Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 5 mars 2020
Elections municipales

Municipales 2020 : « Ne nous oubliez pas ! », l'appel des aveugles et malvoyants aux futurs maires

Cinq associations de personnes aveugles et malvoyantes ont interpellé les candidats aux élections municipales des 15 et 22 mars. « Futurs élus municipaux, ne nous oubliez pas, comptabilisez nos voix ! », scandent, à leur intention, les associations Valentin Haüy et Voir ensemble, la Fédération des aveugles de France, la Fédération française des associations de chiens guides d’aveugle et la Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes. « La déficience visuelle ne peut rester invisible pour encore six ans ».
Trois exemples concrets à l’appui - la mobilité des déficients visuels en ville, l’accessibilité à l’information municipale et les chiens guides - tous alertent les candidats sur « les préjudices »  que ces deux millions de Français subissent « trop souvent dans [leur] vie quotidienne et citoyenne »  et déclinent leurs propositions. 

« Les trottinettes représentent un véritable danger » 
Premier sujet d’alerte pour ces associations : la mobilité. Ou plutôt l’entrave à la circulation causée par les engins de déplacement personnels (EDP), tels que les vélos, skateboards, hoverboards sans oublier le premier d’entre eux, les trottinettes électriques, qui « occasionnent pagaille »  et « représentent un véritable danger pour les piétons déficients visuels ». 
L’usage des EDP motorisés est désormais encadré par le code de la route depuis la parution d’un décret le 23 octobre 2019 : leurs utilisateurs ont, par exemple, pour interdiction de circuler sur les trottoirs, sauf si le maire les autorise ; le stationnement d’EDP sur les trottoirs « n’est possible que si les EDP ne gênent pas la circulation des piétons »  bien que le maire puisse tout aussi bien décider de l’interdire ; croiser des trottinettes simples sur un trottoir est, enfin, encore possible tant que leur vitesse n’excède pas les 6 km/h. 
Le pouvoir « d’édicter des règles plus ou moins strictes selon la configuration de leur commune »  revenant principalement aux maires (lire Maire info du 25 octobre 2019), les cinq associations comptent sur eux « pour comprendre à quel point il faut penser à tous les citoyens déficients visuels qui se déplacent au milieu du chaos urbain et qui se trouvent en danger à chaque mètre du trottoir ».

Information municipale : « recourir à des versions numériques accessibles » 
L’accessibilité à l’information municipale est un autre dossier chaud pour les déficients visuels. « Les journaux ou bulletins municipaux sont principalement imprimés sur papier », ce qui les rend de fait « inaccessibles à une grande majorité de personnes déficientes visuelles ». Pour mettre un terme à cette inégalité d’accès à ces informations, les associations vantent évidemment les mérites de l’édition en braille et préconisent aussi le recours à « des versions numériques accessibles ». Pour rappel, l’accessibilité numérique des sites internet des communes et des EPCI (inscription en ligne des enfants à l’école ou à la crèche) est une obligation légale depuis 2005 (lire Maire info du 25 septembre 2019 et du 20 février 2020).

Des commerces et les établissements publics accessibles aux chiens guides
Les associations plaident, enfin, pour « un libre accès des personnes déficientes visuelles accompagnées d’un chien guide ». « L’accès aux chiens guides d’aveugles est pourtant autorisé « dans les transports, les lieux ouverts au public ainsi qu’à ceux permettant une activité professionnelle, formatrice ou éducative »  depuis l’entrée en vigueur de l’article 88 de la loi du 30 juillet 1987. Dans les faits, des maîtres de chiens guides subiraient pourtant « des refus d’accès », selon les associations. Qui demandent aux futurs maires de « veiller, [d'une part,] à ce que les commerces, restaurants, établissements de soins municipaux, plages, parcs, structures culturelles et sportives de votre commune respectent le droit de libre accès de ces personnes »  d’autoriser, d'autre part, encore davantage « l'accès aux chiens guides pour les moments de détente aux parcs et jardins publics moyennant le port du gilet ».
Tous ces sujets pourraient être discutés au sein de la commission d’accessibilité communale, obligatoire dans les communes de 5 000 habitants et plus. « Dans la réalité, elle ne fonctionne pas toujours ou sert d’organe d’information sans véritable force d’influence », regrettent les associations. « Nous demandons [aux futurs élus] de la faire fonctionner de manière efficiente. Cette commission sera un interlocuteur qui nous permettra d’avoir un dialogue constructif avec [les élus], tendant à effacer les symptômes d’une inégalité citoyenne ».

Ludovic Galtier

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