place par l’organisation pour lutter contre les discriminations »  ou encore par « la mise en place de dispositifs qui garantissent la possibilité de signaler les discriminations et de les traiter de manière effective, y compris celles liées à l’âge ».

(1)   (La notion d’âgisme est définie comme « un processus de stéréotypage systématique et de discrimination contre les personnes, en raison de leur âge » , selon l’OMS).

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