Emmanuel Macron réélu, Marine Le Pen progresse fortement
Par Franck Lemarc
Tous les sondages annonçaient, depuis une semaine, la même tendance : la victoire d’Emmanuel Macron a été nette, hier, avec 58,54 % des suffrages exprimés contre 41,46 % à Marine Le Pen. Mais l’abstention en hausse, le niveau atteint par l’extrême droite et la situation outre-mer sont autant de faits marquants de ce second tour.
Emmanuel Macron double ses voix
Avec environ 18,8 millions de suffrages sur son nom, soit le double de ce qu’il a obtenu au premier tour, le président sortant a réussi à reformer une sorte de front contre Marine Le Pen. S’il faut attendre la publication des résultats par commune pour pouvoir analyser finement les résultats, les premières tendances sont assez claires : c’est dans l’ouest, le sud-ouest du pays et la région parisienne que le vote Macron a été le plus marqué. Dans les départements de l’Ille-et-Vilaine, le Finistère, la Loire-Atlantique, les Pyrénées-Atlantiques, l’Aveyron, presque aucune commune n’a donné la victoire à Marine Le Pen. Dans les trois départements de la petite couronne parisienne, le président sortant obtient entre 73,7 et 80,4 % des voix. En Ille-et-Vilaine et dans les Yvelines, il recueille quelque 71 % des suffrages, dans le Finistère 67,5 %, dans le Maine-et-Loire 66,5 %, en Haute-Garonne 64,4 %. Il obtient plus de 68 % dans le Rhône et son plus haut score à Paris, avec 85 % des suffrages.
Les scores sont beaucoup plus serrés dans plusieurs départements, avec une victoire du chef de l’État par moins de cinq points d’écart dans l’Indre, le Cher, le Nord, le Haut-Rhin, le Territoire de Belfort ou le Doubs, et même moins de deux points d’écart en Moselle ou dans les Alpes-Maritimes.
Marine Le Pen gagne 5 millions d’électeurs
Marine Le Pen a, quant à elle, obtenu presque 13.3 millions de voix, ce qui est, toutes élections confondues, le plus haut score en voix jamais obtenu par le courant Front national/Rassemblement national dans le pays. Pour rappel, son père Jean-Marie Le Pen avait obtenu 5,52 millions de voix au second tour de la présidentielle 2002 et elle-même, en 2017, 10,63 millions de voix. Le chiffre le plus représentatif de cette évolution politique est sans doute le gain de voix entre les deux tours pour l’extrême droite : entre le premier et le second tour de 2002, Jean-Marie Le Pen n’avait gagné que 720 000 électeurs. Marine Le Pen, en 2017, en avait gagné 2,95 millions. Hier, ce sont 5,1 millions d’électeurs qui n’avaient pas voté pour elle au premier tour et l’ont fait au second.
Marine Le Pen confirme son très fort ancrage, en métropole, dans les régions ouvrières du nord et de l’est du pays, ainsi qu’autour de la Méditerranée et en Corse. Elle est arrivée – parfois largement – en tête dans 23 départements (contre deux seulement en 2017) : avec plus de 55 % dans l’Aisne, le Pas-de-Calais, la Corse-du-Sud et la Haute-Corse, les Ardennes, le Var, la Haute-Saône, la Meuse ; et entre 50 et 55 % dans l’Oise, la Somme, le Vaucluse, l’Aude, le Gard, l’Aube, les Vosges, la Nièvre, l’Eure…
Les Outre-mer choisissent Marine Le Pen
Dans les départements et collectivités d’outre-mer, le report des voix s’est très fortement marqué de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen : là où le candidat Insoumis l’avait emporté au premier tour, c’est la candidate RN qui l’emporte au second.
En Guadeloupe, Marine Le Pen obtient ainsi presque 70 %. En Martinique, Guyane, à Mayotte et à La Réunion, autour de 60 % ; à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, 55 %. La candidate RN l’emporte également d’une très courte tête à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Seules la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et la Nouvelle-Calédonie ont donné la victoire au président sortant, mais dans un contexte d’abstention considérable (65,2 % en Nouvelle-Calédonie).
Pas d’explosion des votes blancs et nuls
Sur l’abstention, enfin : elle est certes importante, sans qu’il y ait, en métropole du moins, de raz-de-marée abstentionniste : le taux d’abstention s’établit à 28 %, soit environ 13,6 millions d’électeurs. C’est environ 3 points de plus qu’en 2017 et 13 de plus qu’en 2012.
Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, en revanche, dans un contexte où beaucoup d’électeurs n’étaient pas très satisfaits de l’affiche du second tour, les votes blancs et nuls n’ont pas explosé, et restent dans la moyenne des précédents scrutins : 4,96 % hier, ce qui est comparable aux chiffres relevés entre 1995 et 2012. C’est en 2017 que ces scrutins blancs et nuls avaient connu un pic, avec 8,6 % de l’électorat qui avaient choisi ce moyen de ne pas s’exprimer.
Comme lors du premier tour, Maire info reviendra dans les prochains jours sur ces résultats, après la publication par le ministère de l’Intérieur des résultats commune par commune.
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